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Yémen : Les abus liés à la guerre sous le feu des projecteurs internationaux

Les civils en danger ne reçoivent toujours ni protection ni justice

Le 3 septembre 2019, jour de la rentrée scolaire, des enfants assistent à un cours dans leur école qui a été endommagée par une frappe aérienne lors des combats entre la coalition menée par l’Arabie saoudite et les forces houthies, à Taïz au Yémen. © 2019 Ahmad al-Basha/AFP/Getty Images


(Beyrouth) – Le conflit armé et la crise humanitaire au Yémen causent des souffrances extrêmes à des millions de civils, en dépit de l’attention mondiale grandissante portée aux abus commis dans le pays, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui, dans son Rapport mondial 2020. L’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi fin 2018 a encouragé la communauté internationale à se pencher sur les violations des droits humains de l’Arabie saoudite au Yémen et sur la possibilité qu’elle soit elle-même, à travers les ventes d’armes, complice de ces abus. 
 
Les belligérants des deux camps qui s’affrontent depuis mars 2015 – la coalition menée par l’Arabie saoudite, ainsi que et le groupe armé houthi – sont responsables de violations des lois de la guerre et d’atteintes aux droits humains. Le conflit a tué et blessé des milliers de civils. Un rapport des Nations Unies constatait en septembre 2019 : « Les belligérants au Yémen sont responsables de diverses violations des droits humains et du droit international humanitaireCertaines de ces violations constituent probablement des crimes de guerre » 
 
« Il est bien établi que la coalition menée par l’Arabie saoudite ainsi que les forces houthies, parmi les nombreux abus qu’elles commettent, lancent des attaques sans discernement, causent des disparitions forcées et bloquent l’arrivée de nourriture et de médicaments destinés aux civils yéménites », a déclaré Michael Page, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « La communauté internationale, et notamment les États alliés aux belligérants, devraient user de toute leur influence pour pousser les parties au conflit à cesser leurs violations et garantir que chacun ait à répondre de ses actes. » 
 
Dans l’édition 2020 de son Rapport mondialla 30ème, qui compte 652 pages (version abrégée en français 153 pages), Human Rights Watch examine les pratiques en matière de droits humains dans près de 100 pays. Dans son essai introductif, le Directeur exécutif Kenneth Roth affirme que le gouvernement chinois, qui s'appuie sur la répression pour se maintenir au pouvoir, se livre à l'offensive la plus intense depuis des décennies contre le système mondial de protection des droits humains.  Il explique que l’attitude de Pékin encourage les autocrates populistes à travers le monde et gagne leur soutien, et que les autorités chinoises utilisent leur puissance économique pour dissuader les autres gouvernements de les critiquer. Il est urgent de résister à cet assaut, qui menace plusieurs décennies de progrès en matière de droits humains, ainsi que notre avenir. 
 
Depuis mars 2015, la coalition a effectué des centaines de frappes aériennes sans discernement et disproportionnées, tuant des milliers de civils et touchant des cibles civiles en violation des lois de la guerre. Elle utilisait des munitions vendues entre autres par les États-Unis et le Royaume-Uni. La frappe aérienne contre un centre de détention qui a eu lieu en août 2019, tuant ou blessant au moins 200 personnes, était l’attaque la plus meurtrière depuis le début de la guerre. 
 
Les forces houthies ont utilisé des mines antipersonnel interdites, effectué des tirs d’artillerie sans distinction sur des villes comme Taïz et Hodeïda, qui ont tué et blessé des civils, ainsi que des tirs de missiles sans discernement vers l’Arabie saoudite. 
 
Le conflit a eu un impact dévastateur sur la vie des Yéménites ordinaires, mettant des millions de personnes en danger de famine. L’économie du Yémen, déjà fragile avant le conflit, a été gravement affectée. Des centaines de milliers de familles n’ont plus de source régulière de revenus et de nombreux fonctionnaires ne reçoivent plus de salaire régulier depuis plusieurs années.  
 
Les forces houthies, le gouvernement yéménite, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et divers groupes armés soutenus par les Émiratis et les Saoudiens ont arbitrairement détenu des personnes, y compris des enfants, et causé des disparitions forcées. Les forces houthies ont pris des personnes en otages. Des agents yéménites des forces d’Aden ont battu, violé et torturé des migrants et demandeurs d’asile détenus originaires de la Corne de l’Afrique, dont des femmes et des enfants. 
 
Les belligérants n’ont reconnu aucune responsabilité dans ces violations, instaurant une situation où personne ne rend de comptes et où aucune justice n’est administrée. 
 
La société civile du Yémen a subi des abus sur le plan de la sécurité et de la politique. Les parties au conflit ont agressé, harcelé, arrêté et causé la disparition d’activistes, de journalistes, d’avocats, d’universitaires et de défenseurs des droits humains yéménites, dont des membres de la religion bahaïe. Des militantes politiques qui avaient joué un rôle majeur dans les campagnes pour les droits humains et la consolidation de la paix ont subi des menaces et des campagnes de diffamation et ont été exclues des pourparlers de paix de Suède en décembre 2018. 
 
« Au lieu de rester les bras croisés face à la souffrance humaine au Yémen, les États proches de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et des houthis devraient faire pression sur leurs alliés pour qu’ils mettent fin à leurs graves atteintes aux droits humains et prennent des mesures pour traduire les responsables en justice », a conclu Michael Page 

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