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Azerbaïdjan : Recours à des armes à sous-munitions au Haut-Karabakh

Il faut mettre fin à l'utilisation de ces armes interdites, dont les stocks devraient être sécurisés et détruits

Un magasin brûle à Stepanakert (Haut-Karabakh) dans la nuit du 3 octobre 2020, peu après un bombardement mené contre un quartier résidentiel de cette ville.  © 2020 Union of Informed Citizens

(Berlin, le 23 octobre 2020) - L'Azerbaïdjan a utilisé à plusieurs reprises des armes à sous-munitions contre des zones résidentielles du Haut-Karabakh, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Lors d'une enquête menée sur ce territoire en octobre 2020, Human Rights Watch a documenté quatre incidents dans lesquels l'Azerbaïdjan a utilisé ce type d’armes, qui sont interdites par un traité international.

Les combats entre d’une part l'Azerbaïdjan, et d’autre part l'Arménie et les autorités de facto du Haut-Karabakh, se sont fortement intensifiés le 27 septembre 2020. Deux cessez-le-feu humanitaires négociés par le Groupe de Minsk de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) n'ont pas permis de mettre un terme aux combats. Selon diverses sources, des dizaines de civils ont été tués ou blessés lors d'attaques en Arménie, au Haut-Karabakh et en Azerbaïdjan.

« L'utilisation répétée d'armes à sous-munitions, en particulier contre des zones peuplées, démontre un mépris flagrant pour la sécurité des civils », a déclaré Stephen Goose, directeur de la division des armes à Human Rights Watch et président de la Coalition contre les armes à sous-munitions.

Image satellite de la ville de Stepanakert, principale ville du Haut-Karabakh, montrant trois sites ou Human Rights Watch a trouvé des fragments de roquettes et de sous-munitions. © 2020 Planet Labs

Human Rights Watch a examiné des débris de roquettes, des zones d’impact et des fragments de sous-munitions retrouvés à plusieurs endroits à Stepanakert (dont le nom est Khankendi en Azerbaïdjan), le centre administratif du Haut-Karabakh,. Human Rights Watch a également examiné des photographies d’une roquette et de sous-munitions prises dans la ville de Hadrut, et a mené des entretiens avec six personnes qui ont été témoins des attaques.

Des responsables azerbaïdjanais ont accusé l’Arménie d'utiliser des armes à sous-munitions dans ce conflit, mais Human Rights Watch n'a pas été en mesure de confirmer ces allégations de manière indépendante.

Tube d’une roquette LAR-160 de fabrication israélienne, retrouvée dans une rue d’un quartier résidentiel de Stepanakert (Haut-Karabakh) en octobre 2020. © 2020 Human Rights Watch

Des habitants de Stepanakert ont déclaré à Human Rights Watch que les attaques utilisant des armes à sous-munitions ont commencé le matin du 27 septembre, dans une zone résidentielle située à moins de 200 mètres du bureau du Comité international de la Croix-Rouge. Le 12 octobre, Human Rights Watch a visité ce site, et y a observé des impacts qui semblent correspondre à des sous-munitions M095, ainsi que des véhicules endommagés ou incendiés. Les fenêtres de plusieurs maisons et d’un magasin étaient brisées.

Deux sous-munitions M095 de fabrication israélienne, retrouvées dans un quartier résidentiel de la ville de Hadrout, au Haut-Karabagh, en octobre 2020. © 2020 Union of Informed Citizens

Au moins une autre roquette à sous-munitions LAR-160 a été tirée un peu plus loin dans cette zone, à une distance de plusieurs centaines de mètres. Human Rights Watch a observé les restes d'une roquette LAR-160, des dizaines d'impacts distinctifs des sous-munitions M095, ainsi que des fragments de sous-munitions avec leurs rubans de stabilisation de couleur rose. Plusieurs bâtiments et des marchés ont été endommagés lors des attaques.

Les armes à sous-munitions ont été interdites en raison de leur effet indiscriminé et de leur danger durable pour les civils. Les bombes à sous-munitions (BASM) sont conçues pour exploser dans le ciel et disperser des dizaines, voire des centaines, de petites bombes (les « sous-munitions ») sur une zone dont la superficie avoisine celle d'un terrain de football. De nombreuses sous-munitions n'explosent toutefois pas lors de l'impact initial, ce qui laisse sur le sol de dangereux fragments explosifs comparables à des mines terrestres.

La Convention sur les armes à sous-munitions, adoptée en 2008, interdit ces armes et exige leur élimination, ainsi que l'assistance aux victimes. L’Arménie et l’Azerbaïdjan ne figurent pas sur la liste des 110 États parties au traité, et devraient prendre des mesures y adhérer, selon Human Rights Watch.

Toutes les parties au conflit sont tenues de respecter les Conventions de Genève, et les principes fondamentaux du droit international humanitaire, qui oblige les forces armées à faire la distinction à tout moment entre les combattants et les civils, et entre les biens militaires et civils. Il est également interdit de mener des attaques indiscriminées, ou des attaques qui causent des dommages civils excessifs à l'avantage militaire concret attendu.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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