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#JusticeForElaha : Stop aux violences des talibans contre les femmes

Une vidéo met en lumière le problème de la violence sexiste en Afghanistan

Capture d’écran d’une vidéo montrant Elaha Dilawarzai, une jeune femme afghane qui décrit le mariage forcé qu’elle a subi sous le régime des talibans. Source: https://twitter.com/aamajnews_EN/status/1564564151086850053 © 2022 Aamaj News English / Twitter

« Après avoir publié cette vidéo, il est possible que personne ne me reverra, je pourrais mourir », a déclaré Elaha Dilawarzai, une étudiante en médecine afghane, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 30 août. « Mais il vaut mieux mourir une fois que mourir mille fois. »

Dans cette vidéo, Elaha explique que son père travaillait pour les services de renseignement sous le précédent gouvernement afghan, opposé aux talibans. Plus tôt cette année, poursuit-elle, l’ancien porte-parole du ministère taliban de l'Intérieur, Qari Saeed Khosty,  l'a forcée à se marier. « Il me violait tous les soirs », affirme-t-elle en sanglotant. « Chaque nuit, il me battait et me torturait. » Elle ajoute qu'il l'a filmée, sous-entendant lors d'actes sexuels, et a menacé de diffuser les vidéos.

Khosty a nié ces allégations, affirmant qu’Elaha et lui-même avaient divorcé, et accusant Elaha d'avoir « insulté les croyances et pratiques religieuses et le Saint Coran ». Il s'est excusé – pas auprès d'Elaha, mais auprès des talibans, pour s'être marié sans autorisation. Le 31 août, un tweet émanant d’un compte Twitter se présentant comme celui d’un tribunal de Kaboul a indiqué qu'Elaha avait été arrêtée pour diffamation contre Khosty.

Il ne serait pas surprenant qu'un responsable taliban se sente libre d'infliger un mariage forcé marqué par des allégations de viol, d’agression et de chantage. La question est de savoir combien de tels cas existent sans que l’on puisse le savoir. Lorsque les talibans ont pris le contrôle de l'Afghanistan en août 2021, ils ont systématiquement démantelé les structures essentielles à la lutte contre la violence à l'égard des femmes et des filles : refuges, programmes d'assistance juridique, tribunaux spéciaux chargés de faire appliquer la loi de 2009 sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes ... Tout cela a disparu maintenant.

La journaliste Ruchi Kumar a corroboré les faits concernant le cas d'Elaha, et a ajouté que des responsables talibans avaient également violemment ciblé d’autres femmes appartenant aux familles d'anciens responsables gouvernementaux, pour punir ainsi ceux-ci.

La vidéo d'Elaha a déclenché le lancement de la campagne #JusticeForElaha, illustrant à nouveau comment les femmes et les filles en Afghanistan utilisent les médias sociaux pour informer le monde des abus commis par les talibans. Des militantes des droits des femmes ont documenté les manière dont elles protestent contre ces abus ; une femme, Tamana Paryani, a même filmé des talibans faisant irruption chez elle pour l’arrêter, dans le cadre de leur répression contre de telles activistes.

Les femmes afghanes luttent contre les violations des droits des talibans avec un courage extraordinaire, en utilisant tous les outils à leur disposition. Mais le monde doit faire davantage pour se tenir à leurs côtés. Les diplomates à Kaboul devraient s'enquérir de toute urgence du sort et du bien-être d'Elaha. Les pays membres du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies devraient renforcer la petite équipe du Rapporteur spécial sur l’Afghanistan, afin qu’un nombre accru d'observateurs indépendants et d’experts des droits humains puissent enquêter sur les violations, les signaler et tenir les auteurs d’abus responsables de leurs actes. Ceci nous donnerait une meilleure idée du nombre réel de femmes afghanes comme Elaha.

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