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L'exode massif des Arméniens du Haut-Karabakh au cours des derniers jours a été effroyable. Plus de 100 000 personnes ont fui la région, soit la quasi-totalité de la population. 

Cet exode fait suite aux dernières attaques militaires de l'Azerbaïdjan visant à reprendre le contrôle total du Haut-Karabakh, une région de l'Azerbaïdjan dont la majorité arménienne avait mené une guerre pour se séparer de l'Azerbaïdjan au début des années 1990, aux côtés des forces de la République d'Arménie. Après l'attaque du mois dernier, les autorités de facto de l'enclave ont accepté de se dissoudre. 

Maintenant que les Arméniens ont fui en masse le Haut-Karabakh, la question est de savoir ce qui va se passer ensuite. L'Azerbaïdjan souhaite réintégrer la région, aujourd'hui presque vide, et ses habitants qui n'y résident plus, mais à quoi cela ressemblerait-il exactement ?  

Les autorités azerbaïdjanaises ont déclaré à plusieurs reprises que les droits de chacun seraient protégés dans le Haut-Karabakh, mais il est difficile d'accepter de telles affirmations à première vue. En effet, le manque de confiance envers les autorités azerbaïdjanaises explique en grande partie pourquoi tant de personnes ont fui.  

Et après des décennies de conflit et de crimes de guerre présumés, sans parler des mois de graves difficultés causées par le blocus azéri de la région, les Arméniens sont-ils à même de faire suffisamment confiance aux autorités azerbaïdjanaises pour revenir ? Le bilan épouvantable du gouvernement azerbaïdjanais en matière de droits humains ne joue pas en leur faveur. 

Pourtant, certains Arméniens ayant fui ont été interrogés à la frontière par nos chercheurs et ont déclaré qu'ils envisageraient de retourner dans le Haut-Karabakh. Pour la plupart d'entre eux, cela signifiait simplement récupérer leurs biens - s'ils pouvaient le faire sous protection internationale.  

Mais un habitant de la ville de Khankendi (Stepanakert) a déclaré qu'il envisagerait de rentrer avec sa famille « si l'Azerbaïdjan autorise les Arméniens à y vivre en tant que communauté - avec des écoles et des églises arméniennes, et un personnel administratif recruté parmi les membres de la communauté ». 

C'est un bon conseil, tant pour l'Azerbaïdjan que pour ses partenaires internationaux. 

Les Arméniens qui ont fui le Haut-Karabakh ont le droit d'y retourner. L'Azerbaïdjan doit respecter ce droit, et l'UE, les États-Unis et les autres gouvernements concernés devraient encourager l'Azerbaïdjan à le faire. Ils devraient insister sur les mesures spécifiques que l'Azerbaïdjan doit prendre pour faciliter les retours, qu'il s'agisse de visites à court terme ou à plus long terme. 

Ceux qui choisissent de ne pas rentrer définitivement devraient être autorisés à récupérer les biens qui leur restent, à s'occuper de leurs biens immobiliers, à se rendre sur les tombes, etc. Ils devraient également être indemnisés pour leurs biens. 

Pour ceux qui reviennent, l'Azerbaïdjan devrait tenir compte des paroles de cet habitant de Khankendi (Stepanakert) et garantir l'accès à l'éducation en langue arménienne ainsi que la protection des droits civils, politiques, religieux et culturels. La présence d'Arméniens dans la police et l'administration locale pourrait également contribuer à renforcer la confiance. 

Toutefois, compte tenu des décennies de conflit et de méfiance, rien de tout cela ne semble pouvoir se produire sans une mission internationale de surveillance dans la région. Le Ministère allemand des affaires étrangères a publiquement indiqué qu'il s'engageait « avec ses partenaires internationaux » en faveur d'une telle mission, ajoutant que les habitants de la région « doivent pouvoir avoir la certitude qu'ils ne sont pas seuls ». 

Ils sont sur la bonne voie. Il reste maintenant à la concrétiser. 

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