Chaque fois qu'un mouvement pour l'égalité des droits connait une victoire, c'est une raison de se réjouir pour tout le monde.
Certaines personnes, cependant, considèrent à tort les droits comme un jeu à somme nulle à l’échelle de la société. Si des progrès sont réalisés en matière d'égalité des droits, ces personnes ont l’impression de perdre d'une manière ou d'une autre leurs propres droits. De leur point de vue, soutenir l'égalité des droits ne permet pas d’aider les autres à s'élever mais a pour conséquence de se rabaisser soi-même.
Cette impression est clairement déplacée. L'égalité de traitement devant la loi est positive pour tout le monde.
Mais ce ressentiment peut néanmoins constituer une force politique puissante, surtout lorsqu'il est attisé depuis des années par des voix provocatrices sur petits et grands écrans. Ce retour de bâton peut avoir des conséquences néfastes et menacer de réduire à néant les progrès durement acquis.
Ce qui se passe aujourd'hui au sein de la Division des droits civils du ministère américain de la Justice en est un exemple.
Il s'agit de l'une des institutions les plus efficaces et les plus durables issues du mouvement des droits civils aux États-Unis. Elle est née de la lutte des Afro-Américains pour mettre fin aux lois Jim Crow, qui ont imposé la ségrégation raciale pendant des décennies après l'esclavage.
La Division des droits civils a longtemps servi de contrepoids à la discrimination systémique au niveau des États et au niveau local. Elle veille au respect des lois fédérales sur les droits civils dans des domaines tels que le logement, l'éducation, la police, l'emploi et le vote. Son objectif est de protéger les personnes contre la discrimination fondée sur la race, l'origine ethnique, le sexe, le handicap, la nationalité, etc.
L'administration Trump a lancé une attaque dangereuse contre la Division des droits civils. Au cours des derniers mois, elle a tenté de remodeler le département afin qu'il serve son programme idéologique.
Ce programme est essentiellement un retour en arrière en matière d'égalité. Il est imprégné de racisme et encouragé par des têtes pensantes dans les médias.
Sous la gestion de son nouveau directeur, Harmeet Dhillon, la Division des droits civils change d'orientation, abandonnant la défense des droits des groupes marginalisés pour s'attaquer à ce que l'administration qualifie d'« idéologie woke ».
Bien sûr, le terme « idéologie woke » n'est jamais défini, mais il s'agit d'une expression codée que les Américains comprennent bien, en particulier en termes raciaux. Quiconque soutient l'égalité des droits est « woke ». Démanteler cette « idéologie woke » revient à faire reculer les États-Unis, peut-être à une époque où la discrimination raciale était légale.
Les premières mesures prises cette année par la Division des droits civils font avancer le pays dans cette direction déplorable.
Dans un nouveau communiqué, Trey Walk, expert de Human Rights Watch, décrit comment l'administration a écarté des hauts fonctionnaires travaillant dans le domaine des droits de vote. Elle a également ordonné aux avocats d'abandonner les affaires relatives aux droits de vote.
Il s'agit d'un organisme gouvernemental qui devrait faire respecter les lois fédérales. Il devrait protéger les citoyens contre la privation du droit de vote, la discrimination raciale et les violences policières.
Au lieu de cela, il cherche à démanteler les protections des droits civils et humains.
Et cela se produit en grande partie parce que certaines personnes craignent malheureusement l'égalité.