(Beyrouth, le 13 novembre 2015) – Le double attentat-suicide perpétré dans le quartier résidentiel de Bourj al-Barajneh à Beyrouth le 12 novembre est un acte cruel et abject, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Selon un quotidien local, cet attentat a fait plus de 40 morts et de 200 blessés. Le groupe extrémiste État islamique (EI) a revendiqué la responsabilité de l’attaque.
Selon l’Armée libanaise, deux kamikazes traversant à pied des rues bondées du secteur Ain al-Sikkeh de Bourj al-Barajneh ont fait exploser leurs ceintures d’explosifs à quelques minutes l’un de l’autre, vers 18 heures. Un troisième kamikaze a été retrouvé mort sur les lieux de l’attentat avant d’avoir pu faire exploser sa ceinture d’explosifs, a rapporté un site d’actualité local. Cette attaque est la première à avoir frappé la capitale du Liban depuis l’attentat-suicide d’un kamikaze dans un hôtel en juin 2014.
« L’attentat meurtrier à Beyrouth témoigne du mépris total des assaillants pour la vie humaine », a déclaré Nadim Houry, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Face à de telles horreurs, il incombe aux autorités libanaises de faire preuve, dans le cadre de leur réaction, d’un engagement ferme envers le respect de la loi, et de maintenir le calme en empêchant des attentats de représailles. »
Au cours des dernières années, la violence a débordé de la Syrie vers le Liban – sous forme d’enlèvements, de bombardements transfrontaliers et d’attentats à la voiture piégée. Plusieurs groupes extrémistes syriens, y compris Jabhat al-Nosra, ont revendiqué la responsabilité d'une série d'attentats à la bombe dans les banlieues de Beyrouth en 2013 et 2014. Ces attaques ont fait des dizaines de morts.
Human Rights Watch a documenté des agressions perpétrées par des citoyens libanais contre des Syriens se trouvant au Liban, suite aux affrontements à Arsal, en août 2014, entre l’Armée libanaise et l’EI ainsi que Jabhat al-Nosra, et à l’exécution ultérieure de soldats libanais par ces groupes armées. Ces agressions contre des Syriens, la plupart des réfugiés, ont été commises dans un climat de discrimination et d’indifférence officielle.
Les autorités libanaises devraient prendre toutes les mesures appropriées pour apaiser les tensions et prévenir une éruption potentielle de nouvelles violences suite à cette attaque. Toute enquête sur le double attentat devrait veiller au respect des droits garantis par une procédure judiciaire régulière, a déclaré Human Rights Watch.
« Nos pensées vont aux victimes et à leurs proches », a ajouté Nadim Houry. « Les autorités libanaises devraient veiller à ce que tous les responsables de cet attentat soient traduits en justice. »