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Le Royaume-Uni tente à nouveau de déformer la vérité sur le Rwanda

Un responsable gouvernemental se livre à de la désinformation

Le président du Rwanda, Paul Kagame, et le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, à Londres, le 4 mai 2023. © 2023 Press Association via AP Photo

Dans un entretien diffusé cette semaine par la BBC dans le cadre de son programme matinal, le ministre adjoint des Affaires étrangères, Andrew Mitchell, a chanté les louanges du « remarquable régime » rwandais. Alors que le débat sur le projet de loi du gouvernement concernant la sûreté du Rwanda (Safety of Rwanda bill) touchait à sa fin, Andrew Mitchell a omis de mentionner certains faits importants à propos du bilan du Rwanda en matière de droits humains.

Interrogé au sujet d’un incident de 2018, lors duquel les forces de sécurité rwandaises ont abattu 12 réfugiés congolais durant une manifestation contre la réduction de rations alimentaires dans le camp de réfugiés de Kiziba, Andrew Mitchell a affirmé que l’incident était « hautement contesté ». Dans sa déclaration politique de décembre 2023, le gouvernement britannique a également tenté de présenter ces meurtres comme « un cas isolé [sans] aucune information attestant d’incidents similaires depuis 2018 ».

Or, les faits ne sont aucunement contestables. Selon les recherches de Human Rights Watch et Amnesty International, la police rwandaise a recouru à un usage excessif de la force lors de la manifestation. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés et poursuivis en justice, et ceux qui avaient signé une lettre adressée aux Nations Unies pour demander une augmentation des rations alimentaires se sont vus infligés les peines les plus lourdes.

L’impunité des forces de sécurité, le rapport de la Commission nationale rwandaise des droits de la personne exonérant la police ainsi que l’emprisonnement de dizaines de réfugiés sont autant d’éléments qui ont constitué une ferme mise en garde contre toute nouvelle tentative d’organiser des manifestations.

Andrew Mitchell n’a également pas mentionné l’implication du Rwanda dans l’une des plus graves crises de déplacement du continent africain, en République démocratique du Congo voisine, où il soutient le groupe rebelle armé M23 qui commet des atrocités généralisées. Andrew Mitchell a par ailleurs omis le fait que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est opposé à l’accord entre le Royaume-Uni et le Rwanda en matière d’asile, semblant plutôt délibérément faire croire l’inverse à l’auditoire, en comparant cet accord à un mécanisme de transit du HCR qui permet d’accueillir temporairement des demandeurs d’asile et des réfugiés volontairement évacués de Libye vers le Rwanda.

Au lieu de concentrer son attention sur le fait que la capitale Kigali est considérée dépourvue de délinquance, Andrew Mitchell ferait mieux de se pencher sur le sort de ceux qui questionnent le bilan du gouvernement rwandais en matière de droits humains et qui ont été empêchés d’entrer dans le pays, arrêtés, ont disparu ou ont été retrouvés morts dans des circonstances non élucidées.

La loi sur la sûreté du Rwanda (Safety of Rwanda Bill) a été adoptée tard la nuit dernière. Les efforts de la Chambre des Lords pour y inclure des mécanismes de contrôle ont été rejetés par les responsables du gouvernement, qui les considéraient comme encombrants et obstructionnistes. Un tel contrôle est pourtant plus que jamais nécessaire.

Le gouvernement est peut-être parvenu à légiférer de manière à contourner l'arrêt de la Cour suprême selon lequel le Rwanda n'est pas un pays sûr vers lequel envoyer les demandeurs d’asile, mais il ne peut pas déformer la vérité à sa guise ; le bilan lamentable du Rwanda en matière de droits humains demeure visible aux yeux de tous.

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