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Des documents montrent que la France a aidé à mener des attaques aériennes meurtrières en Égypte

Les autorités françaises devraient enquêter immédiatement et cesser ses ventes d'armes au gouvernement égyptien

Le président français Emmanuel Macron, à gauche, serre la main du président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi avant une conférence réunissant plusieurs dirigeants mondiaux à Paris, le 12 novembre 2021. © 2021 AP Photo/Francois Mori

Selon une enquête journalistique, des documents classifiés montrent qu'une opération secrète des services de renseignements militaires français pourrait avoir aidé l'armée de l'air égyptienne à cibler des civils sous couvert de lutte contre le terrorisme. Les documents semblent révéler comment le gouvernement français était au courant de l'opération menée le long de la frontière ouest de l'Égypte avec la Libye, mais n'a pas enquêté.

Le média d'investigation Disclose a révélé le 21 novembre que cette opération française en Égypte, jusqu'alors tenue secrète, a commencé en février 2016 lorsqu'une équipe de dix militaires et ex-militaires français a été envoyée dans le désert occidental de l'Égypte, équipée d'un avion léger de surveillance et de reconnaissance, avec pour mission de détecter les activités terroristes en provenance de la Libye.

La mission aurait fait suite à une demande de l’Egypte en 2015 pour une assistance en matière de renseignement aérien le long de la frontière libyenne. Le ministre français de la Défense de l'époque, Jean-Yves Le Drian, avait alors accepté de mettre en place une "coopération opérationnelle et immédiate" avec l'Égypte dans le cadre de la lutte antiterroriste globale.

Selon l’enquête de Disclose, la mission de renseignement sur des activités terroristes s'est rapidement transformée en une mission qui a effectivement aidé le gouvernement égyptien à procéder à des exécutions extrajudiciaires dans la région contre de supposés trafiquants. L'équipe militaire française aurait fourni des données de surveillance à l'armée de l'air égyptienne, qui pourrait avoir conduit à au moins 19 frappes aériennes ayant fait des victimes entre 2016 et 2018.

Les notes transmises à l'Élysée semblent détailler les inquiétudes quant à l'impossibilité d'identifier correctement les véhicules présents dans la zone : « Par manque de moyens de surveillance, l’identification des pick-up ne peut être effectués sans autre élément d’appréciation que le survol initial dont ils ont fait l’objet. Aussi l’identification de certains véhicules et les frappes d’interdiction qui en découlent pourraient être soumises à caution ». Selon les documents produits par Disclose, la ministre française des Armées, Florence Parly, a été informée par une note du renseignement militaire que "des cas avérés de destruction d’objectifs détectés par l'aéronef sont établis."

Le 22 novembre, une enquête "sur les informations diffusées par Disclose" a été annoncée par la ministre français des Armées. Cependant, il n'a pas été précisé si l'enquête porterait sur l’origine des fuites ou sur les allégations qu'elles contiennent.

La France a déjà contribué au bilan désastreux de l’Egypte en matière de droits humains. Cette dernière figure parmi les principaux clients de la France en matière d'armement et la France continue de signer d'importants contrats d'armement avec le gouvernement de Fattah al- Sissi – toujours sous prétexte de sécurité et de lutte contre le terrorisme - malgré les preuves que certaines armes françaises ont été utilisées pour réprimer violemment des manifestations et commettre d'autres violations des droits humains.

La France devrait immédiatement enquêter sur les allégations de Disclose concernant la mission de renseignement dans le désert occidental égyptien et suspendre toute vente d’armement au gouvernement égyptien.

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