(Beyrouth) – Le conflit de 14 mois entre Israël et le Hezbollah a eu des effets dévastateurs sur les civils au Liban et a entraîné un nombre important de crimes de guerre manifestes et de violations des lois de la guerre, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans son Rapport mondial 2025.
Entre octobre 2023 et décembre 2024, les frappes israéliennes ont tué plus de 4 000 personnes au Liban, dont plus de 240 enfants, 220 professionnels de santé et secouristes, et 700 femmes. Le gouvernement libanais n’a toujours pas pris de mesures pour garantir la mise en œuvre de l’obligation de rendre des comptes au niveau international, notamment auprès de la Cour pénale internationale (CPI).
Dans la 35e édition de son Rapport mondial, qui comprend 546 pages, Human Rights Watch analyse les pratiques relatives aux droits humains dans près de cent pays. Dans une grande partie du monde, écrit la directrice exécutive Tirana Hassan dans son essai introductif, les gouvernements ont réprimé, arrêté et emprisonné à tort des opposants politiques, des activistes et des journalistes. Des groupes armés et des forces étatiques ont illégalement tué des civils, forcé beaucoup d’entre eux à quitter leur foyer et les ont empêchés d’accéder à l’aide humanitaire. Dans de nombreux cas parmi plus de 70 élections nationales tenues en 2024, des dirigeants autoritaires ont gagné du terrain sur la base de rhétoriques et de programmes politiques discriminatoires.
« Plus de 4 000 personnes sont mortes au Liban, parmi lesquelles figurent des centaines d’enfants et de personnels soignants, et la communauté internationale n’a toujours pas mis fin une bonne fois pour toutes à l’impunité pour les violations des lois de la guerre», a déclaré Ramzi Kaiss, chercheur sur le Liban à Human Rights Watch. « Le Liban devrait jouer son rôle en conférant d’urgence à la CPI un mandat pour enquêter, afin que les responsables de crimes graves soient traduits en justice. »
- Human Rights Watch a documenté une série d’attaques illégales et de crimes de guerre manifestes de la part de l’armée israélienne, notamment des attaques apparemment délibérées contre des journalistes, des membres des Casques bleus, des professionnels de santé et des institutions civiles, ainsi que l’utilisation illégale d’engins piégés et l’utilisation généralisée de phosphore blanc, en particulier illégalement au-dessus de zones résidentielles peuplées.
- Le Hezbollah a tiré des milliers de munitions sur le nord d’Israël et le plateau du Golan syrien occupé, tuant au moins 30 civils. Le 27 juillet, une attaque contre la ville de Majdal Shams, sur le plateau du Golan occupé, a également tué 12 enfants. Israël a affirmé qu’il s’agissait d’une attaque de roquette du Hezbollah, lequel a nié toute responsabilité.
- Le 23 septembre, plus d’un millier de frappes israéliennes sur le Liban ont tué 558 personnes, selon le ministère libanais de la Santé publique. Au cours des semaines suivantes, plus d’un million de personnes ont été déplacées, des milliers de bâtiments et de maisons ont été détruits et des villages frontaliers entiers ont été réduits à l’état de ruines. Plus de 330 000 Syriens, dont beaucoup vivaient au Liban depuis plus de dix ans, ont fui vers la Syrie.
- Les autorités libanaises ont détenu arbitrairement, torturé et renvoyé de force des Syriens en Syrie en 2024, notamment des activistes de l’opposition et un déserteur de l’armée.
- L’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth en août 2020 est toujours en suspens et les autorités libanaises n’ont pris aucune mesure significative pour permettre à l’enquête de se dérouler sans entrave.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne devraient interrompre leurs transferts d’armes vers Israël en raison des attaques illégales et répétées de l’armée israélienne contre des civils. Le Liban devrait confier au procureur de la CPI le mandat d’enquêter sur les crimes graves commis sur son territoire. En outre, le Liban et d’autres pays devraient convoquer une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en vue d’ouvrir une enquête internationale sur les violations des droits humains commises par toutes les parties impliquées dans le conflit au Liban.