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(New York) - Afin d'aider les journalistes qui font des reportages sur la transition dans la République Démocratique du Congo, Human Rights Watch a préparé ce document sur Laurent-Desiré Kabila et sa conduite vis à vis des droits de l'homme.

En 1997, Laurent-Désiré Kabila a pris le pouvoir en République Démocratique du Congo après une guerre sanglante pendant laquelle ses partisans et ses alliés, rwandais et ougandais, ont tué des dizaines de milliers de civils. En 1998, suite à l'invasion du pays par ses anciens alliés rwandais et ougandais, Kabila a défendu son régime lors une deuxième guerre. Durant cette dernière, les forces de Kabila ainsi que celles des rwandais, des ougandais, et de leurs alliés, les rebelles congolais, ont tous attaqué des civils. Ils ont commis des exécutions extrajudiciaires, des enlèvements, et des destructions de propriétés avec pour résultat des déplacements massifs de la population.

Pendant ses quatre années au pouvoir, Kabila a violé régulièrement et sans pitié les droits de l'homme au Congo. Il a tué, torturé, emprisonné et fait disparaître toute personne qu'il soupçonnait de menacer son régime. Parmi ceux qui ont le plus souffert se trouvaient ses adversaires politiques, les représentants de la société civile, les activistes des droits de l'homme et les journalistes.

Kabila a cédé les droits d'exploitation des vastes richesses minérales du pays à ses amis commerçants et militaires pendant que l'économie du pays s'effondrait et que la population manquait de nourriture, de médicaments, et d'autres nécessités de la vie, surtout à Kinshasa et dans d'autres villes.

Malgré ses abus, Kabila a maintenu un certain soutien d'une partie du peuple, se faisant passer comme le symbole de la résistance nationale contre les forces étrangères occupant l'est du Congo. Il a profité de la haine populaire contre les Tutsi, tenus pour responsables de la mauvaise conduite de l'armée rwandaise et de ses alliés congolais - haine d'ailleurs encouragée et exploitée par certains de ses partisans. Kabila a été soutenu par des troupes de sa région natale du Katanga qui ont été régulièrement payés et bien équipés. Les autres unités, laissées sans salaires, se sont attaquées aux citoyens pour avoir de quoi vivre.

Avec la mort de Kabila, le nouveau gouvernement succède à une nation déchirée par une guerre qui a attiré des combattants provenant de six pays voisins, et qui a vu croître trois grands mouvements rebelles, ainsi que des nombreuses petites bandes d'opposition. Des hommes d'affaires étrangers, certains d'entre eux basés loin de la région, ont exploité les richesses du Congo alors que leurs gouvernements n'exerçaient pas de pression efficace pour promouvoir la paix.

Seuls la fin des hostilités, l'interdiction d'incursion dans les pays voisins, et le retrait des forces étrangères offrent la possibilité de circonscrire les conflits ethniques qui empirent à l'heure actuelle au Sud-Kivu, zone contrôlée par les rwandais, et au Ituri, zone contrôlée par les ougandais.

D'après des associations internationales humanitaires, plus de 1,7 millions de congolais sont morts à cause de la guerre. La mort de Kabila ne garantit pas la fin de ce carnage. Pour aboutir à ce résultat, il faut les efforts de tous les belligérants ainsi que le concours de la communauté internationale.

En outre, pour établir un état de droit, le nouveau gouvernement devra:

  • Mettre fin à toute ingérence dans les droits de l'homme tels qu'ils sont établis par le droit international et national, y compris la liberté d'expression, la liberté de la presse, et la liberté de l'assemblée.
  • Faire revoir des dossiers des personnes détenues dans les prisons et libérer les individus qui sont sans dossiers ou indice crédible de culpabilité.
  • Poursuivre les responsables des crimes contre l'humanité et ceux qui ont commis des assassinats, des disparitions, et d'autres actes de terrorisme gouvernemental contre les civils
  • Insister sur le respect dû à tout congolais sans considération d'ethnie ni de région d'origine
  • Mettre fin aux harcèlements subis par les organisations de défense des droits de l'homme et aux obstructions faites aux enquêtes sur les violations des droits de l'homme.

La mort de Kabila n'efface pas les crimes commis en son nom. Plutôt, elle donne l'occasion d'insister sur la nécessité de justice pour ces crimes.

En 1997, le Secrétaire Général des Nations Unies a envoyé une équipe au Congo pour enquêter sur les crimes de guerre commis par tous les belligérants de la première guerre. Kabila a bloqué son travail, mais l'équipe est rentrée avec des données suffisantes pour conclure que les crimes contre l'humanité et, peut-être, le génocide avaient été commis par les combattants durant cette guerre. Le Conseil de Sécurité a demandé aux gouvernements rwandais et congolais de continuer l'enquête, mais ils n'ont rien fait. Une fois la deuxième guerre commencée, le gouvernement de Kabila a prétendu que son ancien allié, le Rwanda, était responsable de l'obstruction à l'enquête des Nations Unies et a promis de collaborer avec les futures enquêtes onusiennes. Les Nations Unies n'ont rien fait.

Le conseil de sécurité devra nommer une commission d'experts pour reprendre l'enquête de 1997 et aussi pour enquêter sur des accusations de crimes de guerre commis ultérieurement par tous les belligérants au Congo.

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