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Ilham Tohti est le lauréat 2016 du Prix Martin Ennals pour les défenseur-e-s des droits humains

Cet intellectuel ouïghour a été condamné en janvier 2014 à la prison à perpétuité par les autorités chinoises

(Genève) – Ilham Tohti a été sélectionné par un jury composé des dix plus grandes organisations pour la défense des droits humains (voir liste ci-dessous). Le Prix Martin Ennals est attribué à des défenseur-e-s des droit humains qui se sont illustré-e-s par leur profond engagement dans leur combat contre la violation des droits humains et ce malgré les risques personnels encourus. L’objectif de cette distinction est de mettre en valeur leur travail et de leur offrir une protection à travers une visibilité accrue et une reconnaissance internationale. Activement soutenue par la Ville de Genève, la cérémonie se tiendra le 11 octobre 2016.

Ilham Tohti (Chine)

L’universitaire ouïghour chinois Ilham Tohti, lors d’une conférence à l'Université centrale des minorités à Pékin en 2009. Défenseur des droits de la minorité ouïghoure, il a été condamné en janvier 2014 à la prison à perpétuité par les autorités chinoises.

Célèbre intellectuel ouïghour en Chine, Ilham Tohti a travaillé deux décennies durant pour favoriser le dialogue et la compréhension entre les Ouïghours et Hans chinois. Il a rejeté le séparatisme et la violence, et a cherché une réconciliation fondée sur le respect de la culture ouïghoure, qui a été soumise à la répression religieuse, culturelle et politique dans la Région autonome ouïghoure du Xinjiang.

En 1994, il commença à écrire sur les problèmes et les abus dans le Xinjiang, ce qui a eu pour conséquence d’être placé sous surveillance de l’Etat. De 1999 à 2003, il a été interdit d’enseignement. Depuis, les autorités ont également rendu impossible toute publication de sa part dans les lieux habituels. En réponse, il se tourna vers Internet afin d’accroître la sensibilisation du public aux différents enjeux économiques, sociaux et aux développements auxquels sont confrontés les Ouïghours. En 2006, il créa Uyghurbiz.net, un site en langue chinoise favorisant le dialogue et la compréhension entre les Ouïghours et les Hans chinois. Au cours de son existence, le site fut fermé à plusieurs reprises et ses différents auteurs harcelés.

En 2009, il a été arrêté pendant plusieurs semaines après avoir publié des informations à propos d’Ouïghours qui ont été arrêté-s-s, tué-s-s ou qui avaient "disparu" pendant et après des manifestations. Dans les années suivantes, il a été régulièrement assigné à résidence, et en 2013, alors qu’il avait l'obligation de prendre un poste en tant que chercheur invité à l'Université d'Indiana aux États-Unis, il a été détenu à l'aéroport et empêché de quitter la Chine. 

Le 15 janvier 2014, Ilham Tohti a été reconnu coupable de séparatisme et condamné à l'emprisonnement à vie, après un procès de deux jours. De nombreuses déclarations ont été émises par les gouvernements occidentaux et l'Union européenne condamnant son procès et sa peine. Début 2016, plusieurs centaines d'universitaires ont adressé une pétition aux dirigeants chinois pour sa libération.

Dès sa nomination comme finaliste pour le Prix Martin Ennals plus tôt cette année, sa fille a déclaré : « Mon père Ilham Tohti a utilisé une seule arme dans sa lutte pour les droits fondamentaux des Ouïghours du Xinjiang : les mots ; parlés, écrits, distribués et affichés. C’est tout ce qu'il avait à sa disposition, et c’est tout ce dont il avait besoin. Voilà ce que la Chine a trouvé de si menaçant. Une personne comme lui ne mérite pas d’être en prison, ne serait-ce même pour un jour. »

Le Président de la Fondation Martin Ennals, M. Dick Oosting, a déclaré : « La vraie honte de cette situation est que, en éliminant la voix modérée d’Ilham Tohti, le gouvernement chinois jette en fait les bases de l'extrémisme même qu’il dit vouloir empêcher. »

Les deux autres finalistes ont reçu un accessit Martin Ennals :

Razan Zaitouneh (Syrie)

Razan a consacré sa vie à la défense des prisonniers politiques, à répertorier les violations et à aider autrui à se libérer de l'oppression. Elle a fondé le Centre de Documentation des Violations (VDC), qui documente le nombre de morts et de mauvais traitements dans les prisons syriennes. Elle avait commencé à répertorier les violations des différents acteurs du conflit quand elle a été enlevée, avec son mari et deux collègues, le 9 décembre 2013. Leur lieu de détention demeure inconnu.               

Zone 9 Bloggers (Ethiopie)

La prison de Kality en Ethiopie, dispose de huit zones et détient de nombreux journalistes et prisonniers politiques. Neuf jeunes militant-e-s se sont appelé-e-s « Zone 9 » comme un symbole pour représenter l'Ethiopie dans son ensemble. Ils répertorient les violations des droits humains et font la lumière sur la situation des prisonniers politiques en Ethiopie. Six des  membres du collectif ont été arrêté-e-s et accusé-e-s de terrorisme. Bien qu'ils aient été libéré-e-s, trois sont en exil tandis que quatre des six autres qui sont encore en Ethiopie font toujours face à des accusations et sont interdit-e-s de voyage.

La principale distinction du mouvement des droits humains 
Le Prix Martin Ennals pour les défenseur-e-s des droits humains est une collaboration unique entre dix des plus importantes organisations mondiales des droits humains pour protéger les défenseur-e-s dans le monde entier. Le jury est composé des ONGs suivantes :

Le Jury du Prix Martin Ennals :

- Amnesty International
- Commission internationale de juristes (ICJ)
- EWDE Germany
- FIDH
- Front Line Defenders
- Human Rights First
- Human Rights Watch
- HURIDOCS
- International Service for Human Rights (ISHR)
- Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT)

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