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La police continue de harceler les personnes exilées à la rue à Paris

La France devrait stopper et sanctionner les abus, fournir un hébergement

500 tentes pour abriter des personnes exilées ont été plantées sur la Place de la République à Paris le 23 novembre 2020 avant d'être violemment démantelées par les forces de police.  © 2020 Utopia 56 

Lundi soir, j’ai ressenti de la honte et du dégoût en voyant les vidéos montrant des agents des forces de l’ordre de mon pays extirpant violemment des personnes de leurs tentes, place de la République, à Paris, leur confisquant leurs abris de fortune et leurs sacs de couchage, les repoussant violemment à coups de gaz lacrymogène et de matraques. D’autres vidéos montrent la police en escorter jusqu’aux portes de Paris, loin des regards. Ces personnes s’étaient justement installées en plein cœur de la capitale pour attirer l’attention des autorités sur leur situation désespérée.

A Paris, comme à Calais ou à Grande-Synthe, des demandeurs d’asile et des migrants survivent dans des conditions indignes, et sont victimes de ce qui s’apparente à un harcèlement policier quasi-quotidien fait de démantèlements incessants et de dispersions brutales sans alternative d’hébergement. La semaine dernière, la police a évacué un camp de fortune à Saint-Denis, en banlieue parisienne, laissant près de 1000 personnes à la rue.

Sans les vidéos publiées sur les réseaux sociaux, ces agissements honteux seraient peut-être restés invisibles. Un journaliste présent sur place a lui-même été violemment pris à parti par les forces de l’ordre. Le ministre de l’Intérieur a qualifié de « choquantes » les images de ce démantèlement, alors même que l’Assemblée nationale s’apprêtait à adopter une proposition de loi cherchant à restreindre la diffusion d’images de forces de l’ordre en opération, que le ministre de l’Intérieur lui-même et le reste du gouvernement soutiennent. L’article 24 de la proposition de loi dite de « Sécurité Globale » votée hier par une majorité de députés pourrait sérieusement limiter la possibilité pour les journalistes et les citoyens de documenter les abus commis par les forces de l’ordre, ce qui pourrait favoriser l’impunité quant à ces pratiques. La disposition sera examinée par le Sénat. À la suite de la diffusion de ces images, des enquêtes ont été ouvertes par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et le parquet de Paris. 

La France devrait respecter ses obligations et garantir le respect des droits fondamentaux des migrants et des demandeurs d’asile ainsi qu’un traitement humain et digne. Au lieu de mobiliser des policiers pour confisquer des tentes et des sacs de couchage en pleine nuit, les autorités françaises devraient se mobiliser pour fournir un hébergement sûr et respecter la dignité des personnes à la rue.

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