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A man wearing a face mask rides in an almost empty bus in Cairo, Egypt, March 30, 2020.

Des services de santé décimés par la guerre : le Covid-19 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Un homme portant un masque facial regarde à travers la fenêtre d’un bus au Caire, en Égypte, le 30 mars 2020. © 2020 Gehad Hamdy/picture-alliance/dpa/AP Images

Le système de santé syrien a été décimé par la guerre, tout comme celui du Yémen et de la Libye. En outre, les nombreux réfugiés et migrants au Moyen-Orient sont particulièrement exposés aux risques liés à la pandémie. Les personnes démunies qui se retrouvent sans la possibilité de travailler en raison des mesures de confinement sont confrontées au risque de la faim. Eric Goldstein, directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord, s'entretient avec Amy Braunschweiger sur les réponses gouvernementales  - qu’elles soient bonnes ou mauvaises – au Covid-19, et sur l’importance d’une approche fondée sur le respect des droits humains, pour faire face à cette crise de santé publique.

Quelles sont vos principales préoccupations concernant la propagation du coronavirus au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ?

Un membre de la Défense civile syrienne, un groupe également connu sous le nom de Casques blancs, pulvérise un produit désinfectant devant la porte d'un hôpital à Idlib, en Syrie, le 22 mars 2020. © 2020 Anas Alkharboutli/picture-alliance/dpa/AP Images

La première source d’inquiétude concerne les pays en conflit, notamment le Yémen, la Syrie et la Libye, ainsi que la bande de Gaza, densément peuplée et sous occupation israélienne. Parmi les autres populations vulnérables figurent les réfugiés et les migrants, tout comme les personnes en prison ou en détention. Nous savons aussi que les personnes âgées et les personnes handicapées sont particulièrement exposées a des risques, ayant plus de mal à accéder non seulement aux soins de santé, mais aussi à des informations sur le coronavirus.

Et puis il y a les personnes pauvres, tous les gens sans sécurité financière qui ne savent pas comment ils auront de quoi payer pour des repas dans les semaines à venir, si le confinement se prolonge. Ces personnes pourraient aussi avoir d’autres problèmes de santé,  avec un accès plus limité aux soins de santé que les citoyens plus fortunés.

Je m'inquiète aussi au sujet des nombreux enfants ne pouvant plus aller à l'école, et qui n’ont pas tous la possibilité de poursuivre leur éducation à la maison.

Quels sont les pays de la région qui sont le plus exposés aux risques liés au coronavirus?

Les conflits en cours depuis plusieurs années au Yémen et en Syrie ont décimé les systèmes de soins de santé dans ces pays. Les frappes menées par l'alliance militaire syro-russe dans les régions de la Syrie tenues par des forces antigouvernementales ont détruit des hôpitaux et des cliniques, et ont conduit au déplacement  de plus d'un million de personnes. Les gens vivent dans des tentes ou dehors, sans accès à l'eau salubre qui est pourtant essentielle pour de bonnes pratiques hygiéniques, et sans pouvoir maintenir la distanciation sociale recommandée.

Au Yémen, comme en Syrie, la malnutrition et la fréquence d’autres maladies signifient que les personnes qui contractent le Covid-19 sont moins susceptibles de s’en remettre. Au Yémen, plus de la moitié de tous les établissements de santé sont fermés ou ne fonctionnent que partiellement. Des frappes ont été menées d’une part par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, et d’autre part par les rebelles houthis, contre des installations médicales et du personnel médical tout au long du conflit. Ces attaques ont fini par contraindre de nombreux professionnels de la santé à fuir le Yémen.

Le déclin du système de santé libyen s’est accéléré pendant le conflit dans l’ouest de la Libye. Ce pays n’est pas en mesure de fournir des soins adéquats aux milliers de détenus qui vivent dans des prisons surpeuplées et insalubres, ni aux migrants enfermés dans des centres de détention dans des conditions abusives.

Un travailleur de la santé palestinien pulvérise un produit désinfectant dans le camp de Nahr al-Bared à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, afin d’y prévenir la propagation du coronavirus, le 29 mars 2020. © 2020 Yousef Masoud/INA Photo Agency/ Sipa via AP Images

La fermeture de la bande de Gaza par Israël depuis 13 ans signifie que le système de santé y est défaillant. Les Palestiniens vivant à Gaza ont besoin de la permission d'Israël pour se rendre en Cisjordanie, à Jérusalem-Est, en Israël ou ailleurs afin d’obtenir des soins médicaux spéciaux. En raison des nouvelles restrictions liées au coronavirus, Israël risque de réduire davantage encore le nombre de permis accordés aux Palestiniens afin qu’ils puissent provisoirement quitter Gaza pour obtenir des soins médicaux.

En outre, la bande de Gaza est l'un des lieux les plus densément peuplés dans le monde, ce qui rend la distanciation social particulièrement difficile.

Les travailleurs migrants vivent souvent dans des logements surpeuplés et insalubres, ce qui augmente le risque d'infection. Au Qatar, les autorités ont imposé des mesures de confinement dans les zones où vivent de nombreux travailleurs migrants, souvent dans des conditions de surpeuplement. Dans les divers États du Golfe, il est à craindre que les travailleurs migrants n’aient pas un accès suffisant aux informations sur le Covid-19, ni aux tests de dépistage ou traitements médicaux.

Dans des pays comme les Émirats arabes unis, le Liban et la Jordanie, de nombreuses travailleuses domestiques migrantes cuisinent, font le ménage et s’occupent des enfants dans des conditions parfois proches de l'exploitation. Elles pourraient voir leur situation se détériorer davantage encore, en raison de la pandémie.

Suite de l'entretien, en anglais :

www.hrw.org/news/2020/04/16/when-health-care-decimated-war-covid-19-middle-east-and-north-africa

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