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Irak : Des détenus ont témoigné de tortures subies dans une prison secrète

Le gouvernement devrait engager des poursuites contre les responsables à tous les niveaux de la hiérarchie

(Bagdad, le 27 avril 2010) - Des Irakiens détenus dans un centre de détention secret à Bagdad ont été pendus par les pieds, empêchés de respirer, frappés à coup de poing et de pied, fouettés, soumis à des chocs électriques et sodomisés, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Le gouvernement irakien devrait mener une enquête approfondie et engager des poursuites contre tous les représentants du gouvernement et de l'appareil sécuritaire portant une responsabilité dans ces actes, a ajouté Human Rights Watch.

Human Rights Watch a interviewé 42 de ces hommes dans le  centre de détention d'Al Rusafa le 26 avril 2010. Ces hommes faisaient partie d'un contingent d'environ 300 hommes precedemment détenus dans un centre secret situé dans l'ancien aéroport de Mouthana, dans l'ouest de Bagdad et qui ont ete transférés à Al Rusafa après la révélation d'informations faisant état de mauvais traitements dans cette prison.

Les témoignages recueillis étaient crédibles et cohérents. La plupart des 300 détenus étaient marqués de cicatrices récentes et de blessures provenant, selon leurs explications, de la torture que leur ont fait subir de manière routinière et systématique les interrogateurs de Mouthana. Tous ont été accusés de complicité de terrorisme, et plusieurs d'entre eux ont dit avoir été forcés à signer de faux aveux.

« L'horreur que nous avons découverte laisse à penser que la torture était la norme à Mouthana », a observé Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Le gouvernement doit poursuivre en justice tous les responsables de ces brutalités systématiques. »

Les détenus ont été arrêtés par l'armée irakienne entre septembre et et décembre 2009 dans la région de Mossoul - fief de nombreux insurgés sunnites dont des membres de l'organisation « Al Qaida en Mésopotamie » - et accusés de participer à des activités terroristes.

Durant certains interrogatoires, les enquêteurs enserraient les têtes des prisonniers dans des sacs en plastique pour les empêcher de respirer. Quand un détenu s'évanouissait, il était ranimé par des chocs électriques sur ses parties génitales ou d'autres parties de son corps.

Les détenus ont décrit d'autres méthodes de torture à Human Rights Watch. Ils ont expliqué que certains  interrogateurs  et membres des services de sécurité les sodomisaient avec des manches à balai ou avec leur pistolet. Plusieurs prisonniers ont dû faire des fellations aux interrogateurs et aux gardes. Les détenus étaient fouettés avec des câbles, brûlés à l'acide ou avec des cigarettes et ont eu les dents cassées.

Selon l'un des témoignages, un détenu médecin avait réclamé des soins d'urgence pour un codétenu victime de tortures. Les gardiens ont sorti l'homme torturé de la cellule, et l'y ont ramené peu après en affirmant disant qu'il allait bien. L'homme est décédé une heure plus tard.

Après la révélation par le Los Angeles Times le 19 avril de mauvais traitements dans le centre de détention de Mouthana, le gouvernement irakien s'est engagé a mener une enquête et a arrêté trois officiers de l'armée soupçonnés d'avoir joue un rôle dans les mauvais traitements. 

« Ce qui s'est passé à Mouthana est un exemple des terribles abus auxquels les dirigeants irakiens souhaitent mettre fin, selon leurs propres dires », a conclu Joe Stork. « Tous les responsables, du sommet jusqu'au bas de l'échelle, doivent rendre des comptes. »

Pour lire l'intégralité de ce communiqué en anglais, incluant des témoignages de détenus, veuillez cliquer ici.

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