Skip to main content

Gaza : Le Hamas doit autoriser le Sergent Shalit à entrer en contact avec sa famille et le CICR

Détenir une personne à l'isolement pendant trois ans est cruel et inhumain

(Jérusalem) - Les autorités du Hamas doivent immédiatement permettre au Sergent Gilad Shalit de communiquer avec sa famille et de recevoir des visites du Comité International de la Croix Rouge (CICR), a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui, pour le troisième anniversaire de sa capture. La détention à l'isolement prolongée de Shalit est cruelle et inhumaine et s'apparente à de la torture, a ajouté Human Rights Watch.

Les autorités du Hamas ont l'obligation, selon les lois de la guerre, d'autoriser Shalit à correspondre avec sa famille, mais pendant ses trois ans de captivité, le Hamas n'a publié que trois de ses lettres et un enregistrement audio. Ni la famille de Shalit, ni le CICR n'ont été autorisés à lui rendre visite.

« Les autorités du Hamas n'ont aucune excuse pour couper Shalit de sa famille et du monde extérieur pendant trois ans », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Afrique-du-Nord Moyen-Orient au sein de Human Rights Watch. « Punir Shalit pour des griefs contre Israël est injuste et illégal. »

Des officiels du Hamas ont à plusieurs reprises insisté sur le fait qu'ils libéreraient Shalit en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens détenus par Israël, y compris des femmes, des enfants, et d'autres personnes qui ont été condamnés par des cours israéliennes pour attaques sur des civils. Mais les tentatives répétées de négociations autour des échanges de prisonniers entre Israël et le Hamas ont échoué. Le 20 juin 2009, le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaal, a déclaré à des reporters du Koweït qu'Israël tentait de « manipuler » le Hamas pour réduire ses exigences.

Le 16 juin, un autre chef du Hamas, Mahmoud Zahar, a déclaré que le Hamas accepterait de transmettre à Shalit une lettre de ses parents, communiquée par l'ancien président des Etats-Unis, Jimmy Carter. Cependant, le Hamas continue de refuser les demandes du CICR de rendre visite à Shalit et de lui apporter des messages de sa famille.

Le 25 juin 2006, des militants palestiniens basés dans la bande de Gaza avaient lancé un raid contre un poste des forces de défense israéliennes (FDI) à l'intérieur d'Israël, près du point de passage de Kerem Shalom, tuant deux soldats israéliens et capturant Shalit, qui avait alors le grade de caporal. Hamas, l'autorité gouvernante à Gaza, le retient captif depuis lors. Selon des informations des médias, Shalit a reçu un traitement médical pour une blessure à l'épaule et une main cassée durant l'attaque.

Les lois de la guerre interdisent tout traitement cruel ou inhumain de personnes en détention. Elles exigent aussi que la partie au conflit permette aux personnes privées de leur liberté de correspondre avec leurs familles et de considérer en toute bonne foi une demande de visite des détenus par le CICR, qu'elle ne peut pas refuser arbitrairement.

La détention à l'isolement implique que le détenu se voit nier tout accès à quiconque à l'extérieur du lieu de détention. En 2003, la Commission des Droits de l'Homme des Nations Unies à Genève a déclaré que « la détention à l'isolement prolongée [...] peut en elle-même constituer une forme de traitement cruel, inhumain ou dégradant, et même une forme de torture ». Le Comité des Droits de l'Homme des Nations Unies, un organe composé d'experts indépendants, a régulièrement mis sur le même plan la détention à l'isolement et d'autres mauvais traitements ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Dans le cas El-Megreisi c. Libye, le Comité des Droits de l'Homme a décidé qu'une détention à l'isolement de plus de trois ans confinait à la torture et à un traitement cruel ou inhumain.

Israël a également privé des prisonniers palestiniens de visite de leur famille. En juin 2007, Israël a suspendu un programme mené par le CICR permettant à 900 palestiniens de Gaza détenus en Israël de recevoir des visites de leurs familles deux fois par mois.

Le CICR a rapporté le cas d'une femme, Tahani Moustafa Herig, qui n'a été autorisée à rendre visite à son mari que trois fois entre 2001 et 2007, lorsque toutes les visites en prison pour les familles de Gaza ont été supprimées. Les familles peuvent échanger des lettres.

Israël a imposé une interdiction de visite des familles aux prisonniers au même moment qu'il a installé un blocus plus large sur la population et les biens après la violente prise de pouvoir du Hamas à Gaza le 15 juin 2007. Des officiels israéliens, y compris le premier ministre Ehoud Olmert, ont déclaré que la levée du blocus était conditionnée à la libération de Shalit. Human Rights Watch a qualifié le blocus de Gaza de forme de punition collective contre les 1,5 million de résidents de la bande de Gaza, en violation des lois de la guerre. Les violations des lois de la guerre par une partie au conflit ne justifient pas les violations par l'autre partie.

Les autorités israéliennes ont détenu de manière répétée des membres du Hamas sans aucune charge en Cisjordanie lors d'arrestations qui n'étaient pas liées au cas de Gilad Shalit. Peu de temps après l'enlèvement de Shalit en 2006, Israël a arrêté et détenu près de quarante politiciens en Cisjordanie. En mars 2009, après que les négociations menées par l'Égypte autour de la libération de Shalit ont échoué au Caire, Israël a détenu sans charges dix autres membres du Hamas, y compris quatre membres du parlement, en Cisjordanie. Israël a libéré certains des membres du Hamas qu'il détenait, mais le Hamas déclaré que 34 autres législateurs sont toujours en détention.

« Il est temps à la fois pour Israël et le Hamas de cesser de détruire des vies et des familles en utilisant les prisonniers de l'adversaire comme des monnaie d'échange », a déclaré Mme Whitson.

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.