- Les forces armées israéliennes ont causé des décès de patients palestiniens et des souffrances évitables quand elles ont occupé des hôpitaux dans la bande de Gaza lors des hostilités qui se poursuivent ; ces actes ont constitué des crimes de guerre.
- Les privations d’eau et les coupures d’électricité imposées par l’armée israélienne ont entraîné la mort de personnes malades ou blessées ; des soldats ont maltraité et déplacé de force des patients et des professionnels de santé, et ont endommagé ou détruit des hôpitaux.
- Les autorités israéliennes n’ont pas ouvert d’enquête sur les terribles abus commis par leurs forces armées. Les auteurs de ces abus, y compris des responsables israéliens de haut rang, devraient être amenés à rendre des comptes.
(New York) – Les forces armées israéliennes ont causé des décès de patients palestiniens et des souffrances évitables quand elles ont occupé des hôpitaux dans la bande de Gaza lors des hostilités qui se poursuivent, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui ; ces actes ont constitué des crimes de guerre.
Des témoins dans trois hôpitaux ont affirmé à Human Rights Watch que les forces israéliennes ont privé les patients d’électricité, d’eau, de nourriture et de médicaments ; tiré sur des civils ; maltraité des personnels de santé ; et détruit délibérément des installations médicales et des équipements. Des évacuations forcées illégales ont exposé des patients à de graves risques et rendu hors d’état de fonctionner des hôpitaux dont la population a désespérément besoin.
« Les forces israéliennes ont fait preuve à plusieurs reprises d’une cruauté meurtrière vis-à-vis des Palestiniens hospitalisés dans les établissements qu’elles ont saisis », a déclaré Bill Van Esveld, directeur adjoint de la division Droits des enfants à Human Rights Watch. « Les privations d’eau et les coupures d’électricité imposées par l’armée israélienne ont entraîné la mort de personnes malades ou blessées, les soldats ont maltraité et déplacé de force des patients et des prestataires de soins, et ont endommagé ou détruit des hôpitaux. »
Les autorités israéliennes n’ont pas annoncé l’ouverture d’enquêtes sur les graves violations présumées du droit international humanitaire, y compris d’apparents crimes de guerre, commises par les forces armées terrestres israéliennes lorsqu’elles avaient le contrôle de ces hôpitaux, parmi d’autres. Des évacuations forcées illégales d’hôpitaux, effectuées sciemment dans le cadre de la politique de déplacement forcé de Palestiniens de Gaza mise en œuvre par le gouvernement israélien, constitueraient des crimes contre l’humanité.
Human Rights Watch a mené des entretiens avec neuf patients et deux professionnels de santé qui étaient présents quand les forces israéliennes ont investi et occupé le complexe médical Al-Shifa à Gaza en novembre 2023, puis de nouveau en mars 2024 ; l’hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia en janvier 2024 ; et le complexe médical Nasser à Khan Younis en février 2024. Le ministère de la Santé de Gaza a affirmé que 84 patients, et peut-être beaucoup plus, sont morts par manque de soins dans ces trois hôpitaux durant ces périodes, sans compter les personnes tuées par les bombardements ou les tirs d’armes individuelles.
Les forces israéliennes occupant des hôpitaux ont gravement interféré dans le traitement de patients blessés et malades. Des membres des personnels de santé ont affirmé que les forces israéliennes ont rejeté les demandes de médecins d’apporter des médicaments et des fournitures aux patients et ont bloqué les accès aux hôpitaux et aux ambulances, entraînant la mort de personnes blessées ou souffrant d’une maladie chronique, y compris des enfants sous dialyse.
Ansam al-Sharif, qui était hospitalisée après avoir perdu une jambe lors d’une frappe aérienne israélienne et nécessitait des béquilles pour se déplacer, a affirmé que les soldats israéliens ont dit aux patients à l’hôpital Nasser de dormir à l’étage mais de descendre au rez-de-chaussée de 7 heures du matin à 21 heures, le soir. « Nous sommes restés là pendant quatre jours sans nourriture, ni eau, ni médicaments », a-t-elle dit. Ansam Al-Sharif a été témoin de la mort de quatre patients plus âgés pendant cette période.
Les forces israéliennes ont fait évacuer des hôpitaux de force et exposé des patients, des personnels de santé et des personnes déplacées à de graves risques. Elles ont ordonné à des patients de quitter ces hôpitaux sans assistance, y compris ceux qui avaient besoin de civières ou de fauteuils roulants. Elles n’ont que rarement facilité les transferts vers d’autres établissements médicaux, lesquels n’étaient parfois pas en mesure d’assurer des soins. Après avoir évacué certains bâtiments hospitaliers, les forces israéliennes les ont illégalement incendiés ou détruits.
Des soldats israéliens ont commis des abus à l’encontre de patients, de membres du personnel médical et de personnes déplacées dans les hôpitaux. Ils ont tué des civils par balles, tiré sur des prestataires de soins et maltraité des personnes qui étaient sous leur contrôle.
Human Rights Watch a précédemment documenté des attaques israéliennes illégales d’hôpitaux et d’ambulances, ainsi que la détention arbitraire et la torture de professionnels de santé. À la date de septembre 2024, seulement quatre des 36 hôpitaux de Gaza n’avaient pas été endommagés ou détruits par les forces israéliennes, a affirmé l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce qui pose une menace critique pour la santé, à court et à long terme, de la population.
Depuis les attaques menées par le Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, les autorités israéliennes ont délibérément imposé des conditions de vie précaires, voire mortelles, à la population palestinienne de Gaza, notamment en la privant systématiquement de nourriture, d’eau et d’autres biens nécessaire à la survie comme les médicaments, ce qui équivaut au crime contre l’humanité d’extermination, ainsi que des actes de génocide.
Depuis le 2 mars 2025, le gouvernement israélien a de nouveau bloqué l’acheminement d’aide humanitaire à Gaza, y compris de carburant, en violation flagrante du droit international humanitaire. Le 18 mars, l’armée israélienne a lancé une nouvelle vague de frappes aériennes et de tirs d’artillerie contre la bande de Gaza, tuant plus de 400 personnes, selon le ministère de la Santé de Gaza.
« L’occupation par l’armée israélienne des hôpitaux de Gaza a transformé des sites destinés aux soins médicaux et à la guérison en centres de mort et de mauvais traitements », a conclu Bill Van Esveld. « Les responsables de ces horribles abus, y compris des dirigeants israéliens de haut rang, devraient être amenés à rendre des comptes. »
Suite en anglais, comprenant des informations plus détaillées.
…………..
Médias