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Maroc : un procès sous les projecteurs

L’accusation d’une journaliste relance le débat sur les libertés individuelles

Son sourire est frappant. Large, un brin ironique. Droite sur le banc des accusés du tribunal de première instance de Rabat, au Maroc, ce lundi 16 septembre 2019, Hajar Raissouni ne se laisse pas abattre par la situation.

La journaliste marocaine Hajar Raissouni. © Privé / Via Facebook

Pourtant, cette journaliste de 28 ans aurait de quoi. Arrêtée le 31 aout en compagnie de son fiancé, de son gynécologue et de deux assistants de ce dernier, elle n’est plus ressortie de prison depuis, sous le coup d’une double accusation, avortement et relations sexuelles hors mariage, qui pourrait lui valoir jusqu’à deux ans de prison. Ses co-accusés encourent des peines de deux à dix ans pour pratique et complicité d’avortement.

À la barre, les avocats se succèdent, multiplient les recours en vice de forme. Ils rappellent aussi la position du médecin et de sa patiente, qui nient fermement qu’il y ait eu avortement et présentent leurs preuves circonstanciées.

Mais d’autres prennent du recul : le Maroc, rappellent-ils, a ratifié le Pacte relatif aux droits civils et politiques, qui stipule le droit à la vie privée de chacun. Le gouvernement n’a pas à s’immiscer dans les chambres à coucher des gens, la criminalisation du sexe hors mariage est absurde et doit être abolie.

Quant à l’avortement, le criminaliser met en péril de nombreux droits humains fondamentaux dont le droit à la vie, à la santé, à la vie privée, et à ne pas subir de traitement inhumain et dégradant. Pourquoi ? Parce que la criminalisation conduit souvent à des avortements clandestins, ce qui est beaucoup plus dangereux et contribue à des complications médicales et à la mortalité maternelle. Entre 600 et 800 avortements clandestins par jour ont lieu en moyenne au Maroc.

Ce jeudi, le juge décidera ou non d’accorder la liberté provisoire à Hajar et à ses co-accusés. Le procès lui-même reprendra le 25 septembre. Nous y serons.

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