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Manifestation contre la mesure limitant provisoirement l’entrée aux États-Unis des demandeurs d’asile à la frontière avec le Mexique – la politique « Migrant Protection Protocols » ou MPP, surnommée « Remain in Mexico » (« Restez au Mexique ») – devant le siège de la Cour suprême à Washington, le 26 avril 2022. © 2022 Michael Brochstein/ Sipa via AP Images

Le cirque politique est pratiquement inévitable à l'approche d'une élection présidentielle américaine. Mais parfois, cela va au-delà de la simple recherche d'attention et s'apparente à une atteinte aux droits humains.

Le décret sur l'asile pris cette semaine par le président américain Joe Biden franchit incontestablement cette limite.

Avant d'entrer dans les détails, rappelons les principes fondamentaux, car je trouve que lorsque les gens commencent à parler de l'asile ces jours-ci, un fait essentiel est souvent oublié.

Il s'agit de ceci : Toute personne a le droit de demander l'asile dans un autre pays. Cela ne signifie pas que chacun peut vivre où bon lui semble. Non. Cela signifie que vous avez le droit de demander l'asile et que les autorités doivent examiner votre cas individuel et vous traiter humainement dans l'intervalle. La législation américaine garantit ce droit, qui est également protégé par le droit international des droits humains et le droit des réfugiés.

Le décret pris mardi par Joe Biden va à l'encontre de ce droit fondamental.

Il permet aux autorités frontalières d'expulser rapidement (sans même une audition) les personnes qui arrivent aux États-Unis par la frontière sud dans certaines conditions, notamment lorsque le nombre d'arrivées à la frontière dépasse une moyenne de 2 500 personnes sur une période de sept jours.

Pourquoi 2 500 personnes ? Qui le sait ? Il s'agit d'un chiffre totalement arbitraire, sorti d'un chapeau.

Les autorités ne rouvriraient alors pas la frontière tant que le nombre moyen d'arrivées quotidiennes ne serait pas inférieur à 1 500 personnes. Là encore, un chiffre sorti d'un chapeau.

Cette mesure fermerait la frontière entre les États-Unis et le Mexique aux demandeurs d'asile. Le décret est clairement illégal au regard des droits humains internationaux et du droit des réfugiés.

Il risque également d'exposer des milliers de personnes à de graves dangers.

Nous avons évoqué ces dangers il y a quelques semaines, lorsque nous nous sommes penchés sur le fait que les autorités frontalières américaines procédaient à un « comptage numérique » des demandes d'asile à l'aide d'une application. Les personnes qui demandent l'asile aux États-Unis et qui sont contraintes d'attendre au Mexique sont exposées à des risques de viol, d'enlèvement, de torture et de meurtre.

Le nouveau décret de Joe Biden ne fera qu'augmenter le nombre de personnes confrontées à ces horreurs.

Ce décret est avant tout une question de politique et d'élection présidentielle, c'est certain. Il s'agit d'un spectacle politique dans lequel les candidats veulent paraître « durs » sur les questions frontalières, sans se soucier des souffrances que leurs politiques et leurs propositions causeront.

Mais chaque fois que vous voyez une nouvelle mesure politique qualifiée de « dure », essayez ceci : remplacez le mot « dure » par « cruelle ». Vous comprendrez alors mieux ce qui se passe au niveau humain.

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