Le Président français se rendra aux Émirats arabes unis (EAU), en Arabie saoudite et au Qatar cette semaine, accompagné d'une large délégation de ministres et de chefs d’entreprises français. Alors qu’il conclura vraisemblablement les négociations relatives à un contrat d’armement aux EAU, Emmanuel Macron devrait dénoncer les violations des droits humains dans ces trois pays.
Selon les médias, la visite d’Emmanuel Macron aux EAU le 3 décembre, en plus de la célébration de leur cinquantième anniversaire, aurait pour principal objet la vente par la France de plusieurs dizaines d’avions de combat Rafales, produits par l’entreprise française Dassault Aviation. La France procède à ces ventes en dépit du fait que les EAU ont joué un rôle de premier plan dans les opérations militaires entachées d’atrocités menées par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen. Les EAU étaient également parties au conflit libyen qui a pris fin en 2020, où les forces émiraties ont tué des civils lors de frappes aériennes et de drones illégales, et fourni des armes et des munitions à des forces locales responsables de graves abus. Les EAU étaient dans le top 5 des plus gros clients de la France en matière d’armement entre 2011 et 2020.
Emmanuel Macron se rendra ensuite en Arabie saoudite, plus gros acheteur d’armes françaises en 2020. Le gouvernement français s'est entêté à poursuivre ses exportations d'armes vers l'Arabie saoudite, au mépris des experts des Nations unies qui ont appelé la France et d'autres États à cesser leurs exportations vers la coalition, en raison du risque que ces armes soient utilisées pour commettre des attaques illégales, voire des crimes de guerre.
Le soutien de la France aux EAU et à l’Arabie saoudite est d’autant plus choquant que leurs dirigeants ont échoué à améliorer le bilan désastreux de leur pays en matière de droits humains, derrière leurs efforts considérables pour se présenter sur la scène internationale comme progressistes et tolérants. S’il y a très peu d’espoir de voir Emmanuel Macron conditionner le soutien de la France à des progrès concrets dans ce domaine, il devrait au minimum profiter de sa visite aux EAU pour appeler publiquement à la libération d’Ahmed Mansour et d’autres dissidents injustement détenus. De même, en Arabie saoudite, il devrait aborder le meurtre atroce dont Jamal Khashoggi a été victime en 2018. Rester silencieux sur ces sujets reviendrait à passer l’éponge sur ces violations extrêmement graves des droits humains.
Au Qatar, Emmanuel Macron devrait évoquer les abus commis à l'encontre des travailleurs migrants dans le cadre de la Coupe du monde de football qui s’y tiendra en 2022.
Les ventes d’armes et la protection par la France de partenariats militaires problématiques au nom de la lutte antiterroriste et au prix des droits humains resteront une tâche sur le bilan diplomatique d’Emmanuel Macron.