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Libye: Les attaques aveugles continuent de tuer des civils

Des roquettes « Grad » ont été tirées sur une zone résidentielle à Misrata

(Misrata, le 17 avril 2011) - Les forces du gouvernement libyen ont tiré sans discernement des roquettes et des obus de mortier sur des quartiers résidentiels de Misrata, une ville tenues par les forces rebelles, a indiqué Human Rights Watch aujourd'hui.  L'une des ces attaques, menée selon toute probabilité avec une roquette « Grad », a tué au moins huit civils qui faisaient la queue pour acheter du pain. Une autre attaque, menée avec des obus de mortier, a frappé une clinique médicale, blessant quatre personnes.

Au moins 16 civils ont été tués lors d'attaques aveugles depuis le 14 avril, selon des témoignages recueillis par Human Rights Watch. Aucun indice d'activité militaire n'a été décelé dans les zones touchées que Human Rights Watch a visitées, et des témoins ont confirmé qu'aucun combattant rebelle ne s'y trouvait lors des attaques.

« Les forces du gouvernement libyen ont tiré à plusieurs reprises des obus de mortiers et des roquettes de marque Grad sur des quartiers résidentiels de Misrata, causant des pertes civiles », a déclaré Peter Bouckaert, directeur de la division Urgences à Human Rights Watch. « La roquette Grad, de fabrication soviétique, est notoire pour son manque de précision et ne doit jamais être tirée sur des zones habitées par des civils. »

Ces attaques aveugles ont été menées parallèlement à l'utilisation par les forces du gouvernement libyen d'armes à sous-munitions à Misrata, ainsi que l'a indiqué un communiqué de Human Rights Watch le 15 avril.

Misrata est la seule ville tenue par les rebelles dans l'ouest de la Libye. Cela fait près de sept semaines que les forces gouvernementales tentent de reprendre le contrôle de cette ville pendant environ sept semaines. Selon des médecins de Misrata, au 15 avril, plus de 267 corps avaient été transportés dans les morgues des hôpitaux de ville ; la majorité des victimes étaient des civils. Toujours selon ces médecins, le nombre réel de victimes est présumé être plus élevé puisque certaines familles n'ont pas amené à la morgue les corps de leurs proches qui ont été tués.

La roquette soviétique « Grad », d'un diamètre de 122 millimètres et d'une longueur de presque trois mètres,  est habituellement tirée à partir d'une batterie de lance-roquettes installée sur un camion et capable de tirer 40 roquettes simultanément. Ces roquettes, qui sont imprécises en raison de l'absence d'un système de guidage, ont une portée comprise entre quatre et quarante kilomètres. Les tirs groupés de roquettes « Grad » ont donc un impact sur une large zone, et risquent de faire un grand nombre de victimes civiles dans les zones résidentielles touchées.

Les huit personnes tuées devant la boulangerie à Misrata étaient : Aiman ​​Muftah Killani, 17 ans ; Mustafa Muhammed el-Hamrouche, 75 ans ; Muhammad Ali Chayb, 37 ans ; Muhammad Bennor Arafa, 90 ans ; Muftah Ramadan Rashid, 20 ans ; Ali Abdulgadar Armeda, 35 ans ; Walid Muhammad Ehteba , 25 ans ; et Shalfouh Ahmed, 29 ans. Trois des victimes étaient des travailleurs migrants égyptiens qui s'apprêtaient à quitter Misrata par bateau, selon deux témoins.

L'attaque contre la clinique médicale de Zawiyat el-Mahjoub, qui a blessé quatre civils, a eu lieu à 17h30 le 16 avril dans le quartier résidentiel de Zawiya.

Le droit international humanitaire, qui s'applique en Libye comme dans d'autres pays, interdit aux diverses parties à un conflit de prendre pour cible des civils et des installations civiles, ou de mener des attaques qui ne distingent entre civils et combattants. Les forces doivent prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les dommages à la population civile, notamment en évitant le déploiement dans des zones fortement peuplées et en s'assurant que toutes les cibles sont militaires.

« Des tirs aveugles sur des zones civiles constituent une violation flagrante des lois de la guerre », a rappelé Peter Bouckaert. « Et la prise pour cible d'une clinique médicale, le cas échéant, constitue un crime de guerre. »

Pour lire l'intégralité de ce communiqué en anglais, avec davantage de détails sur les attaques par les forces loyales à Mouammar Kadhafi contre la population civile à Misrata, veuillez cliquer ici.

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