Les élèves du département français d'outre-mer de Mayotte retournent à l'école cette semaine, un mois et demi après qu'un cyclone dévastateur a détruit les maisons et les infrastructures de l’archipel.
Mayotte, ex-colonie française, était déjà le département le plus pauvre de France ainsi que l'une des régions les plus mal loties de l'Union européenne sur la presque totalité des indicateurs sociaux. Les efforts de reconstruction en cours sont l'occasion de répondre enfin aux besoins urgents des habitants.
De nombreux élèves font leur rentrée dans des écoles lourdement endommagées par le cyclone. Les autorités françaises ont également longtemps manqué à leur devoir de fournir un accès adéquat à l'eau potable et à l'assainissement aux personnes vivant à Mayotte.
Les autorités françaises, y compris le président Emmanuel Macron, ont laissé entendre que la réponse à cet événement météorologique extrême comprendrait une répression de l'immigration irrégulière, ou sans papiers. Certains responsables politiques ont utilisé le prétexte des besoins urgents de mesures d'aide pour faire des migrants les boucs émissaires des troubles sociaux à Mayotte.
Selon des estimations, peut-être surévaluées, près d'un tiers de la population serait en situation irrégulière. La plupart des personnes migrantes viennent des Comores, un pays situé à moins de 70 kilomètres et qui partage des liens culturels, linguistiques et historiques étroits avec Mayotte. Cette dernière accueille également un nombre croissant de demandeurs d'asile originaires d'autres pays africains.
Une grande partie de la population en situation irrégulière à Mayotte vit dans des bidonvilles sur l'île principale, Grande-Terre. Les autorités ont détruit certaines habitations dans ces quartiers informels lors d'opérations en 2023 et 2024, présentées comme des initiatives de sécurité publique visant à lutter contre l’immigration irrégulière, l'insécurité et l’habitat insalubre.
Bien que ces quartiers aient été particulièrement affectés par le cyclone, des informations suggèrent que les secours ont négligé ces zones.
Alors que la réponse immédiate de l'État s'est pour le moment concentrée sur la reconstruction et l'assistance sociale, l'immigration et d'autres questions sensibles devraient faire partie d'un second projet de loi présenté par le gouvernement dans les prochaines semaines.
Une proposition du parti de droite Les Républicains visant à limiter le droit du sol, le principe de la citoyenneté par naissance sur le territoire français, sera également débattue à l'Assemblée nationale le 6 février. Les ministres de la Justice et de l'Intérieur soutiennent tous deux fermement cette mesure.
L'insécurité et les mauvaises conditions sanitaires à Mayotte sont certes des préoccupations urgentes, mais la diabolisation des personnes migrantes est abusive et contre-productive. Par ailleurs, cette rhétorique ignore l’incapacité de la France à améliorer l’accès à la santé et à l'éducation des personnes vivant à Mayotte, comme un héritage persistant du colonialisme.
Alors qu'elles viennent en aide aux habitants pour se remettre du cyclone, les autorités françaises devraient enfin prendre des mesures pour garantir les droits économiques et sociaux de tous les habitants de Mayotte, sur un pied d'égalité avec ceux de la France métropolitaine.