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(New York) - La violence qui a ravagé cette année certaines parties de la région productrice de pétrole du Delta du Niger, au Nigeria, est engendrée par des disputes autour des ressources du gouvernement et du contrôle du vol de pétrole brut, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui.

Le rapport de 36 pages, intitulé "La crise de Warri: Le combustible de la violence," documente comment la violence dans l'Etat du Delta, au Sud du Nigeria, cette année, et particulièrement au cours des élections fédérales et étatiques d'avril et de mai, a engendré des centaines de morts, le déplacement de milliers de personnes et la destruction de centaines de maisons. Parmi les morts se trouvaient probablement une dizaine de personnes tuées par les forces de sécurité gouvernementales. Au moment où la violence était à son plus haut niveau, 40 pourcent de la production de pétrole du Nigeria était interrompue.

"Le peuple du Delta du Niger a souffert horriblement de part sa présence au milieu des sources de richesse du Nigeria," a déclaré Bronwen Manby, directeur adjoint dans la Division Afrique de Human Rights Watch et auteur du présent rapport. "Et les auteurs échappent toute forme de poursuite contre leurs crimes, sans même le moindre risque de comparaître en justice."

Les auteurs de la violence dans l'Etat du Delta sont des milices ethniques armées appartenant à trois des principaux groupes ethniques de l'état-les Ijaws, Itsekiris, et Urhobos-mais aussi des forces de sécurité de l'Etat. Pendant la première moitié de 2003, les milices Ijaws étaient particulièrement bien organisées dans leurs attaques contre les communautés Itsekiris qui vivent dans les criques de la forêt de mangroves, où se trouve le plus gros du pétrole.

Depuis que le rapport a été finalisé, de nouvelles vagues de violence ont éclaté encore une fois dans l'Etat du Delta, avec un bilan élevé de civils prétendument tués lors des combats pendant la première semaine du mois de décembre.

Au Nigeria, certaines personnes travaillant dans les bureaux du gouvernement ont souvent un accès virtuellement non contrôlé sur les ressources. Les élections sont dès lors un foyer de violence et de fraude. L'Etat du Delta produit 40 pourcent des 2 millions de barils de pétrole brut que le Nigeria produit par jour et est censé recevoir 13 pourcent des revenus de la production totale de l'Etat -dès lors le contrôle de positions gouvernementales est un prix relativement convoité. De plus, les factions opposées se battent pour le contrôle du vol de pétrole brut, communément appelé " bunkering " Le pétrole brut volé compte pour peut être 10 pourcent de la production de pétrole du Nigeria, engendrant des bénéfices qui sont probablement de 1 milliard de dollars par an, voire plus.

A la fois les politiciens et ceux qui dirigent les vols de pétrole -parfois les mêmes personnes-utilisent des milices armées pour assurer leur réélection ou pour défendre leurs opérations. Le 24 novembre, trois journalistes du magasine Insider, basé à Lagos étaient arrêtés par la police, détenus pendant 2 jours et accusés de sédition et de diffamation de caractère, en connexion avec un article qui prétendait que le vice-président du Nigeria et le conseiller du Président pour la sécurité nationale étaient impliqués dans une large opération de vol de pétrole brut.

"Bien que la violence ait à la fois des dimensions politiques et ethniques, il s'agit principalement d'un combat pour l'argent du pétrole-les revenus du gouvernement et les bénéfices provenant du pétrole volé," a déclaré Manby. "Les efforts pour arrêter la violence et la souffrance des civils qui l'accompagne doit donc comporter des mesures pour à la fois améliorer la transparence du gouvernement et mettre fin au vol du pétrole."

Human Rights Watch a suggéré une mesure en vue de mettre fin à la violence : la création d'un système de " certification " du pétrole brut provenant de sources légitimes. Le rapport recommande très fortement que de nouvelles élections soient tenues dans l'Etat du Delta, ainsi que dans d'autres états du Nigeria où les observateurs nationaux et internationaux ont trouvé que le niveau de fraude et de violence entourant les élections de cette année était si élevé que les standards internationaux minimums pour des élections démocratiques n'étaient pas atteints. Human Rights Watch a déclaré qu'une des conditions préliminaires pour la paix était que les personnes responsables de crimes soient amenées devant la justice.

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