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La junte du Myanmar a dissous des partis politiques

L'armée cherche à légitimer son pouvoir par le biais d’une mascarade électorale

Aung San Suu Kyi photographiée à Naypyidaw, au Myanmar le 19 septembre 2017. Trois ans et demi plus tard, en février 2021, elle a été arrêtée lors du coup d’État militaire perpétré dans ce pays. © 2017 Reuters

La junte militaire du Myanmar a annoncé cette semaine que la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) faisait partie des 40 partis politiques et autres groupes dissous pour ne pas avoir respecté le délai d'enregistrement des partis politiques imposé par la nouvelle loi sur l'enregistrement des partis politiques.

La junte, qui a mené un coup d'État militaire le 1er février 2021, affirme vouloir organiser des élections et a promulgué la loi sur l'enregistrement des partis le 26 janvier. Cependant, ses dispositions semblent destinées à retarder indéfiniment, plutôt qu'à faciliter, le retour du Myanmar à la démocratie civile. 

La nouvelle loi exige que les partis politiques se réenregistrent dans les 60 jours ou soient dissous. Mais de nombreux partis – y compris la NLD – ont refusé d'obtempérer, affirmant que l'oppression militaire en cours empêche les élections proposées d'être crédibles.

Lors du coup d'État de février 2021, l'armée  a renversé le gouvernement nouvellement élu dirigé par la NLD et a ordonné la détention d'élus civils. La junte a depuis commis de nombreuses exactions, notamment des crimes contre l'humanité contre des manifestants et des activistes, et des crimes de guerre dans les régions habitées par des minorités ethniques. La junte a également sévèrement restreint les libertés d'expression, d'association et de réunion.

La loi sur l'enregistrement favorise intrinsèquement l'armée en interdisant à toute personne reconnue coupable d'un crime de rejoindre un parti, disqualifiant de fait de nombreux dirigeants de l'opposition, y compris la dirigeante de la NLD Aung San Suu Kyi et le président Win Myint, qui purgent tous deux de longues peines pour des accusations à motivation politique. 

En vertu de la nouvelle loi et des ordonnances antérieures de loi martiale, toute élection serait dominée par les partis politiques soutenus par la junte et l'armée elle-même, qui détient déjà 25 % des sièges dans les législatures nationales et locales en vertu de la Constitution de 2008. Mais la junte semble toujours déterminée à empêcher les sondages d’inclure la NLD et les autres partis politiques indépendants et à installer ses propres partis à leur place.

Face à une oppression politique à grande échelle, des élections véritablement libres et équitables ne sont pas possibles au Myanmar dans un avenir prévisible. Les gouvernements préoccupés, y compris les partenaires régionaux tels que l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), le Japon et l'Inde, ne devraient pas être dupes en pensant que les nouvelles lois et réglementations électorales de la junte peuvent servir de base à un processus électoral crédible. Au lieu de cela, ils devraient reconnaître que la junte tente simplement de légitimer le régime militaire par le biais d’une mascarade électorale.

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