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Mon cher ami James « Jim » Foley, le journaliste américain brutalement exécuté par l'État islamique cette semaine, était l'une des personnes les plus sensibles et bienveillantes avec qui j'ai eu le bonheur de travailler. Dans le monde compétitif et souvent machiste du reportage de guerre, Jim se démarquait par son humilité, sa compassion et sa générosité.

J’ai rencontré Jim Foley en Libye lors du soulèvement contre Mouammar Kadhafi en 2011. Peu après l’arrestation de Jim et de trois autres journalistes par des soldats de Kadhafi, et leur transfert vers un lieu de détention secret, j’ai appelé sa famille pour l’informer de cette triste nouvelle. Dans les semaines qui ont suivi, j'ai participé aux efforts inlassables entrepris par les familles des journalistes, leurs collègues et leurs amis pour tenter de les localiser et d’obtenir leur libération.

Quand Jim et deux autres journalistes ont finalement été libérés, nous avons appris la nouvelle tragique que le quatrième homme, le journaliste sud-africain Anton Hammerl, avait été mortellement blessé par un tir lors de l’offensive des soldats libyens, et est  décédé de ses blessures dans le désert. Malgré des recherches exhaustives, son corps n'a jamais été retrouvé, et l’on suppose qu’il a été enterré dans une fosse anonyme.

Après sa libération, Jim et moi sommes devenus bons amis. Nous avons fêté sa libération avec ses amis au Half King Café – fréquenté par de nombreux journalistes - à New York. Jim était très reconnaissant pour les efforts menés pour obtenir sa libération, mais a ajouté que malgré les réticences de sa famille, il avait l'intention de poursuivre son travail de photojournaliste et reporter de guerre, après une période de repos chez lui.

Il y a près de deux ans, peu après l’éclatement du conflit en Syrie, Jim a soudainement disparu. Des hommes ont arrêté le taxi qui le transportait près de la ville de Binnish, l’ont forcé à sortir et ont ordonné au chauffeur de continuer sans lui. Ses collègues du Global Post, ses amis et sa famille ont désespérément cherché à savoir ce qui s'était passé et à retrouver sa piste, mais sans succès. Pendant des mois, devenus des années, il n'y avait que des rumeurs, mais pas un seul signe de vie. Il avait tout simplement disparu.

Je souhaiterais qu’il n’y ait pas de vidéo montrant son exécution brutale et susceptible de hanter sans relâche les esprits de sa famille et des amis. Il est insupportable de penser aux derniers instants terrifiants vécus par Jim, mis en scène par l'État islamique avec l’intention d’engendrer un sentiment d’horreur. Il est insupportable de penser aux autres otages qui se trouvent encore dans les mains de l'Etat islamique. Et il est insupportable aussi de penser aux centaines d'Irakiens et Syriens - pour la plupart anonymes - qui ont subi le même sort que Jim aux mains de l'Etat islamique, mais Jim voudrait que nous pensions à eux.

Au revoir, cher Jim, nous nous souviendrons des beaux moments de ta vie bien vécue, davantage que de sa fin brutale.

Tribune intégrale en anglais  www.hrw.org/news/2014/08/21/dispatches-remembering-jim-foley

Site web "Remembering Jim"   http://www.rememberingjim.org/

Twitter   https://twitter.com/neverforgetjim

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