Dans un possible pas vers la justice, Eric Tataw, un ressortissant camerounais résidant dans l'État américain du Maryland, a été inculpé par un tribunal fédéral pour divers crimes, notamment des menaces de violence à l'encontre de civils.
Eric Tataw, âgé de 38 ans, est un activiste sur les réseaux sociaux.
L'acte d'accusation datant d’avril fait suite à une enquête menée par les services américains de l'immigration et des douanes (Immigration and Customs Enforcement, ICE), en collaboration avec le Bureau fédéral d’enquête (Federal Bureau of Investigation, FBI) et le Service de sécurité diplomatique (Diplomatic Security Service, DSS). Les enquêteurs affirment qu’Eric Tataw a appelé au « meurtre, à l'enlèvement et à la mutilation de civils » et qu’il a collecté des fonds pour des groupes armés au Cameroun. L'enquête indique que ce dernier, surnommé le « maître Garri », un terme qu'il a inventé pour désigner la mutilation des personnes refusant de se soumettre à l'autorité des groupes armés séparatistes, a également appelé à la « destruction de biens publics, éducatifs et culturels [au Cameroun] ».
Human Rights Watch a documenté la publication par Eric Tataw, le 9 octobre 2019, d’une vidéo sur son profil Facebook faisant l’éloge de l'enlèvement de deux filles et de leur père pour avoir enfreint une interdiction scolaire imposée par les séparatistes.
Eric Tataw n'est pas la première personne à faire l'objet d'une enquête en dehors du Cameroun pour des crimes présumés commis par des groupes armés séparatistes. En septembre 2024, la police norvégienne a arrêté Lucas Cho Ayaba, soupçonné d'incitation à commettre des crimes contre l'humanité au Cameroun.
Depuis 2016, la crise violente qui sévit dans les régions anglophones du Cameroun a fait au moins 6 000 morts et forcé plus de 334 000 personnes à quitter leur foyer. Les groupes armés séparatistes ont commis de graves violations des droits humains.
Les forces gouvernementales camerounaises ont également commis des crimes graves, notamment des massacres et des actes de torture à l'encontre de civils, ainsi que des incendies généralisés de maisons et d'autres biens civils. Les auteurs de ces crimes n'ont guère eu de comptes à rendre.
Si les arrestations telles que celles d’Eric Tataw et de Lucas Cho Ayaba sont potentiellement des pas dans la bonne direction, la justice reste douloureusement lente. D'autres auteurs présumés d'abus graves, y compris des membres des forces gouvernementales, devraient être tenus de rendre des comptes pour les crimes graves qu’ils ont commis à l'encontre de civils au Cameroun.