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Le Conflit Burundais Attire des Combattants Rwandais

Le mandat du Tribunal Pénal International pour le Rwanda doit être étundu au Burundi

(New York) - Dans un rapport publié aujourd'hui, Human Rights Watch fait état de l'enlisement croissant des pays d'Afrique centrale dans le violent conflit qui fait rage au Burundi, et demande que la juridiction du Tribunal Pénal International pour le Rwanda soit étendue, afin d'inclure les graves crimes perpétrés au Burundi aujourd'hui.

Ce rapport donne, pour la première fois, des preuves détaillées de la participation de Hutu rwandais à la rébellion burundaise et suggère que dans certaines unités rebelles opérant aux alentours de Bujumbura, ils constituent jusqu'à la moitié des forces combattantes. Nombre d'entre eux sont des soldats de l'ancien gouvernement rwandais, qui s'est rendu coupable du génocide de 1994 à l'encontre des Tutsi, au Rwanda. Dans certaines unités insurgées, la proche collaboration entre combattants rwandais et rebelles burundais s'est pourtant récemment déteriorée. Le rapport décrit notamment le massacre de cent rwandais par leurs compagnons d'armes des FNL (Forces Nationales de Libération).

Ce rapport décrit également les tueries de plus de deux cent civils, dont sont coupables tant les Forces Armées Burundaises que le FNL et le CNDD-FDD (Conseil National pour la Défense de la Démocratie-Forces pour la Défense de la Démocratie; plus communément appelé FDD). Le rapport donne également des preuves de deux attaques récentes lancées par les rebelles à l'encontre d'organisations d'aide humanitaire.

Lors des dernières négociations de paix, négociateurs et observateurs étrangers ont pour la première fois évoqué une possible amnistie pour ces crimes, ainsi que pour les massacres de dizaines de milliers d'autres civils, victimes de cette guerre longue de six ans.

"Une amnistie au Burundi est précisement ce qu'il faut éviter", affirme Peter Takirambudde, Directeur Exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch. " Nombre des tueries perpétrés au Burundi, qu'ils aient été commis par des Tutsi ou des Hutu, constituent des crimes contre l'humanité. Une commission de l'ONU a qualifié certains d'entre eux de génocide. Comment pourrait-il y avoir le moindre espoir de justice et d'ordre, si des crimes d'une telle ampleur restaient impunis?"

Human Rights Watch demande avec insistance la création d'une nouvelle division au sein du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, qui aurait pour mandat de juger les crimes commis au Burundi. L'organisation des droits de l'homme recommande également que des juristes étrangers se joignent aux tribunaux burundais afin que soient jugés plus rapidement les milliers de personnes qui, depuis 1993, ont été accusés de tueries ethniques ou d'autres crimes.

"Si le Burundi ne parvient qu'à une paix bancale et vide de justice, cela aura des conséquences dans toute la région", prévient Peter Takirambudde. "Etant donné l'importance des tensions ethniques en Afrique centrale, ne pas insiter sur la nécessité de juger les crimes perpétrés au Burundi équivaut à encourager les dirigeants peu scrupuleux à choisir le massacre ethnique comme instrument de pouvoir. Par ailleurs, voyant les meurtriers échapper à la justice, la population sera plus encline à se cristalliser sur les différences ethniques."

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