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Une femme tient une banderole sur laquelle on peut lire « L'avortement est un service de santé publique essentiel » lors d'un rassemblement à l'occasion de la Journée internationale des femmes, à Bucarest, en Roumanie, le 8 mars 2023. © 2023 AP Photo/Andreea Alexandru

À quel point les choses peuvent-elles empirer en matière de droits à la santé sexuelle et reproductive ?

La situation est déjà très sombre lorsqu’un gouvernement vous dit ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire de votre propre corps, comme c’est le cas dans certaines régions des États-Unis aujourd'hui. La menace que constitue la surveillance numérique des décisions médicales  des personnes aggrave davantage cette situation.

Mais les choses peuvent encore empirer. Et vous n'avez pas besoin d'Internet pour cela.

L'Histoire de la Roumanie offre un exemple inquiétant, mais instructif.

En 1966, le gouvernement communiste roumain a adopté le « décret 770 » avec pour objectif supposé de stimuler la croissance démographique. Il a imposé des interdictions draconiennes sur l'accès à la contraception et à l'avortement.

Le gouvernement surveillait la situation reproductive des femmes en faisant appel à des informateurs, généralement des travailleurs médicaux ou des étudiants, pour les espionner. Il soumettait également les femmes à des examens médicaux invasifs et humiliants en présence de la police.

Le décret 770 a été en vigueur pendant des décennies. Il n'a été abrogé qu'après la révolution et le renversement de la dictature communiste de Nicolae Ceaușescu en 1989.

Lorsqu'il était en vigueur, le décret a causé d'énormes dégâts : en poussant les femmes et les filles ayant des grossesses non désirées à recourir à des avortements dangereux, il a entraîné la mort d'environ 10 000 d’entre elles.

Après cette leçon historique douloureuse, on pourrait penser que les dirigeants actuels du pays seraient tous de fervents défenseurs des droits reproductifs. On pourrait penser qu'ils ne voudraient jamais faire le moindre pas en arrière sur cette voie dangereuse.

On aurait tort.

Aujourd'hui, la Roumanie a considérablement érodé les droits en matière de santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles, y compris le droit à l'avortement et aux méthodes de planification familiale. Les autorités roumaines censées défendre ces droits, laissent souvent des initiatives visant à empêcher les femmes d’en bénéficier se développer.

Leurs méthodes ne sont peut-être pas aussi extrêmes que sous le régime de Ceaușescu, mais, comme l'a révélé un nouveau rapport de Human Rights Watch, elles restent abusives et dangereuses.

Les femmes et les filles se heurtent à des obstacles - pourtant non conformes à la loi - pour accéder à la contraception. Les autorités de l'État ne fournissent pas d'éducation sexuelle complète, scientifiquement exacte et adaptée à l'âge dans les écoles.

L'avortement sur demande est légal en Roumanie jusqu'à 14 semaines de grossesse, mais il est difficile de trouver un médecin pour pratiquer l'intervention médicale à temps. De plus en plus de médecins et d'hôpitaux publics ne fournissent plus ce service pour diverses raisons parfois douteuses, y compris une mauvaise interprétation des lois.

Les autorités roumaines facilitent le travail des groupes anti-avortement et des soi-disant centres de grossesse de crise qui cherchent à dissuader ou à empêcher les gens d'avoir recours à l'avortement. Leurs méthodes sont parfois trompeuses et contraires à l'éthique.

Le système dans son ensemble semble destiné à semer la confusion et à retarder les patientes jusqu'à ce qu'elles aient dépassé la limite des 14 semaines.

Toutes ces mesures indiquent que la Roumanie a fait un sérieux pas en arrière en matière de droits à la santé sexuelle et reproductive.

Compte tenu de son histoire, un pays comme la Roumanie devrait être plus avisé.

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