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Ukraine : Des attaques meurtrières russes ont tué et blessé des civils à Kharkiv

Des armes explosives ont tué et blessé des civils, détruit des domiciles et endommagé des infrastructures vitales

Un habitant de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, photographié le 3 mars 2022 dans la cour de son immeuble, gravement endommagé par un raid aérien russe. © 2022 AP Photo/Andrew Marienko

(Lviv, le 18 mars 2022) – Plus de 450 civils auraient été tués ou blessés au cours des 11 premiers jours de la guerre à Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, suite aux frappes aériennes et aux tirs d’artillerie russes sur des zones peuplées, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les attaques ont endommagé des bâtiments civils, notamment des immeubles résidentiels, des écoles, des lieux de culte et des magasins, empêchant l’accès à la nourriture et aux médicaments. Elles ont également endommagé les infrastructures de la ville, privant les civils de services vitaux tels que l’électricité, le chauffage et l’eau.

Human Rights Watch a constaté que la Russie avait eu recours à des armes à sous-munitions et à des armes explosives à large rayon d’impact dans des zones fortement peuplées de Kharkiv, dans le cadre d’attaques apparemment indiscriminées et disproportionnées. Les bombardements indiscriminés dans des zones fortement peuplées violent le droit humanitaire international et peuvent constituer un crime de guerre.

 « À Kharkiv, les forces russes ont fait preuve de mépris pour la vie des civils en menant des attaques répétées et apparemment indiscriminées contre des zones peuplées », a déclaré Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Les commandants militaires russes pensaient peut-être pouvoir ignorer les lois de la guerre lors de leur assaut contre Kharkiv, mais la Cour pénale internationale est compétente pour juger les crimes de guerre commis là-bas, et les responsables de ces attaques devront rendre des comptes. »

Selon la police régionale de Kharkiv, entre le 24 février et le 7 mars 2022, 133 civils au total, dont 5 enfants, ont été tués, et 319 civils ont été blessés. L’une des attaques documentées par Human Rights Watch a tué un homme alors qu’il faisait la queue devant un supermarché ; une autre attaque a tué deux personnes qui venaient apparemment de sortir d’un abri pour aller chercher de l’eau.

Un porte-parole de la mairie de Kharkiv a déclaré à Human Rights Watch qu’en date du 4 mars, sur une population de 1,8 million d’habitants avant la guerre, il ne restait que 500 000 personnes environ dans la ville.

« Kharkiv se vide de ses habitants », a déclaré l’un d’entre eux à Human Rights Watch. « Ils ne font pas leurs bagages, ils ne prennent pas leurs affaires. Ils emportent les documents dont ils ont besoin, emmènent leurs proches et prennent la fuite ». Pour ceux qui restent le chauffage est au mieux intermittent, avec des températures extérieures qui oscillent entre 2 et -4 degrés Celsius, et les pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments essentiels sont continuelles.

Au 3 mars, selon Yuri Sydorenka, directeur du département des affaires extérieures de la mairie de Kharkiv, la ville faisait face à d’importantes pénuries de médicaments : « Jusqu’à présent, nous avons trouvé des moyens de faire entrer des médicaments, mais il nous en faut plus ». Le 7 mars, Zhanna Strogaya, cheffe adjointe du bureau du ministère de la Santé à Kharkiv, a déclaré à Human Rights Watch qu’au moins 14 établissements de santé avaient été endommagés, dont 9 gravement.

Human Rights Watch a interrogé 29 personnes, dont plusieurs habitants de Kharkiv, des travailleurs médicaux, des bénévoles participant à l’évacuation et des fonctionnaires municipaux, au sujet des attaques. Human Rights Watch a vérifié et analysé 29 vidéos et 41 photographies postées sur Telegram, Twitter, Facebook ou TikTok, ainsi que 2 autres vidéos et 18 photographies envoyées directement à nos chercheurs pour corroborer les témoignages et identifier d’autres dommages et d’autres sites impactés.

Les attaques documentées par Human Rights Watch se sont produites entre le 24 février et le 5 mars. Elles ont endommagé ou détruit des immeubles résidentiels, des écoles, des étals de marché, des églises, des magasins, des hôpitaux, des départements universitaires et d’autres infrastructures civiles dans toute la ville. Le groupe ukrainien de défense des droits humains Truth Hounds a également documenté un grand nombre de ces attaques.

« Notre centre-ville est en train d’être effacé », a déclaré un habitant de Kharkiv à Human Rights Watch.

Yuri Sydorenka a déclaré que pour la seule journée du 2 mars, les bombardements russes avaient tué 34 personnes et en avaient blessé 285. Dix de ces blessés étaient des enfants. Il a également déclaré que les attaques avaient endommagé des centaines d’immeubles d’habitation et perturbé l’approvisionnement en eau et en électricité de la ville, privant quelques 300 immeubles d’habitation d’électricité.

Le 2 mars, une femme de 45 ans qui vivait dans le quartier d'Industrialny, au sud-est de Kharkiv, a déclaré : « Là où je vis, il n’y a pas d’Internet, pas d’eau chaude, nous n’avons pas eu de chauffage pendant plusieurs jours. Pour me nourrir, je n’ai que ce que j’ai acheté avant le début de la crise. Tout est fermé, il n’y a pas de pain. »

Plusieurs personnes ont déclaré que la température dans les sous-sols, parkings souterrains et autres installations utilisées comme abris anti-bombardement était glaciale et que, lorsqu’ils s’y abritaient, les civils avaient peu accès aux besoins de base, comme l’eau ou la nourriture. Un homme de Saltivka, un grand quartier résidentiel du nord-est de Kharkiv, a déclaré que sa famille avait passé six nuits dans un sous-sol non chauffé, par des températures en dessous de zéro, avec peu de nourriture et d’eau. « Il faisait si froid que j’ai commencé à avoir des crises », a-t-il raconté. « Les magasins sont à court de nourriture et d’eau. On peut encore acheter du Coca-Cola, mais c’est à peu près tout. »

De nombreuses personnes ont également partagé leurs craintes que les infrastructures de leurs immeubles d’habitation ne soient pas sûres. « Il y a des conduites d’eau dans nos sous-sols et le risque existe qu’une de ces conduites explose », a déclaré une femme. Une autre a déclaré qu’elle ne s’était pas mise à l’abri dans le sous-sol, car elle craignait que l’immeuble ne s’effondre et qu’ils soient « ensevelis sous les décombres ». « C’est plus sûr dans l’appartement », a-t-elle affirmé. Elle et son fils de quatre ans se sont réfugiés dans la salle de bain du quatrième étage de son immeuble.

Des dizaines d’établissements scolaires, notamment des écoles et des établissements préscolaires, ont été endommagés ou détruits pendant la première semaine de la guerre selon Yuri Sydorenka. Human Rights Watch a documenté les dommages subis par huit écoles et deux départements universitaires.

Selon le droit international humanitaire, les parties à un conflit armé ont l’obligation de faire en tout temps la distinction entre la population civile et les combattants ainsi qu’entre les biens civils et les objectifs militaires, et de prendre des précautions pour protéger les civils et les autres non-combattants des dangers de la guerre. Le non-respect du principe de distinction, notamment lorsqu’une attaque est dirigée contre des civils ou des biens à caractère civil ou lorsque des attaques sont menées de manière indiscriminée ou disproportionnée, constitue un crime de guerre lorsqu’il est commis délibérément ou par imprudence. La destruction excessive, illégale et gratuite de biens qui n’est pas militairement justifiée constitue également un crime de guerre.

Human Rights Watch n’a pas été en mesure d’effectuer de visites sur place à Kharkiv, et s’est donc appuyé sur des entretiens avec des témoins et l’analyse d’images des dégâts, pour tenter d’identifier les types d’armes utilisées par les forces russes lors des attaques documentées. Cette analyse démontre qu’en plus des armes à sous-munitions, les forces russes ont utilisé des armes explosives à large rayon d’impact.

L’utilisation d’armes explosives à large rayon d’impact dans des zones habitées augmente la probabilité d’attaques illégales, indiscriminées et disproportionnées. Ces armes ont un large rayon de destruction, sont intrinsèquement imprécises ou délivrent plusieurs munitions en même temps. Parmi les effets à long terme de leur utilisation figurent les dommages causés aux bâtiments civils et aux infrastructures essentielles, les interférences avec certains services comme les soins de santé ou l’éducation, et le déplacement des populations locales. La Russie et l’Ukraine devraient éviter d’utiliser des armes explosives dans les zones habitées. Tous les pays, y compris la Russie et l’Ukraine, devraient soutenir une déclaration politique forte dans laquelle ils s’engagent à éviter l’utilisation d’armes explosives à large rayon d’impact dans les zones peuplées.

Les forces russes et ukrainiennes devraient faire tout leur possible pour s’assurer qu’un approvisionnement et une aide humanitaire adéquats puissent arriver jusqu’aux civils de Kharkiv et de ses environs. Tous les pays et toutes les organisations intergouvernementales devraient faire pression sur les deux parties pour qu’elles respectent leurs obligations en matière de droit humanitaire international et garantissent l’accès de l’aide humanitaire et un passage sûr pour les évacuations de civils. Les parties devraient autoriser l’accès à des fournisseurs d’aide humanitaire neutres et indépendants qui puissent offrir un soutien aux civils vulnérables qui auraient besoin d’aide pour partir, notamment les personnes handicapées, personnes âgées, femmes enceintes, enfants et personnes souffrant de maladies chroniques ou graves. Si un accord visant à établir des couloirs humanitaires est conclu et mis en œuvre, les parties ne doivent pas le violer d’une manière qui mette les civils en danger.

La Cour pénale internationale a ouvert une enquête sur la situation en Ukraine. Les pertes et dommages considérables subis par les civils à Kharkiv soulignent l’importance de l’examen par la Cour de la légalité des attaques menées contre la ville. La commission d’enquête établie le 4 mars par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève devrait également enquêter sur les attaques illégales présumées à Kharkiv.

« Notre évaluation fait état de multiples attaques indiscriminées au cours des 11 premiers jours d’hostilités à Kharkiv, et les médias indiquent que la Russie a mené d’autres attaques indiscriminées qui ont porté atteinte aux civils tandis que les combats se poursuivent à Kharkiv et ailleurs », a conclu Hugh Williamson. « La Russie devrait immédiatement se conformer à ses obligations d’éviter et de minimiser les dommages causés aux civils, et ne pas perdre de vue que plusieurs enquêtes internationales sont en cours pour demander des comptes à ceux qui ne respectent pas ces obligations. »

Informations complémentaires sur les attaques et les lois de la guerre 

Méthodologie

Human Rights Watch a directement interrogé 7 personnes à Lviv et 22 par téléphone. Certaines personnes ont demandé à n’être identifiées que par leur prénom ou par des pseudonymes pour se protéger.

Human Rights Watch a identifié l’emplacement des vidéos et des photographies qu’elle a examinées en faisant correspondre les détails géographiques avec l’imagerie satellite et l’outil Google Street View. La date et l’heure approximatives des attaques s’appuient sur les témoignages des personnes interrogées et sur la date et l’heure de la publication des contenus sur les réseaux sociaux. Human Rights Watch n’a pas utilisé d’images satellite à résolution optique pour confirmer la date de l’analyse, en raison de l’importante couverture nuageuse au-dessus de Kharkiv du 28 février au 5 mars. L’absence d’images satellite signifie que Human Rights Watch n’a pas pu, dans la plupart des cas, identifier clairement les cibles militaires potentielles qui auraient pu se trouver à proximité des zones civiles touchées. Human Rights Watch a consulté une carte en ligne libre d’accès pour localiser les zones identifiées comme appartenant à l’armée ukrainienne à Kharkiv. Un rayon de 500 mètres a été dessiné autour de chaque installation sur la carte et sa proximité avec le lieu de chaque incident documenté a été vérifiée.

Cette carte interactive montre les emplacements des attaques documentées.

Carte montrant les lieux des attaques à Kharkiv (textes en anglais).

District de Kyivsky, centre de Kharkiv

Le 4 mars, Elena, une scientifique et habitante du district de Kyivsky dans le centre de Kharkiv, s’est entretenue par téléphone avec Human Rights Watch. Elle a indiqué qu’elle avait quitté son appartement au numéro 46 de la rue Myronosytska en raison des bombardements intensifs dans le quartier. « J’ignore si mon immeuble est encore debout », a-t-elle déclaré. « La dernière fois que je l’ai vu, toutes les fenêtres étaient soufflées et le gaz était coupé ».

Cette partie du centre de Kharkiv a été la cible d’un intense bombardement pendant la première semaine de la guerre. Plusieurs incidents survenus pendant ce bombardement sont décrits ci-dessous.

1er mars

Deux habitants de Kharkiv ont décrit une attaque dont ils ont été témoins au matin du 1er mars près d’un supermarché ATB dans le centre de Kharkiv, et qui a tué un civil.

Gleb, 25 ans, a déclaré : « J’ai vu une longue file de personnes à l’extérieur... les gens essayaient d’acheter du pain et de l’eau. Quelque chose a explosé et un homme dans la file a été touché. Ils l’ont emmené à l’intérieur du supermarché. Il y avait beaucoup de sang et l’ambulance est arrivée ».

Alexey a déclaré qu’il faisait lui-même la queue quand il a entendu une forte explosion. « J’étais près de l’entrée du supermarché et j’attendais pour entrer lorsque l’explosion s’est produite. J’ai vu un flash et entendu le bruit. C’était comme un claquement. Je ne sais pas si les deux se sont produits en même temps, peut-être à quelques secondes d’intervalle. Après quoi, le personnel a ouvert les portes pour que nous puissions nous réfugier à l’intérieur.

« Je me suis précipité à l’intérieur et ils ont amené cet homme qui se tenait à seulement quelques mètres derrière moi dans la file d’attente. J’ai vu des gens le porter et le poser par terre. C’était un jeune homme. Ils ont appelé l’ambulance... Je n’ai pas vu la blessure, [mais j’ai vu] une mare de sang à côté de sa tête et ils l’avaient allongé sur le ventre. Il était encore vivant mais il respirait difficilement. L’ambulance est arrivée rapidement. Ils l’ont pris en charge et l’ont emmené... Plus tard, nous avons appris aux informations qu’il s’agissait d’un étudiant indien et qu’il était mort à l’unité de soins intensifs. »  

Des responsables indiens ont confirmé qu’un étudiant indien en quatrième année de médecine avait été tué à Kharkiv alors qu’il faisait la queue pour acheter de la nourriture.

Human Rights Watch a examiné la zone qui se trouve autour du supermarché ATB sur une carte en ligne libre d’accès et a identifié un bâtiment désigné comme un bureau de recrutement militaire à 250 mètres à l’est de l’endroit où l’attaque s’est produite. Aucun des témoins n’a identifié d’autres cibles militaires potentielles dans la zone au moment de l’attaque. L’absence d’autres cibles de ce type indique qu’il pourrait s’agir d’une attaque indiscriminée.

2 mars

Le 2 mars, une attaque semble avoir ciblé le bureau du Service de sécurité de l’État (SBU), qui est une cible militaire, au numéro 2 de la rue Myronosytska. Le bombardement a également causé d’importants dégâts aux bâtiments civils situés à proximité, notamment au dernier étage du département d’économie de l’Université publique V. N. Karazin de Kharkiv, situé en face des bureaux du SBU. Dans une vidéo postée sur Telegram le 2 mars, on peut voir un incendie qui fait rage et de grandes parties du toit qui s’effondrent.

Une autre attaque survenue le 2 mars dans le district de Kyivsky et documentée par le groupe ukrainien de surveillance des droits humains Truth Hounds a eu lieu deux rues plus au nord, au numéro 32 de la rue Myronosytska. Une vidéo postée sur Telegram le 2 mars montre que les étages supérieurs de ce bâtiment et d’au moins deux autres immeubles de plusieurs étages situés à proximité ont subi d’importants dégâts suite aux bombardements.

Ihor Gromov, un chauffeur de taxi de Kharkiv interrogé par Human Rights Watch à Lviv après son évacuation, a confirmé que le bâtiment de cinq étages situé au numéro 32 de la rue Myronosytska a été gravement endommagé et brûlé lors de l’attaque du 2 mars. Il a également déclaré qu’une partie du toit de son immeuble, situé dans le voisinage immédiat au numéro 34 de la rue Myronosytska, avait aussi été endommagée lors de cette attaque.

Ihor Gromov était sorti faire des courses au moment de l’attaque et a déclaré qu’à son retour, il avait constaté que deux de ses voisins avaient été blessés. « La première chose que j’ai vue quand je me suis précipité à l’étage, c’est le type qui vit au cinquième au-dessus de chez moi. Son corps était transpercé d’éclats de verre. J’ai enlevé ma chemise pour essayer de stopper l’hémorragie. Je lui ai dit de sortir, de rejoindre l’ambulance. Son cou et sa poitrine saignaient beaucoup. » Ihor Gromov a déclaré que l’autre personne était lui aussi un habitant du cinquième étage, qu’il avait a été écrasé sous des dalles de béton mais qu’il avait pu sortir.

Ihor Gromov a déclaré qu’il n’avait pas vu de cibles militaires potentielles dans la zone au moment de l’attaque. L’absence de cibles militaires dans les environs immédiats de la zone au moment de l’attaque pourrait indiquer qu’il s’agit d’une attaque indiscriminée.

Quartier de Saltivka, district de Kyivsky

Lors d’un entretien téléphonique le 2 mars, « Oxana » a déclaré que la veille, un obus avait touché son immeuble de quatre étages qui compte une centaine d’appartements et qui est situé au numéro 42 de la rue Krychevskoho, dans le quartier nord de Saltivka, lui-même situé dans le district de Kyivsky, et que l’obus était entré par la fenêtre du dernier étage de l’immeuble. Elle a déclaré que de nombreux autres bâtiments de son quartier avaient aussi été touchés. Au moment de l’entretien, elle se trouvait dans l’appartement de ses parents, dans un immeuble de 12 étages situé à quelques minutes à pied du sien, non loin de la rue Horianska.

Lors d’un entretien qui s’est tenu ultérieurement, elle a déclaré que le 2 mars, vers 14 heures, une munition avait touché le 10ème étage de l’immeuble de ses parents et y avait mis le feu.

Oxana a déclaré qu’elle se trouvait au troisième étage lorsque la munition a frappé l’immeuble et qu’elle n’avait pas été blessée, mais que les pompiers avaient mis quatre heures à éteindre les flammes. Selon elle, plus d’une douzaine de personnes se trouvaient dans l’immeuble au moment de l’attaque, dont au moins une famille qui habitait au 12ème étage. Elle ignorait si cette famille avait été blessée. Elle a déclaré qu’une cache d’armes militaires, située à plusieurs kilomètres de ce quartier résidentiel peuplé, avait été touchée dans les jours précédant le 2 mars, et qu’elle n’avait pas connaissance d’autres cibles militaires potentielles dans la région.

Deux vidéos et une photographie publiées le 1er mars sur Twitter et Telegram montrent les dégâts causés à un immeuble d’habitation de sept étages situé au numéro 29 de la rue Krychevskoho, à 100 mètres de l’immeuble où se trouvait Oxana. Une munition semble avoir touché les quatrième et cinquième étages. Les fenêtres d’autres immeubles d’habitation du voisinage sont également endommagées, ainsi qu’au moins deux véhicules.

L’absence apparente de cibles militaires près des numéros 29 et 42 de la rue Krychevskoho lors de ces attaques indique qu’il pourrait s’agir d’attaques indiscriminées.

À un peu plus de trois kilomètres de la rue Krychevskoho, les derniers étages du côté sud-est d’une tour d’habitation située près de la station de métro Studentska ont été touchés, comme le montre une photo publiée sur Twitter le 2 mars. Les points d’impact portent les marques d’un bombardement d’artillerie.

Des écoles et une église endommagées dans le district de Kyivsky le 27 février et le 2 mars

Human Rights Watch a documenté les attaques qui ont touché deux écoles dans le district de Kyivsky : l’école spécialisée n° 134 et l’école spécialisée n° 17.

Trois vidéos et deux photographies publiées sur Twitter, TikTok et Facebook montrent les dégâts considérables subis par l’école spécialisée n° 134, située dans la rue Shevchenka. Une vidéo filmée de loin et postée le 27 février sur Telegram montre l’école 134 en feu. Une autre vidéo postée sur TikTok le 28 février montre d’importants dégâts à l’intérieur et à l’extérieur du même bâtiment scolaire.

Une vidéo postée sur Facebook le 2 mars montre un trou d’obus tiré depuis le nord dans le mur d’une salle de classe du deuxième étage de l’école spécialisée n° 17. Une photo de l’intérieur de la salle de classe postée sur Telegram, également le 2 mars, montre des bureaux et des chaises éparpillés dans la pièce et un grand trou dans le mur extérieur.

Au moins une église du district de Kyivsky a été endommagée lors des attaques du 2 mars.

Quatre photographies publiées le 2 mars sur le compte Facebook du diocèse de Kharkiv montrent les dégâts subis par l’église des Saintes Femmes de la Myrrhe, située à moins de 100 mètres du bâtiment du SBU et du département d’économie, rue Myronosytska. Les photos révèlent des dégâts à l’intérieur de l’église, avec des fenêtres soufflées et des objets sacrés endommagés.

Quartier de Saltivka, district de Moskovskyi

Serhii, 25 ans, a déclaré lors d’un entretien téléphonique le 3 mars que le bombardement de son quartier dans le district de Moskovskyi, également connu sous le nom de Saltivka, était si intense que sa femme, sa belle-mère et lui-même s’étaient réfugiés dans un sous-sol pendant sept jours dans un froid glacial, la plupart du temps sans électricité ni eau potable. Une centaine d’autres personnes étaient avec eux. « Il faisait tellement froid dans le sous-sol que j’ai commencé à avoir des crises », a-t-il raconté. « Hier, je suis sorti pour la première fois pour aller chercher des vêtements chauds. C’était à trois minutes de marche du sous-sol où nous nous cachions. Alors que je revenais, ça explosait partout autour de moi et j’ai continué à marcher en sachant que je pouvais être touché à tout moment. Je suis passé devant notre aire de jeu et j’ai vu une... roquette qui sortait du sol. » Serhii a déclaré qu’après être retourné dans le sous-sol, les bruits d’explosions s’étaient encore intensifiés à l’extérieur.

Human Rights Watch a analysé quatre vidéos et une photographie postées sur Telegram le 1er mars, qui montrent trois immeubles d’habitation endommagés dans la rue Druzhby Narodiv, dans le quartier où se trouvait Serhii quand nous lui avons parlé. L’une de ces vidéos montre un habitant qui désigne un point d’impact au dernier étage d’un immeuble de 11 étages alors qu’il est en train de remplir une voiture de bouteilles d’eau et d’effets personnels. Deux autres appartements voisins ont été touchés, et on voit du feu et de la fumée s’élever de ces points d’impact.

Les 4 et 5 mars, le quartier de Saltivka a subi des attaques encore plus violentes. Serhii a déclaré qu’au matin du 5 mars, il avait vu plusieurs roquettes frapper trois immeubles résidentiels de son quartier. L’un d’eux était un immeuble de 16 étages situé au numéro 9 de la rue Rodnikovaya et les deux autres immeubles se trouvaient juste à côté. Il a partagé avec Human Rights Watch trois photographies des immeubles résidentiels en feu et endommagés. Le 9 de la rue Rodnikovaya se trouve à environ 500 mètres des immeubles d’habitation de la rue Druzhby Narodiv, endommagés lors de précédentes frappes.

L’absence de cibles militaires dans ces zones au moment des attaques indique qu’il pourrait s’agir d’attaques indiscriminées.

District de Shevchenkivskyi, nord de Kharkiv, 28 février – 1er mars

Attaque au numéro 23 de la rue Sepnya

Une attaque menée le 28 février au numéro 23 de la rue Sepnya à l’aide d’armes à sous-munitions a tué plusieurs civils qui étaient apparemment sortis de leur abri pour aller chercher de l’eau. Deux vidéos postées sur Telegram le 28 février montrent au moins trois corps gisant sur le sol. Deux corps se trouvent à proximité du numéro 23, juste devant un distributeur d’eau avec de grandes bouteilles. Human Rights Watch a documenté cette attaque dans son rapport sur l’utilisation des armes à sous-munitions à Kharkiv le 28 février.

Frappe dans la rue Akhsarova

Tatyana, 42 ans, mère de deux garçons de 8 et 10 ans, a déclaré qu’une roquette avait atterri ce matin-là près de l’école n° 150, au numéro 3a de la rue Akhsarova, dans le district de Shevchenkivskyi. Ses enfants fréquentaient l’école avant le début des hostilités, et elle a dit avoir constaté les dégâts quand elle a été obligée de quitter son appartement parce que « notre bâtiment était en feu et nous avons dû rejoindre le refuge ». Human Rights Watch a analysé une vidéo postée sur Telegram le 1er mars, montrant des parties extérieures du côté ouest de l’école et de ses environs. Les fenêtres de l’école avaient été soufflées, tout comme celles d’un immeuble d’habitation situé à environ 40 mètres à l’ouest. Les murs de l’immeuble d’habitation, un hangar et un arbre avaient visiblement aussi été endommagés.

Frappe au numéro 55 de la rue Sumskaya

Le 1er mars, une attaque d’artillerie a endommagé un internat pour enfants aveugles au numéro 55 de la rue Sumskaya. Human Rights Watch a documenté cette attaque le 7 mars.

Human Rights Watch a analysé une vidéo postée sur Telegram le 2 mars qui montre l’extérieur de l’école et la rue voisine. Toutes les fenêtres de l’école visibles dans la vidéo ont été soufflées. La vidéo fait un panoramique pour filmer le sud de la rue Sumskaya. Des débris des bâtiments jonchent la rue. Au moins deux immeubles résidentiels et commerciaux de plusieurs étages ont été endommagés, un de chaque côté de la rue, à environ 25 mètres de l’école. Dans une autre vidéo publiée sur Facebook le 4 mars, enregistrée depuis une voiture en mouvement, l’étendue des dégâts est plus visible. Au moins six bâtiments avec des magasins au premier étage et des logements aux étages supérieurs sont très endommagés. Une photographie publiée sur Facebook le 3 mars montre clairement les dégâts importants subis par les deux derniers étages d’un immeuble résidentiel et commercial situé à environ 50 mètres au sud de l’école.

Une carte en ligne en accès libre montre une zone identifiée comme appartenant à l’université de l’Armée de l’air de Kozhedub, et d’autres ensembles de bâtiments à environ un kilomètre des attaques sur la rue Sumskaya. Human Rights Watch ne dispose d’aucune information sur des attaques dirigées contre l’enceinte de l’université de l’Armée de l’air.

La distance d’un kilomètre entre la cible militaire potentielle et les biens civils largement endommagés lors des attaques indique que toutes les précautions possibles n’ont pas été prises pour éviter les dommages aux civils ou pour respecter le principe de proportionnalité, et suggère une attaque apparemment sans discrimination.

Un bâtiment universitaire et une église touchés

Le 3 mars, Human Rights Watch s’est entretenu avec un étudiant de l’Université publique V. N. Karazin de Kharkiv à Ada, qui a déclaré que les bombardements avaient considérablement endommagé l’un des bâtiments de physique et de technologie de l’université, situé dans la rue Akademika Kurchatova.

Les frappes aériennes ont également touché le bâtiment du conseil municipal et l’église orthodoxe ukrainienne Sviato-Uspensky dans la rue Universytets’ka. Human Rights Watch a analysé 15 photographies publiées le 2 mars sur la page Facebook du diocèse de Kharkiv. Elles montrent l’impact à l’intérieur de l’église, notamment des fenêtres brisées et des objets sacrés endommagés. Une image prise par la fenêtre avec une vue partielle, montre des débris dans la rue à l’est de l’église.

District de Kholodnohirskyi, ouest de Kharkiv

Iryna Agoyeva, 45 ans, et sa fille Sofia, 21 ans, ont déclaré que l’immeuble d’habitation du numéro 3 de la rue Kholodnohirska, où vivait une parente de 72 ans, avait été gravement endommagé lors d’une attaque le 2 mars et qu’elles avaient vu que la partie supérieure de l’immeuble s’était effondrée. « [Elle] vit au quatrième étage... et elle se cachait dans la salle de bains avec tous ses documents. »

Iryna Agoyeva a déclaré que des proches avaient à plusieurs reprises essayé d’appeler la femme le 2 mars, mais qu’elle n’avait pas répondu et que, depuis le 3 mars, ils n’avaient pas pu la trouver. Les dégâts subis aux trois derniers étages de l’immeuble ont été détaillés dans une vidéo publiée sur Telegram le 2 mars. La vidéo montre également au moins cinq étals détruits sur le marché Kazka à l’angle des rues Kholodnohirska et Poltavskyi Shliakh.

Le 3 de la rue Kholodnohirska se trouve à un kilomètre au nord-est du Gymnase d’État pour l’entraînement physique intensif des corps de cadets, situé au numéro 1 de la rue Poltavskyi Shliakh, une cible militaire qui a été bombardée le 2 mars.

École endommagée par des frappes, du 28 février au 1er mars

Dans la nuit du 28 février ou tôt le matin du 1er mars, une roquette Grad a touché le terrain de l’école n° 108. Une vidéo postée sur Telegram le 1er mars montre de la fumée qui s’élève du lieu de l’attaque et un secouriste près du point d’impact. À 6 h 47 le 1er mars, trois photos ont été postées sur Telegram montrant des secouristes utilisant des tuyaux pour éteindre un grand incendie près du point d’impact. Une autre vidéo postée sur Telegram le 1er mars montre les dégâts causés à la clôture de l’école, à la cour de récréation et aux fenêtres.

Une vidéo postée sur Telegram le 3 mars montre les restes d’une roquette Grad de 122 millimètres sur le parking devant l’école, et au moins quatre voitures détruites. Les dommages causés aux façades des immeubles résidentiels situés à proximité sont également visibles.

L’école n° 108 se trouve à environ 1,5 kilomètre au nord du bâtiment du corps de cadets.

La distance d’un kilomètre à un kilomètre et demi entre une cible militaire et les biens civils largement endommagés indique que toutes les précautions possibles n’ont pas été prises pour éviter les dommages aux civils ou pour respecter le principe de proportionnalité, et suggère une attaque apparemment sans discrimination.

District Industrialnyi, sud-est de Kharkiv

Le 27 février, Olexandra a fui Kharkiv avec son fils de 11 ans dans un train à destination de Lviv via Kiev. Olexandra a déclaré que le 1er mars, l’onde de choc d’une explosion a endommagé son immeuble d’habitation de la rue Sharikova. Elle a montré à un chercheur de Human Rights Watch une vidéo et deux photographies prises à l’extérieur  de l’immeuble, qui montrent son balcon endommagé, ainsi que les dégâts subis par un autre immeuble de la rue Ivana Karacha, située à proximité.

Xenya, 45 ans, qui vit dans la rue Ivana Karacha avec ses deux enfants âgés de 13 et 4 ans, a décrit une attaque survenue le 1er mars qui a endommagé son immeuble d’habitation, un autre immeuble d’habitation au 19a de la rue Plitochnaya, et deux écoles : l’école n° 75 et l’internat n° 11. « Tout est arrivé en une seule vague – boum, boum, boum, boum. Mes voisins sont des retraités et toutes leurs fenêtres ont été brisées... La clôture autour de l’école n° 75 a fondu. »

Human Rights Watch a analysé une vidéo postée sur Telegram le 2 mars, qui montre un cratère devant l’entrée principale de l’école n° 75. Les murs de l’école sont marqués par des éclats d’obus et les fenêtres du bâtiment de trois étages sont endommagées. Sur une photo et une vidéo postées sur Telegram, prises à environ 350 mètres au nord de l’école n° 75, un cratère est visible à environ 20 mètres, devant l’internat n° 11. Le bâtiment présente des dommages visibles au niveau des fenêtres.

Le bâtiment d’une troisième école, l’école secondaire n° 118, a également été endommagé. Une vidéo et une photographie, postées dans la matinée du 2 mars sur Telegram, montrent les dégâts subis par le bâtiment ouest de l’école. Les fenêtres ont été soufflées et une trace de brûlure est visible sur la façade.

« Anna », une militante écologiste qui vit dans un lotissement du quartier de Vostochny, dans le district d’Industrialnyi, a déclaré dans un entretien que plusieurs maisons du quartier avaient complètement brûlé après les frappes aériennes des 26 et 27 février. « Notre sous-sol n’est pas adapté, alors mes parents, mon frère, ma grand-mère de 85 ans et moi-même sommes restés dans la maison. Nous pouvions voir des éclairs lumineux et toute la maison tremblait. La nuit dernière [le 2 mars], nous avons entendu des coups de feu à l’extérieur. »

District de Zhovtnevy

Deux vidéos et neuf photographies postées sur Twitter et Telegram le 1er mars montrent les dégâts importants subis par un immeuble d’habitation situé au n° 95 de l’avenue Novo-Bavarskyj et au moins cinq corps de civils. L’immeuble se trouvait à environ 130 mètres de la clinique n° 3 de l’hôpital municipal.

Droit international humanitaire

Le droit de la guerre exige des parties à un conflit qu’elles veillent constamment, pendant les opérations militaires, à épargner la population civile et qu’elles « prennent toutes les précautions possibles » pour éviter ou réduire au minimum les dommages causés aux civils et aux biens à caractère civil. Ces précautions consistent notamment à faire tout ce qui est possible pour vérifier que les cibles attaquées sont des objectifs militaires et non des personnes civiles ou des biens à caractère civil et à donner un « avertissement préalable effectif » aux civils lorsque les circonstances le permettent.

Le droit de la guerre interdit les attaques dirigées contre des civils ou des biens à caractère civil, les attaques indiscriminées, les attaques qui ont des effets disproportionnés sur les civils, ainsi que les destructions massives de biens, non justifiées par des nécessités militaires et exécutées de façon illicite et gratuite. La Cour pénale internationale est compétente en Ukraine pour poursuivre de telles attaques ou destructions en tant que crimes de guerre. Les précédents tribunaux pour crimes de guerre ont estimé qu’un acte unique, s’il a une portée significative, comme la destruction d’un hôpital, peut suffire à constituer l’infraction de destruction illégale et gratuite.

Selon les lois de la guerre, les cibles civiles sont toutes celles qui ne sont pas militaires. Les objectifs militaires sont uniquement ceux qui, par leur nature, leur emplacement, leur but ou leur utilisation, apportent une contribution effective à l’action militaire et dont la destruction partielle ou totale, la capture ou la neutralisation, dans les circonstances du moment, offre un avantage militaire certain.

Les autorités ukrainiennes sont tenues, en vertu du droit international humanitaire, de prendre, dans la mesure du possible, « les précautions nécessaires pour protéger la population civile, les personnes civiles et les biens à caractère civil placés sous leur contrôle contre les dangers résultant des opérations militaires ». À cette fin, elles devraient prendre toutes les mesures possibles pour s’assurer que les civils ont accès à des espaces appropriés pour s’abriter en toute sécurité pendant les hostilités et fournir autant d’orientations et de conseils que possible aux civils sur leurs options et sur les moyens à leur disposition pour s’abriter en toute sécurité.

Les attaques qui endommagent les écoles en Ukraine sont un coup dévastateur dans un pays où le conflit des huit dernières années a déjà porté préjudice à l’éducation. Selon l’UNICEF, au moins 750 écoles ont été endommagées ou détruites dans l’est de l’Ukraine depuis le début du conflit en 2014. La Russie n’a pas encore approuvé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, que l’Ukraine a approuvée en novembre 2019, mais les deux parties ont l’obligation de respecter et de protéger la nature civile des écoles, des élèves et du personnel éducatif. Selon les statuts de la Cour pénale internationale, le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des bâtiments dédiés à l’éducation constitue un crime de guerre. La Russie doit s’abstenir de commettre des attaques qui causent des dommages aux élèves, ainsi qu’au personnel et aux institutions éducatifs.

La Russie et l’Ukraine ont l’obligation de garantir l’accès de l’aide humanitaire aux civils et de prendre toutes les mesures possibles pour permettre aux civils qui le souhaitent d’évacuer en toute sécurité, qu’un accord visant à établir des corridors humanitaires soit mis en œuvre ou non. L’Ukraine, et la Russie dans les zones sur lesquelles elle exerce un contrôle effectif ou qu’elle occupe, devraient veiller à ce que l’approvisionnement en nourriture, en eau et en médicaments soit suffisant et que les services vitaux pour la population civile soient maintenus.

Les forces russes et ukrainiennes devraient faciliter l’évacuation organisée des civils qui souhaitent quitter Kharkiv et ses environs. Toutes les parties devraient respecter leurs obligations de ne pas mener d’attaques qui viseraient ou causeraient des dommages indiscriminés ou disproportionnés aux civils pendant leur départ, notamment sur les routes et les voies ferrées.

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