- Au moins cinq missiles balistiques iraniens ont frappé des zones peuplées d’Israël au cours du conflit armé de juin 2025, violant les lois de la guerre. Ces violations devraient faire l’objet d’une enquête sur d’éventuels crimes de guerre.
- Les attaques de missiles balistiques iraniennes répondaient à une série d’attaques de la part d’Israël contre l’Iran, qui avait commencé le 13 juin et qui, avec l’implication directe des États-Unis, s’était poursuivie jusqu’au 25 juin. Les missiles ont atteint des domiciles civils distants de 1,5 à 9 kilomètres de sites militaires israéliens ; l’un d’eux a touché un hôpital.
- Les gouvernements ont l’obligation d’enquêter sur les allégations de crimes de guerre commis par des membres de leurs forces armées, ou sur leur propre territoire. Les individus responsables devraient être poursuivis de manière appropriée.
(Jérusalem, 4 septembre 2025) – Au moins cinq missiles balistiques iraniens ont frappé des zones peuplées d’Israël au cours du conflit armé de juin 2025, violant les lois de la guerre. Ces violations devraient faire l’objet d’une enquête sur d’éventuels crimes de guerre, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ces cinq missiles, qui ont tué vingt civils et endommagé un hôpital, faisaient partie d’une cinquantaine de missiles ayant touché Israël, sur les 550 lancés au total.
Les attaques de missiles balistiques iraniens répondaient à une série d’attaques de la part d’Israël contre l’Iran, qui avait commencé le 13 juin et qui, avec l’implication directe des États-Unis, s’était poursuivie jusqu’au 25 juin. Human Rights Watch a documenté cinq frappes lors desquelles les missiles balistiques iraniens ont atteint des domiciles civils distants de 1,5 à 9 kilomètres de sites militaires israéliens. Quatre de ces tirs ont tué et blessé des civils dans les villes de Bat Yam, Tamra, Be’er Sheva et Petah Tikva ; le cinquième tir a frappé le Centre médical Soroka (Soroka Medical Center) à Be’er Sheva, y blessant des patients et des membres du personnel.
« Même si relativement peu de missiles balistiques iraniens ont pu percer les systèmes de défense israéliens au cours de ce conflit de douze jours, ceux qui y sont parvenus ont souvent frappé des zones peuplées, sans cibles militaires évidentes », a déclaré Ida Sawyer, directrice de la division Crises, conflits et armes à Human Rights Watch. « Les tirs contre les structures civiles sans objectif militaire sont des attaques indiscriminées et illégales. Les responsables sont passibles de poursuites pour crimes de guerre. »
Human Rights Watch a, par ailleurs, précédemment publié des rapports sur les attaques israéliennes contre des zones peuplées d’Iran, en violation des lois de la guerre.
L’armée israélienne a rapporté que les tirs iraniens, au cours des douze jours qu’ont duré les hostilités, ont tué en Israël trente civils et un soldat en permission, envoyé plus de 3 300 personnes à l’hôpital – dont 23 gravement blessées – et déplacé plus de 15 000 personnes. L’armée israélienne a déclaré que l’Iran avait lancé 550 missiles balistiques, dont 36 ont frappé des zones peuplées. Les missiles restants ont été interceptés, ont frappé des cibles militaires ou leurs environs, sont tombés loin des zones peuplées ou ont connu des défaillances sur leur trajet.
En juin et juillet 2025, une équipe de recherche de Human Rights Watch s’est rendue en huit lieux ayant subi des frappes, dont les cinq documentées, et s’est entretenue avec trente victimes et témoins. Les chercheurs ont également analysé des images satellitaires et vérifié des photographies et vidéos publiées sur les médias sociaux. Le 18 août, Human Rights Watch a écrit aux autorités iraniennes, avec des questions spécifiques concernant les tirs, mais n’a reçu aucune réponse. De même, Human Rights Watch a sollicité à plusieurs reprises le point de vue des autorités israéliennes, qui n’ont pas répondu.
Human Rights Watch a constaté que les attaques iraniennes avaient été effectuées à l’aide de missiles balistiques qui délivraient des ogives explosives ayant une masse comprise entre 500 et 1 000 kilogrammes. Contrairement à de nombreuses roquettes non guidées, les missiles balistiques ne sont pas considérés, en soi, comme des armes indiscriminées. La portée et l’ampleur des dégâts que les explosions ont infligés aux bâtiments endommagés – y compris les larges impacts de cratères et les ondes de choc qui en ont résulté – ne pouvaient être causés que par des ogives de cette taille, et non pas les systèmes de défense antimissile israéliens, a conclu Human Rights Watch.
Sites des cinq frappes de missiles iraniens en Israël, documentées par Human Rights Watch
À Tamra, dans le nord d’Israël, le soir du 14 juin, l’épouse, la belle-sœur et deux filles de Raja Khatib, un avocat palestinien de nationalité israélienne, ont été tuées par l’explosion d’un missile sur le toit de leur maison. « J’ai ressenti l’explosion », a-t-il témoigné. « L’électricité a été coupée. Le bruit était terrifiant. J’ai pensé que j’étais mort. »
À Bat Yam, une ville côtière au sud de Tel Aviv, un missile a frappé un immeuble de douze étages le 15 juin, tuant neuf civils, dont trois enfants. Elias Mughrabi, 44 ans, qui dormait au troisième étage, a déclaré qu’après la frappe, « trois appartements différents ne faisaient plus qu’un [...] car toutes les cloisons qui les séparaient avaient été détruites instantanément ».
À Be’er Sheva, une ville du sud d’Israël, un missile iranien a frappé le Centre médical Soroka (Soroka Medical Center) le 19 juin. Puis le 24 juin, un autre missile iranien a frappé un bâtiment résidentiel dans cette ville, y tuant quatre civils.
Les autorités iraniennes n’ont émis aucun avertissement avant les cinq frappes documentées, ni rapporté publiquement quelles étaient les cibles de quatre d’entre elles. Le ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas Araghchi, dans ses publications sur X, a indiqué que l’hôpital de Soroka n’était pas la cible visée, tout en suggérant sans aucun fondement que c’était une cible militaire légitime.
Le conflit entre Israël et Iran est considéré comme un conflit armé international, soumis aux lois de la guerre. Tous les belligérants ont l’obligation de faire la distinction entre combattants et civils et ils ne peuvent diriger leurs attaques que contre des objectifs militaires. Les attaques délibérées et sans discrimination contre les personnes et objets civils, ainsi que celles qui causent des atteintes disproportionnées aux civils, sont prohibées. Parmi les attaques sans discrimination, figurent celles qui ne sont pas dirigées vers un objectif militaire précis, qui emploient des armes ou des tactiques ne pouvant pas être dirigées contre un objectif militaire précis ou dont les effets ne peuvent pas être limités comme le droit l’exige.
Les belligérants doivent prendre toutes les précautions possibles pour garantir que les attaques ciblent des objectifs militaires et que les civils reçoivent des avertissements efficaces, à moins que les circonstances ne le permettent pas.
Les individus qui ordonnent, commettent ou soutiennent de graves violations des lois de la guerre dans une intention criminelle – c’est-à-dire délibérément ou imprudemment – sont responsables de crimes de guerre.
Les cinq tirs de missiles iraniens documentés étaient indiscriminés à cause de l’absence de cible militaire, parce que les circonstances ne permettaient pas de diriger ces armes vers une cible militaire précise ou parce que les effets de l’arme n’ont pas pu être suffisamment limités.
Les gouvernements ont l’obligation d’enquêter sur les allégations de crimes de guerre commis par des membres de leurs forces armées, ou sur leur propre territoire. Les individus responsables devraient être poursuivis de manière appropriée.
L’emploi d’armes explosives de grande portée, telles que les missiles balistiques, dans des zones peuplées, représente une grave menace pour les civils, notamment en augmentent le risque d’attaques sans discrimination. Outre les dommages immédiats aux personnes et structures civiles, les dégâts causés aux infrastructures critiques comme les hôpitaux peuvent avoir des effets décuplés ou à long terme. Ni l’Iran ni Israël n’ont soutenu la Déclaration politique de 2022 s’engageant à adopter et appliquer des politiques et pratiques nationales visant à réduire les dommages civils en se gardant de se servir d’armes explosives dans les zones peuplées et en restreignant leur usage.
« Les tirs de missiles sans discrimination effectués par l’Iran en réponse aux attaques israéliennes ont tué et blessé des dizaines de civils dans plusieurs lieux d’Israël, et bouleversé la vie de personnes encore plus nombreuses », a conclu Ida Sawyer. « Les auteurs de ces attaques illégales commises par l’un ou l’autre belligérant devraient en être tenus responsables. »
Suite en anglais, comprenant des informations plus détaillées sur les cinq frappes iraniennes.
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