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L’ex-dictateur tchadien Hissène Habré est mort ; ses victimes attendent toujours des réparations

Habré avait été condamné à l’issue d’un procès historique au Sénégal

L'ancien dictateur tchadien Hissène Habré, quittant le Palais de justice à Dakar, au Sénégal, le 25 novembre 2005. © 2005 AP Photo/Schalk van Zuydam

Le 24 août, l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré est décédé du Covid-19 à Dakar, la capitale du Sénégal, où il purgeait une peine d’emprisonnement à perpétuité pour de graves crimes internationaux. Sa responsabilité avait été établie à la suite d’un effort historique visant à garantir que justice soit rendue pour son rôle dans de graves violations des droits humains.

Le gouvernement Habré a été responsable de nombreux assassinats politiques de tortures systématiques, de milliers d’arrestations arbitraires, et  de persécution de certains groupes ethniques. Habré lui-même a été impliqué dans des abus commis pendant son règne au Tchad de 1982 à 1990, principalement grâce à l’emprise qu’il exerçait sur sa redoutable police politique, la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), dont les membres ont torturé et tué ceux qui s’opposaient à lui ou étaient simplement issus d’une ethnie particulière.

Habré a été le premier ancien chef d’État à être jugé et reconnu coupable de crimes internationaux graves par le tribunal national d’un autre État, en vertu du principe de compétence universelle. Il a été condamné en 2016 pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture, y compris des formes d’esclavage sexuel, par les Chambres africaines extraordinaires, soutenues par l’Union africaine, au Sénégal, où il s’était enfui en 1990 après avoir été destitué par l’ancien président tchadien, Idriss Déby Itno.

Habré a été arrêté et inculpé pour la première fois au Sénégal en 2000, mais il a fallu une longue campagne à l’initiative de ses victimes avant que les Chambres africaines extraordinaires ne soient créées par le Sénégal et l’UA en février 2013 afin de poursuivre les crimes internationaux commis au Tchad sous le règne du dictateur. Quatre-vingt-treize témoins ont témoigné au procès de Habré et présenté des récits épouvantables de torture, de viol, d’esclavage sexuel, de massacres et de destruction de villages.

L’affaire Habré démontre que même lorsque la justice n’est pas possible à court terme, elle peut être finalement rendue.

Une cour d’appel a confirmé la condamnation de Habré en avril 2017 et accordé des réparations d’un montant de 82 milliards de francs CFA (environ 150 millions de dollars) à 7 396 victimes. Elle a à cette fin mandaté un fonds d’affectation spéciale de l’UA pour collecter des fonds à partir des actifs de Habré et en sollicitant des contributions. Mais alors que l’UA a adopté le statut du Fonds fiduciaire en 2017, auquel elle a contribué à hauteur de cinq millions de dollars, celui-ci n’est toujours pas devenu opérationnel et pas un centime n’a été versé aux victimes jusqu’à présent.

La mort de Habré souligne l’urgence pour les victimes, qui ont lutté sans relâche pendant 25 ans pour le faire traduire en justice, de recevoir des réparations pour les torts qu’elles ont subis. L’UA et le gouvernement tchadien devraient désormais veiller à ce que les victimes soient enfin indemnisées.

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