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Des roquettes sont tirées de la bande de Gaza vers Israël, dans la soirée du 11 mai 2021. © 2021 Majdi Fathi/NurPhoto via AP

Leurs atrocités ne justifient pas vos atrocités. La brutalité de leurs crimes de guerre ne diminue pas la brutalité de vos crimes de guerre. Leur inhumanité vous pousse à l'inhumanité, qui pousse la leur encore plus loin, encore et encore, jusqu'à ce que le monde autour de vous soit réduit en cendres.

Le bilan civil des combats qui se sont déroulés en Israël/Palestine au cours du week-end a été dévastateur, même au regard des bilans effroyables de ce conflit qui dure depuis des décennies.

Cette dernière vague de violence extrême a débuté samedi, lorsque le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens ont franchi les clôtures séparant Gaza d'Israël. Ils ont attaqué les communautés israéliennes voisines, se sont infiltrés dans les maisons, ont apparemment abattu des civils en masse et ont pris en otage des dizaines de civils israéliens à l’intérieur de la bande de Gaza.

Ils auraient également lancé de manière indiscriminée plus de 3 000 roquettes en direction des centres de population israéliens.

Dimanche, les attaques des groupes armés palestiniens avaient tué plus de 677 Israéliens et ressortissants étrangers, y compris des civils, selon des sources israéliennes citées par les Nations Unies. Les frappes aériennes israéliennes qui ont suivi à Gaza ont fait au moins 413 morts palestiniens, selon le ministère palestinien de la santé à Gaza.

Les violences de masse se poursuivent à l'heure où j'écris ces lignes, et le nombre de civils tués ne cesse d'augmenter.

Bien entendu, tout le monde réalise que ce conflit n'a pas commencé ce week-end, même si les niveaux de violence actuels sont sans précédent.

Les autorités israéliennes répriment systématiquement les Palestiniens depuis des décennies et imposent depuis 2007 un bouclage écrasant à la population de Gaza. La bande de Gaza - une bande de terre de 40 kilomètres sur 11 - est essentiellement une prison à ciel ouvert depuis plus de 16 ans.

En outre, les Palestiniens du territoire palestinien occupé ont récemment fait l'objet de ce qui est peut-être une répression sans précédent. Durant les neuf premiers mois de l'année 2023, les autorités israéliennes ont tué plus de Palestiniens en Cisjordanie qu'au cours de n'importe quelle année depuis que les Nations Unies ont commencé à tenir des registres à ce sujet en 2005.

En octobre, le nombre de Palestiniens placés en détention administrative par Israël sans inculpation ni jugement, sur la base d'informations secrètes, a atteint son plus haut niveau depuis 30 ans.

L'oppression systématique du gouvernement israélien dans le territoire palestinien occupé, associée aux actes inhumains commis contre les Palestiniens dans le cadre d'une politique visant à maintenir la domination des Israéliens juifs sur les Palestiniens constitue des crimes d’apartheid et de persécution – c’est-à-dire des crimes contre l'humanité.

Cependant, est-ce que cette répression inhumaine qui dure depuis des années justifie les attaques brutales des groupes armés palestiniens ? Non. Jamais. Elle peut faire partie du contexte, mais elle n'est pas une excuse.

Le ciblage délibéré de civils par les groupes armés palestiniens, leurs attaques indiscriminées et leurs prises d'otages de civils constituent des crimes de guerre au regard du droit humanitaire international.

Samedi, le ministre israélien de l'énergie a annoncé que les autorités israéliennes ne fourniraient plus d'électricité aux 2,2 millions d'habitants de Gaza. Cette mesure, ainsi que d'autres mesures punitives à l'encontre de la population civile de Gaza, équivaudraient à une punition collective illégale, ce qui constitue aussi un crime de guerre.

Je sais que les partisans de ce conflit m'accuseront de faire du « faux équilibre », mais c'est ainsi que le droit international est censé fonctionner. Les lois de la guerre s'appliquent à toutes les parties d'un conflit.

Le vrai problème – la raison pour laquelle ce conflit perdure – est que ces lois ne sont pas appliquées dans les faits. Il en va de même pour les normes du droit international en général, y compris le respect des droits humains fondamentaux. Des personnes continuent de commettre des crimes graves de part et d'autre, et les auteurs de ces crimes s'en sortent en toute impunité.

Au cours des précédentes séries d'hostilités, Human Rights Watch a documenté de graves violations des lois de la guerre par les forces israéliennes et par les groupes armés palestiniens.

Lors de précédents conflits à Gaza, Israël a mené à plusieurs reprises des frappes aériennes indiscriminées ayant tué des dizaines de civils – anéantissant des familles entières – et des frappes visant des civils ou des infrastructures civiles, y compris la destruction de tours à Gaza abritant des logements et des entreprises, alors qu'il n'y avait pas de cibles militaires évidentes à proximité.

Les groupes armés palestiniens ont lancé de manière indiscriminée des milliers de roquettes, ce qui viole les lois de la guerre et constitue un crime de guerre. Human Rights Watch appelle depuis des années les groupes armés palestiniens à cesser ces attaques illégales, y compris dans un récent échange de lettres avec les autorités du Hamas.

Il est difficile de voir comment les cycles de violence en Israël/Palestine – de la brutalité en réponse à de la brutalité, encore et encore – prendront fin sans que justice soit rendue pour des crimes comme ceux-là.

En 2021, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête officielle sur les crimes graves commis en Palestine, qui est membre de la CPI. Les combats actuels montrent qu'il est urgent que le procureur accélère ses enquêtes sur les crimes graves commis par toutes les parties.

Plus vite les gouvernements du monde entier comprendront que la justice est essentielle à la paix et en feront leur priorité absolue dans la région, plus vite il sera possible d'espérer que ces horreurs cessent.

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