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Azerbaïdjan: Des prisonniers de guerre arméniens ont été sévèrement maltraités

Les autorités azerbaïdjanaises devraient enquêter, traduire les auteurs d’abus en justice, et garantir la protection des prisonniers de guerre

À Erevan, en Arménie, en novembre 2020, Liana Harutyunyan tenait un téléphone montrant une vidéo où l’on voit son neveu Eric Khachaturyan, un soldat arménien capturé par des soldats azerbaïdjanais lors du conflit au Haut-Karabagh. La video montre des mauvais traitements subis par les prisonniers arméniens. © 2020 Privé

(Berlin, le 2 décembre 2020) - Les forces azerbaïdjanaises ont sévèrement maltraité plusieurs soldats arméniens capturées lors du conflit au Haut-Karabakh, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les prisonniers de guerre ont été soumis à des sévices physiques et à des formes d’humiliation, lors d’incidents filmées dans des vidéos qui ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux depuis octobre.

Les vidéos montrent des soldats azerbaïdjanais giflant ou donnant des coups de pied aux prisonniers de guerre arméniens, et les contraignant, avec l'intention apparente de les humilier, d'embrasser le drapeau azerbaïdjanais, de louer le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, d’insulter le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan, et de déclarer que le Haut-Karabakh fait partie de l'Azerbaïdjan. Dans la plupart des vidéos, les visages des soldats azerbaïdjanais sont visibles, ce qui suggère qu’ils ne craignaient pas d’être tenus pour responsables de tels actes.

« Rien ne peut justifier le traitement violent et humiliant de prisonniers de guerre », a déclaré Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Le droit humanitaire est très clair quant à l'obligation de protéger les prisonniers de guerre. Les autorités azerbaïdjanaises devraient veiller à ce que ces mauvais traitements cessent immédiatement. »

Le droit international humanitaire, ou le droit des conflits armés, oblige les parties à un conflit armé international à traiter les prisonniers de guerre avec humanité en toutes circonstances. La troisième Convention de Genève (article 13) protège les prisonniers de guerre « contre tout acte de violence ou d'intimidation, contre les insultes et la curiosité publique. »

Le conflit armé entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabakh s'est intensifié le 27 septembre 2020, lors de l'offensive militaire menée par l'Azerbaïdjan. Les hostilités ont pris fin le 10 novembre par une trêve négociée par la Russie.

Human Rights Watch a examiné 14 vidéos diffusées sur les chaînes Telegram, dont Kolorit 18+ et Karabah_News, ainsi que sur Instagram, et a mené des entretiens avec les familles de cinq prisonniers arméniens.

Human Rights Watch s'est également entretenu avec deux avocats arméniens, Artak Zeinalyan et Siranush Sahakyan, qui représentent les familles de près de 40 prisonniers de guerre. Les avocats ont déposé auprès de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) des demandes de « mesures provisoires », applicables en cas de « risque imminent de dommage irréparable » pour les personnes concernées.

Le 25 octobre, Sergey Martirosyan a reconnu son fils, Michael, 21 ans, dans une vidéo sur Telegram, parmi huit soldats arméniens maltraités par des soldats azerbaïdjanais. Les soldats arméniens gisaient par terre, ligotés et les yeux bandés et subissant des coups de pied parmi d’autres sévices. Hranush Shahbazyan a reconnu son mari, Ludvig Mkrtchyan, 51 ans, comme l'un des autres prisonniers dans cette vidéo.

Le 8 octobre, Shirak Sargsyan a reconnu son fils, Areg, 19 ans, dans deux vidéos le montrant Areg allongé sur un char azerbaïdjanais, puis assis sur ce char. Visiblement sous la contrainte, il criait « Azerbaïdjan ! » et insultait le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan. Une autre vidéo montre Areg Sargsyan, les yeux bandés, devant repeter « Vive le président [azerbaïdjanais] Aliyev ! » et « Le Karabakh [fait partie de l’Azerbaïdjan ! ». Dans un reportage diffuse par la chaîne de télévision azerbaïdjanais Kanal 1, Sargsyan semble désorienté et en détresse, alors qu’il condamne Pashinyan.

Le 18 octobre, les médias azerbaïdjanais ont rapporté que des fonctionnaires du gouvernement ont rendu visite à trois soldats arméniens capturés, dont Sargsyan, dans un hôpital. Les trois soldats, qui ont été filmés à cette occasion, ont exprimé leur « gratitude » pour leur traitement.

Les 22 et 23 octobre, au moins six vidéos ont été diffusées sur les réseaux sociaux montrant cinq autres soldats arméniens capturés, dont deux identifiés plus tard comme Eric Khachaturyan et Robert Vardanyan. Des vidéos montraient des soldats azerbaidjanais qui giflaient Khachaturyan et tentaient de le forcer à embrasser le drapeau azerbaïdjanais, et à s'agenouiller et à applaudir pendant qu'ils dansaient. D'autres vidéos montrent Vardanyan, forcé aussi d'embrasser le drapeau azerbaïdjanais, de s'agenouiller par terre et d'applaudir, et de répéter à plusieurs reprises « Le Karabakh [fait partie de l’Azerbaïdjan ! ».

Human Rights Watch enquête également sur d’autres vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et montrant des abus qu’auraient commis des soldats arméniens à l’encontre de prisonniers azerbaïdjanais, et rendra compte de ses conclusions a cet égard, le cas échéant.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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