Les habitants du Haut-Karabakh sont confrontés à une grave crise humanitaire et à une grande incertitude quant à leur avenir.
De nouvelles informations font état d'un grand nombre d'Arméniens quittant cette région montagneuse suite à la dernière opération militaire menée par l’Azerbaïdjan pour reprendre le contrôle de la région. Si certains ne pourront pas faire le voyage jusqu'en Arménie, qu'est-ce qui attend ceux qui y arriveront ?
La dernière intervention armée de l'Azerbaïdjan fait suite à des mois de privations dans le Haut-Karabakh, après que l'Azerbaïdjan a coupé en décembre l’important corridor de Lachin qui relie la région à l'Arménie. Depuis la mi-juin, l'Azerbaïdjan a bloqué tous les produits humanitaires acheminés par les forces russes de maintien de la paix et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
La population de la région (des dizaines de milliers d'Arméniens) est confrontée depuis des mois à de graves pénuries de nourriture, de médicaments, de produits d'hygiène et d'autres fournitures essentielles. Le blocus de l'Azerbaïdjan va jusqu'à parfois empêcher la Croix-Rouge de transporter des patients hors de l'enclave.
D'un point de vue juridique, le Haut-Karabakh fait partie de l'Azerbaïdjan. Toutefois, à la suite d'une guerre d'indépendance au début des années 1990, menée par la population d’origine arménienne avec les forces de l'Arménie voisine, dans les faits, la région était séparée de l'Azerbaïdjan. La situation est restée inchangée jusqu'en 2020, lorsque l'Azerbaïdjan a entamé de nouvelles hostilités pour reprendre la région.
La guerre de 44 jours qui s'est déroulée en 2020 s'est achevée par une trêve précaire. L'accord prévoyait la présence de troupes russes de maintien de la paix dans le Haut-Karabakh et leur contrôle du corridor essentiel de Lachin jusqu'en 2025. Mais tout cela a commencé à s'effondrer il y a dix mois, à la fin de l'année 2022. Aujourd'hui, de nouvelles hostilités présentent des menaces graves.
Les deux parties peuvent se disputer sans fin pour savoir qui devrait contrôler la région, mais les dangers immédiats concernent la sécurité et les besoins humanitaires de la population arménienne du Haut-Karabakh.
Depuis samedi, une partie de l'aide humanitaire parvient enfin au Karabakh, mais nous ne devons pas oublier les besoins colossaux qui se sont accumulés au fil des mois après le blocage du corridor de Lachin par l'Azerbaïdjan.
Les autorités azerbaïdjanaises affirment que les droits et la sécurité de toutes les personnes seront protégés, mais il est difficile de prendre ces assurances pour argent comptant après des mois de blocus et des décennies de conflit. Une surveillance internationale est nécessaire pour s'assurer que Bakou tienne ses promesses.
A moins que les autorités azerbaïdjanaises ne prennent de mesures durables pour répondre aux besoins humanitaires, il serait crédible de conclure qu'elles tentent intentionnellement de rendre la vie des Arméniens si misérable qu'ils n'auront d'autre choix que de fuir.