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Des personnes faisaient la queue pour acheter du pain devant une boulangerie partiellement détruite, mais toujours opérationnelle, dans le camp de réfugiés de Nuseirat à Deir al Balah, dans la bande de Gaza, le 4 novembre 2023. © 2023 Ashraf Amra/Anadolu via Getty Images

Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, a déclaré qu'il pourrait être "justifié et moral" d'affamer la population de Gaza.

Non, et non.

Les lois de la guerre sont claires. Le statut de Rome de la Cour pénale internationale stipule que le fait d'affamer délibérément des civils en les « privant de biens indispensables à leur survie, y compris en empêchant intentionnellement l'envoi des secours » constitue un crime de guerre.

Les commentaires de Bezalel Smotrich cette semaine ont suscité une condamnation internationale - à juste titre - mais ce n'est pas la première fois qu'un représentant du gouvernement israélien tient de tels propos. Des déclarations similaires ont été faites par d'autres hauts responsables depuis le début de l'assaut israélien contre Gaza après les attaques du 7 octobre.

Très vite, le ministre de la défense Yoav Gallant, le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et le ministre de l'énergie Israël Katz ont tous fait des déclarations publiques exprimant leur volonté de priver les civils de Gaza de nourriture, d'eau, de carburant et d'électricité.

Dès le 19 octobre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré qu'Israël ne permettrait pas à l'aide humanitaire « sous forme de nourriture et de médicaments » d'entrer à Gaza par ses points de passage « tant que nos otages ne seront pas restitués. »

Ainsi, lorsque le ministre des finances, Bezalel Smotrich, a déclaré cette semaine que « personne au monde ne nous permettra d'affamer deux millions de personnes, même si cela peut être justifié et moral pour libérer les otages », ce n'était guère une surprise. En fait, il s'agissait plutôt d'un rappel de la politique actuelle du gouvernement.

Nous avons déjà évoqué ici l'utilisation par le gouvernement israélien de la famine comme arme de guerre et de punition collective à Gaza depuis le mois d'octobre. Nous avons souligné les décisions juridiquement contraignantes de la Cour internationale de justice, qui exigent d'Israël qu'il permette la fourniture de services de base et d'aide humanitaire. Nous avons également enquêté sur les frappes militaires israéliennes contre les travailleurs humanitaires.

Tout au long de nos publications, nous avons souligné, encore et encore, les arguments fallacieux d'Israël pour justifier la famine de masse comme une réponse légitime aux attaques menées par le Hamas le 7 octobre dernier. Certes, prendre des civils en otage est un crime de guerre (tout comme les autres atrocités commises lors de ces attaques), mais affamer délibérément des civils l'est tout autant. Deux maux ne font pas un bien.

L'impact dévastateur des restrictions imposées par Israël sur l'aide humanitaire à Gaza se poursuit. Dans son dernier rapport publié lundi, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) signale que les cas de malnutrition aiguë chez les enfants du nord de Gaza ont augmenté de plus de 300 % entre mai et juillet.

Personne n'avait besoin du rappel de Bezalel Smotrich. Tout le monde connaît la politique d'Israël. Et la catastrophe humanitaire qu'elle provoque est évidente.

La seule question qui vaille est la suivante : quand les alliés d'Israël exerceront-ils une pression sérieuse sur le gouvernement israélien pour qu'il mette fin à cette politique ?

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