(Beyrouth, le 3 juin 2019) – Les forces armées russes et syriennes ont utilisé de manière indiscriminée des armes interdites en vertu du droit international contre des zones civiles dans le nord-ouest de la Syrie au cours des dernières semaines, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Selon les Nations Unies, cette région est actuellement habitée par environ trois millions de civils, dont au moins la moitié sont des personnes déplacées ayant fui d’autres régions du pays.
Depuis le 26 avril 2019, l'alliance militaire russo-syrienne a mené quotidiennement des centaines d'attaques contre des groupes antigouvernementaux dans les gouvernorats d'Idlib, de Hama et d’Alep,, tuant environ 200 civils, dont 20 enfants. L’alliance a utilisé contre des zones civiles densement peuplées des armes à sous-munitions et des armes incendiaires, pourtant interdites selon le droit international, ainsi que des barils d’explosifs (« barrel bombs ») largués sur ces zones, d’après des secouristes, des témoins et des informations disponibles via des sources en accès libre. Le 17 mai, le Conseil de sécurité des Nations Unies a tenu une deuxième réunion d'urgence au sujet de la situation dans le nord-ouest de la Syrie, sans pour autant élaborer une stratégie précise pour protéger les civils qui y résident.
« L'alliance militaire russo-syrienne utilise de manière indiscriminée contre des civils piégés une panoplie d'armes pourtant interdites par le droit international », a déclaré Lama Fakih, directrice par intérim de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Entretemps, la Russie exploite sa présence au Conseil de sécurité des Nations Unies pour se protéger et pour protéger son allié à Damas, et pour poursuivre ces exactions contre des civils. »
Les armes à sous-munitions peuvent être lancées depuis le sol par des systèmes d’artillerie, des roquettes et des projectiles, ou bien larguées depuis le ciel. Elles explosent généralement dans l’air, dispersant plusieurs petites bombes, ou sous-munitions, au-dessus d’une vaste zone. De nombreuses sous-munitions n'explosent toutefois pas lors de l'impact initial, ce qui laisse au sol de dangereux fragments explosifs qui, à l'instar des mines terrestres, peuvent mutiler et tuer, des années après.
Les armes incendiaires, qui produisent de la chaleur et du feu par le bais de la réaction chimique d’une substance inflammable, provoquent des brûlures atroces et sont capables de détruire des maisons et d’autres structures civiles.
La Convention de 2008 sur les armes à sous-munitions interdit l'utilisation d'armes à sous-munitions, tandis que le Protocole III de la Convention sur les armes classiques interdit certaines utilisations des armes incendiaires. La Russie et la Syrie ne font pas partie des 120 pays ayant adhéré à la Convention sur les armes à sous-munitions, mais la Russie est un État partie au Protocole sur les armes incendiaires.
Communiqué complet en anglais :
www.hrw.org/news/2019/06/03/russia/syria-flurry-prohibited-weapons-attacks
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Dans les médias
Le Figaro La Croix Libération RFI
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#Syrie : Les forces #russes et #syriennes ont intensifié leur recours à des armes interdites, comme les bombes à sous-munitions et les armes incendiaires, à #Idlib et ailleurs. HRW appelle d’urgence à protéger les civils. https://t.co/Zfkai9vfpL #crimesdeguerre #ONU
— HRW en français (@hrw_fr) 3 juin 2019
« Idlib, c’est une gigantesque prison sur laquelle on expérimente tous les types de bombes possibles. » https://t.co/4yS6cxuFc1
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Dans la région syrienne d’#Idlib, un lourd bilan pour les civils. HRW dénonce le recours par la #Russie et la #Syrie à des "armes bannies internationalement", dont des armes à sous-munitions, des armes incendiaires et des barils d’explosifs. https://t.co/XpubOpsfVh via @LaCroix
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#Syrie : #Idlib sous le feu de l’indifférence. Les ONG (dont HRW) appellent d’urgence à faire cesser les "bombardements indiscriminés contre les civils et surtout les frappes contre les structures médicales." https://t.co/KPLd2F8sU6 via @LibeMonde @LucMathieuLibe @HalaKodmani
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#Syrie : contre-offensive violente dans les provinces d’#Hama et d’#Idlib. HRW accuse les forces syro-russes d'avoir utilisé des armes à sous-munitions, des armes incendiaires et des barils d’explosifs contre des zones civiles. https://t.co/6cyR7ukfBJ via @RFI @Khalifehpaul
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2020
Le silence de l'#ONU face aux bombardements #russes en #Syrie. Ce refus d'incriminer la Russie est dénoncé par plusieurs observateurs dont @loucharbon @hrw, qui rappelle qu'il s'agit de "potentiels #crimesdeguerre". https://t.co/iojw4Ew85o via @lemondefr @carrienooten
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