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Russie : Le CIO devrait aborder la question de la détérioration du climat des droits humains

Les responsables du CIO ne tarissent pas d'éloges sur les préparatifs liés aux JO de Sotchi, mais passent sous silence les mauvais traitements et l'exploitation de résidents

(Moscou, le 11 octobre 2012) – Le Comité international olympique (CIO) a raté une occasion unique de faire publiquement pression sur le gouvernement russe en matière d'atteintes aux droits humains dans le cadre des préparatifs des Jeux olympiques d'hiver 2014, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. À l'occasion d'une conférence de presse clôturant une visite de trois jours à Sotchi, la Commission de coordination du CIO a qualifié travail de préparation effectué par le gouvernement russe pour les Jeux d'« impeccable », mais n'a fait aucune allusion aux atteintes aux droits humains dans le contexte des préparatifs des Jeux de 2014.

« Les éloges du CIO à l’égard des autorités russes dans le cadre des préparatifs des Jeux olympiques de Sotchi auraient dû être tempérés de prudence quant à la détérioration du climat des droits humains en Russie », a déclaré Minky Worden, directrice pour les Initiatives mondiales à Human Rights Watch. « Le CIO a un rôle fondamental à jouer pour garantir que les Jeux ne sont pas entachés de violations des droits humains, et il n'en fait tout simplement pas assez en l'occurrence. »

La Commission de coordination du CIO est chargée d'évaluer les préparatifs techniques des autorités russes dans le contexte des Jeux, notamment en ce qui concerne la construction des sites et des infrastructures. L'ancien champion olympique français de ski alpin Jean-Claude Killy, président de la Commission, a déclaré à ce sujet : « Tout ceci est plutôt de bon augure pour organiser des épreuves tests réussies cet hiver et laisser un formidable héritage à la population locale après les Jeux. » La dernière visite de la Commission à Sotchi remonte à février 2012.

« Au cours de ses déplacements périodiques à Sotchi, le CIO devrait évaluer nombre d'exigences techniques ; scruter par le menu des allégations crédibles d'atteintes aux droits humains relève clairement de ce mandat », a ajouté Minky Worden. « Par exemple, l'examen d'un site olympique ne devrait pas se borner à des questions sur des détails de construction, mais soulever également des questionnements sur la façon dont les ouvriers du chantier et les expropriés qui sont expulsés pour faire place aux sites olympiques sont traités. »

Depuis 2009, Human Rights Watch mène des recherches sur les violations des droits humains commises à Sotchi et aux alentours dans le cadre des préparatifs de la Russie pour les Jeux olympiques d'hiver 2014. Les violations documentées par Human Rights Watch comprennent :
 

  • des expulsions forcées et des expropriations foncières illégales à l’encontre de plusieurs habitants déplacés pour laisser la place aux installations sportives ou infrastructures olympiques sans toucher d'indemnisation adéquate en contrepartie ;
  • l’exploitation de certains travailleurs migrants affectés aux sites olympiques et à d’autres projets de construction ;
  • le harcèlement et l’intimidation de journalistes et de militants qui ont voulu dénoncer ou protester contre les problèmes liés aux JO.

Le climat qui règne autour des défenseurs desdroits humains et de quiconque critique les politiques gouvernementales en Russie s'est considérablement détérioré ces derniers mois. Le parlement russe a adopté un certain nombre d'amendements législatifs qui imposent de nouvelles restrictions aux manifestations publiques, qualifient de nouveau de crime la diffamation et infligent de nouvelles restrictions aux contenus qui circulent sur internet. Une loi adoptée en juillet oblige les organisations non gouvernementales engagées dans le « travail politique » et acceptant des fonds étrangers à s'inscrire dans la rubrique « agents étrangers ».

En réponse à la question d'un média sur la position du CIO sur les droits humains en août 2012, le Président du Comité international olympique Jacques Rogge a exposé brièvement les principes de l'instance dirigeante : « Le Comité international olympique a une position très claire sur la question des droits humains : à chaque fois que ces derniers sont mis en cause dans l'organisation des Jeux, nous demandons au gouvernement local d'y remédier et de trouver les solutions afin d'améliorer la situation. » Jacques Rogge a ajouté que le CIO travaillerait « de concert avec les responsables des ONG. »

« L'engagement du CIO en faveur d'une sensibilisation sur les atteintes aux droits humains représente une étape importante », a affirmé Minky Worden. « Il n'en reste pas moins que le climat est devenu profondément hostile pour les ONG en Russie. Si le CIO considère que les ONG contribuent largement à ses activités, il devrait alors dire clairement aux autorités russes que les actes d'intimidation et de harcèlement dont elles font preuve doivent cesser immédiatement. »

Human Rights Watch a précisé que le CIO est intervenu sur une poignée de cas concrets, aboutissant à quelques résultats positifs, mais que ces mesures se sont révélées insuffisantes pour mettre un terme aux graves violations de droits qui se produisent en conséquence directe des préparatifs des Jeux de Sotchi.

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