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Les évacuations forcées de Roms en France, une impression de déjà-vu

Le gouvernement français avait promis d’adopter une approche plus juste que le précédent en ce qui concerne les Roms. Mais une note interne ayant fait l’objet d’une fuite et donnant pour consigne aux policiers du 6e arrondissement de Paris de « localiser » et d’ « évincer systématiquement » de ce quartier cossu les Roms vivant dans la rue semble indiquer que, dans la pratique, rien n’a vraiment changé.

Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a réagi rapidement, annonçant quelques heures après la divulgation de la note hier qu’elle avait été rectifiée. Il a insisté sur le fait qu’aucun contrôle de police ne pouvait être effectué sur une personne en fonction de sa nationalité réelle ou supposée et il a souligné que l’approche du gouvernement par rapport aux campements illicites se fondait sur une circulaire plus humaniste datant du mois d’août 2012 qui charge les préfets d’évaluer la situation des personnes vivant dans des campements illicites et de s’efforcer de trouver des solutions alternatives d'hébergement pour elles.

Le problème est que la note qui a été divulguée hier ressemble à s’y méprendre à une circulaire tristement célèbre émise par le ministère de l’Intérieur en 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, ordonnant aux préfets de démanteler systématiquement les campements illicites – en ciblant en priorité ceux habités par des Roms. Cette directive  était liée à des expulsions massives de ressortissants européens d’origine rom de la France vers la Roumanie et la Bulgarie.

Confronté à de vives critiques en France et à l’étranger, le gouvernement français de l’époque avait remplacé cette circulaire par une autre qui ne mentionnait pas les Roms et introduisait de prétendues mesures de protection face à ces procédures d’expulsion. Mais les évacuations forcées et les expulsions s’étaient poursuivies. Près de quatre ans plus tard, bien qu’un nouveau président et un autre parti soient arrivés au pouvoir, rien n’a vraiment changé. En fait, des associations de défense des droits humains ont signalé que le nombre d’évacuations forcées de Roms avait doublé en 2013 par rapport à 2012, dans la plupart des cas sans qu’aucune solution de relogement adaptée n’ait été proposée, et elles ont relevé que la circulaire non contraignante d’août 2012 était rarement appliquée. Lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, aujourd’hui Premier ministre, avait clairement fait comprendre que selon lui, les Roms devraient être évacués et progressivement expulsés de France. Les déclarations faites hier par Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement Valls, suggéraient la même approche : les Roms devraient être renvoyés en Roumanie et en Bulgarie.

Renvoyer des familles d’un trottoir ou d’un campement à un autre a pour seul résultat de les forcer à vivre dans des conditions encore plus précaires, perturbant leur accès aux soins de santé et interrompant la scolarité des enfants. M. Cazeneuve devrait réellement rompre avec les pratiques de ses prédécesseurs, et veiller à ce que les personnes concernées soient consultées et se voient proposer des solutions de relogement adaptées. Pour cela, il faudra bien plus que changer quelques mots sur un bout de papier.

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