Demain, les parlementaires britanniques organiseront un débat particulièrement opportun sur la situation des migrants et des demandeurs d’asile à Calais, un an après la démolition du camp désigné sous le terme de « jungle ».
Cette discussion est d’une importance cruciale, compte tenu des conditions de vie à Calais, qui demeurent sombres. Alors que l’arrivée de l’hiver est imminente, entre 700 et un millier de migrants continuent de dormir dehors et dépendent largement de l’assistance fournie par les organisations humanitaires. Parmi eux, figurent au moins une centaine de mineurs, comme « Daniel », un Éthiopien âgé de 17 ans, avec lequel je me suis entretenue en juin. Intelligent et sympathique, Daniel m’a confié ne pas avoir dîné la veille parce qu’il avait dû fuir la police qui dispersait les migrants à l’aide de gaz lacrymogènes. Deux jours auparavant, a-t-il dit, la police lui avait confisqué ses couvertures et son sac de couchage. Ces couvertures, il ne les aura gardées qu’un jour en tout.
Nombre de migrants ont relaté des situations similaires : la police use régulièrement de gaz lacrymogènes contre eux pendant leur sommeil, pulvérise ou confisque leurs sacs de couchage, couvertures, vêtements et parfois leur nourriture et leur eau. L’UNICEF et une mission d’enquête indépendante ont récemment tiré la sonnette d’alarme, affirmant que les mineurs de Calais s’exposent à des risques d’exploitation sexuelle, de violences et de traite. La semaine dernière, une enquête du gouvernement français a reconnu la crédibilité de nos conclusions.
Le débat de demain devrait porter sur les devoirs et responsabilités du Gouvernement britannique pour venir en aide aux mineurs du camp de Calais. Ceux-ci restent en France, même lorsqu’ils peuvent être admis au Royaume-Uni en vertu de la réglementation européenne sur l’asile fondée sur le regroupement familial, d’après un rapport récent. Il existe des voies légales pour faire venir ces mineurs, mais la procédure de regroupement familial a été lente, arbitraire et dénuée de transparence. L’an dernier, Human Rights Watch a constaté que certains enfants dont des parents se trouvent au Royaume-Uni n’y ont pas été admis après la fermeture du camp.
Pour les mineurs de Calais sans famille au Royaume-Uni, une disposition humanitaire de la loi britannique sur l’immigration, l’amendement Dubs, autorisait jusqu’en février dernier le Gouvernement à les admettre s’ils étaient demandeurs d’asile ou réfugiés non accompagnés. Cependant, le Royaume-Uni a appliqué des critères stricts d’âge et de nationalité dans la mise en œuvre de cette disposition avant d’y mettre fin en février. Au total, le Royaume-Uni a permis à 480 mineurs en provenance de France, d’Italie et de Grèce d’être admis au Royaume-Uni en vertu de l’amendement Dubs, tous en 2016.
Le Royaume-Uni peut mieux faire.
Il est temps pour le gouvernement britannique d’agir et d’aider ces mineurs. Rétablir l’amendement Dubs serait une première étape bienvenue. Les autorités devraient également tout mettre en œuvre pour que la procédure de regroupement familial fonctionne sans heurts et rapidement.