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Est du Congo: Activistes Sévèrement Battus

Les conditions se dégradent après le départ de Mary Robinson

(New York) - Human Rights Watch a fermement critiqué aujourd'hui les passages à tabac publics, les détentions, et les mauvais traitements dont ont souffert au moins treize militants des droits humains dans la ville de Bukavu, à l'est du Congo, et qui est aux mains du groupe rebelle, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD). Ces actes d'intimidation interviennent après des mois de violence croissante et de morts de plus en plus nombreuses dans la région orientale du Congo. De plus, ces incidents surviennent directement après la visite la semaine dernière de Mary Robinson, Haut-Commissaire aux Droits de l'Homme des Nations Unies.

Le 9 Octobre, des soldats du R.C.D. ont interrompu la réunion d'une coalition d'organisations des droits humains à Bukavu, alors que leurs représentants étaient en train de discuter du suivi de leurs activités après la visite de Mary Robinson.

Selon un observateur présent à la réunion, des soldats congolais et rwandais ont forcé les membres du groupe à "sortir du bureau un à un,...et à se coucher par terre...Ils les ont battus en public, devant une grande foule, avec des bâtons et à coups de poing." Ensuite, les défenseurs des droits humains ont été emmenés dans un camp militaire, Camp Saio, et ce n'est que plus tard dans la journée qu'ils ont été relachés.

"Une fois de plus, la force rebelle a démontré son mépris total pour les droits humains et pour ceux qui les défendent, y compris Mme Robinson," a déclaré Peter Takirambudde, Directeur de la Division Afrique de Human Rights Watch. "C'est est particulièrement scandaleux au regard de la visite de la Commissaire des Nations Unies la semaine dernière. Le RCD doit cesser de terroriser ceux qui s'expriment pacifiquement."

Parmi ceux qui ont ete arrêtés figurent Marcelin Musemakweli (CADDHOM), Muzalia Loochi (Justice pour Tous), François Maheshe et Michel Aissi (tous les deux du Groupe Jérémie), Mme. Venantie Bisimwa (RFDP), Mr. Mushagalusha (Cojeski), Baharanyi Bya Dunia (CEDAC), Jules Lwesso (Bucoie), Moïse Cifende (APRODEPED), Dunia Yogolelo (Pandendum), Mr. Kizingu (AED), Judge Emmanuel Shamavu (ACAT/Sud-Kivu). Kiza Kamatando, Moro Tubibu, Nestor Bauma, et Joli Yaya furent aussi arrêtés.

Le bureau du Groupe Jérémie, où la réunion a eu lieu, a été saccagé. Les soldats ont pillé du matériel du bureau, dont un ordinateur, et continuent de monter la garde autour du bureau qui est étroitement surveillé.

À la radio, le 9 et le 10 Octobre, le RCD a aussi accusé trois organisations des droits humains qui travaillent dans le Sud-Kivu de fomenter des troubles. Le RCD a désigné les Héritiers de la Justice, le Groupe Jérémie, et le Centre d'Étude de Documentation et d'Animation Civique (CEDAC).

Des émeutes et des manifestations secouent Bukavu depuis la mort de l'archevêque Kataliko le 3 octobre. Bien que le décès de l''archevêque, qui avait auparavant critiqué le RCD, ait eu lieu pendant une visite à Rome (apparemment à la suite d'une crise cardiaque), beaucoup d'habitants de l'Est du Congo pensent que le RCD est responsable de sa mort. Le RCD avait d'ailleurs banni Kataliko de Bukavu en février pour l'envoyer dans sa ville natale, Butembo, au Nord-Kivu, à cause de son attitude critique. De plus, ce n'est qu'à la mi-Septembre que le R.C.D. lui avait permis de revenir à Bukavu.

La mort soudaine de l'archevêque a donc attisé l'animosité de la population en général à l'encontre des rebelles du RCD et de leurs partisans, y compris l'armée Rwandaise dominée par les Tutsi, ainsi que les Congolais Tutsis locaux (Banyamulenge). Les tensions s'aggravent donc de part et d'autre. Le Directeur de la division Afrique de Human Rights Watch, Peter Takirambudde, a mis en garde contre les aggressions du RCD mais il a aussi exprimé "son extrême inquiétude au sujet du langage ethnique dirigé par certains éléments de la population contre les Banyamulenge et les Tutsi qui sont considérés comme des collaborateurs du RCD Les authorités doivent faire leur possible pour circonscrire la violence, et réagir à la violence avec un minimum de force," a estimé Peter Takirambudde.

Le 4 octobre, avec les nouvelles de la mort de Monseigneur Kataliko, les citoyens de Bukavu, pleurant leur archevêque, sont descendus dans la rue. Lors d'un incident dans un centre commercial de négoce de minéraux précieux dirigé par des Rwandais, un Rwandais est sorti et a tiré sur la foule, tuant un garçon et blessant un homme. De plus, quatre jours plus tard, le 8 octobre, à l'arrivée du corps de l'archevêque à Bukavu, le gouverneur du Sud-Kivu qui tentait de s'adresser à la population a été attaqué par des manifestants qui lui ont jeté des pierres. Ses gardes ont tiré en l'air, blessant une personne accidentellement, mais n'ont pas utilisé de violence directe contre les manifestants. Les funérailles de l'archevêque, le 10 Octobre, ont eu lieu sans autre incident majeur. La situation reste cependant très tendue.

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