Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, devrait se servir de sa nouvelle position à la tête de l’Union africaine pour promouvoir les droits humains et faire en sorte que justice soit faite pour les violations commises à travers le continent, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ramaphosa a été élu à la présidence de l’Union africaine pour 2020, le 9 février à l’ouverture de la 33ème session ordinaire de l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA). Il succède au président égyptien, Abdel Fattah el-Sissi, qui assumait cette présidence en 2019.
En tant que président de l’Assemblée de l’UA, le principal organe politique et exécutif de l’Union, Ramaphosa dispose de l’autorité nécessaire pour influencer ses décisions, en conformité avec la Charte africaine, afin d’améliorer le respect et la protection des droits humains dans la région. Ramaphosa a indiqué que son équipe travaillerait avec certains partis politiques sur le terrain afin d’atteindre l’objectif que s’est fixé l’Union africaine pour cette année: « Faire taire les armes à feu ». Ce thème a été décrit comme une initiative visant à empêcher les conflits violents et promouvoir les droits humains en Afrique.
« La présidence de l’UA par Ramaphosa ne prendra tout son sens que s’il saisit l’occasion d’axer le programme de politique étrangère de l’Union africaine sur la promotion des droits humains », a déclaré Carine Kaneza Nantulya, directrice du plaidoyer auprès de la division Afrique de Human Rights Watch. « De nombreux conflits ayant éclaté sur le continent ont été déclenchés par des atrocités généralisées, auxquelles s’ajoutait l’impunité pour leurs auteurs. »
Ramaphosa accède à ce poste à un moment critique pour les droits humains et pour la sécurité en Afrique. Des groupes extrémistes armés ont étendu leurs zones de contrôle dans le Sahel et dans le bassin du lac Tchad, et menacent de s’infiltrer dans des pays voisins qui n’étaient pas précédemment touchés par l’extrémisme violent. L’UA va devoir redoubler d’efforts pour protéger les populations civiles contre les abus commis par toutes les parties à ces violences.
Au Burundi, en Guinée, au Nigeria, en Tanzanie, en Ouganda et ailleurs, des agents du gouvernement répriment violemment les manifestations de protestation civiques et se livrent à des représailles contre les membres de la société civile qui critiquent le pouvoir et contre les défenseurs des droits humains. Ces méthodes ont eu des effets néfastes sur les libertés d’expression et de réunion.
C’est la seconde fois que l’Afrique du Sud assure la présidence de l’Assemblée de l’UA. En 2002, après le démantèlement de l’Organisation des États africains, Thabo Mbeki, alors président de l’Afrique du Sud, avait été le premier président élu de la toute nouvelle Union africaine, lors de la première session de son Assemblée.
Lors du mandat de Mbeki, l’UA s’était dotée d’un Conseil de paix et de sécurité afin de prévenir, gérer et résoudre les conflits et de promouvoir la paix et la stabilité en Afrique. Dix-huit ans plus tard, Ramaphosa a l’occasion de s’appuyer sur cet héritage pour promouvoir une approche centrée sur les droits humains et la justice afin d’empêcher les conflits et de consolider la paix.
Lors d’une visite effectuée en novembre 2019 en Afrique du Sud, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a exprimé l’espoir que la présidence de Ramaphosa « nous emmène une étape plus loin vers la mise en œuvre de nos programmes. » Mais il a ajouté: « Il est également vrai que nous ne parviendrons pas à faire taire les fusils sans une bonne gouvernance, sans justice et sans égalité. »
« Le mot d’ordre ‘Faire taire les armes à feu’, parfois résumé en Vision 2020, est une importante réitération de la détermination de l’UA à mettre fin aux conflits sur le continent africain », a affirmé Carine Kaneza Nantulya. « Cependant, si l’on ne prête pas l’attention qu’il convient aux abus et aux injustices qui alimentent les conflits et les violences, la vision de l’UA peut rester un rêve non exaucé pendant encore des années. »
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— HRW en français (@hrw_fr) February 10, 2020
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— HRW en français (@hrw_fr) February 11, 2020