Le ministre congolais des Droits humains vient de lancer des consultations nationales au sujet d’une nouvelle initiative de justice transitionnelle qui, si elle venait à être mise en œuvre, aiderait la République démocratique du Congo à sortir du conflit, à répondre aux graves violations des droits humains et à entreprendre les réformes nécessaires.
Des représentants de la présidence et du gouvernement congolais, ainsi que des fonctionnaires des Nations Unies, des experts internationaux et des membres de la Commission nationale des droits humains ont participé à une cérémonie la semaine dernière à Kalemie, au Tanganyika, dans l’est de la RD Congo. Le gouvernement a réaffirmé à cette occasion son engagement en faveur de la justice et de la réconciliation et sa volonté de demander des comptes aux responsables des crimes graves perpétrés dans le pays.
Tout au long des décennies de conflit qui ont sévi en RD Congo, les groupes armés et forces de sécurité nationales ont violé les lois de la guerre, en attaquant les civils et les infrastructures civiles, et en entraînant dans leur sillage tueries, déplacements de populations et misère. Une grande partie de ces violences ont été motivées par des considérations ethniques, et tant les rebelles que les forces nationales se sont livrés à de l’esclavage sexuel et à des viols.
Une constante a été l’absence quasi totale d’établissement des responsabilités. L’impunité a alimenté de nouvelles violences et il sera essentiel d’y remédier pour instaurer une paix durable, en particulier dans l’est du pays.
Des consultations nationales menées dans toutes les provinces du pays permettront de déterminer la politique de justice transitionnelle voulue par le gouvernement congolais. Le ministre congolais des Droits humains a déclaré que ces consultations devraient aboutir à la création d’une commission vérité et réconciliation. Mais la RD Congo n’a pas seulement besoin des volets non judiciaires de la justice transitionnelle. L'absence des poursuites contre les responsables de crimes graves perpétue un cycle d’impunité et favorise la violence.
L’an dernier, une coalition de plus de 50 organisations non gouvernementales congolaises et internationales a recommandé au gouvernement congolais de faire de la justice pour les crimes graves une priorité absolue en adoptant une stratégie claire pour que les individus soupçonnés de graves violations des droits humains rendent des comptes. Elles ont clairement indiqué que les efforts de justice transitionnelle ne seront crédibles que s’ils incluent et accordent la priorité à la responsabilité pénale pour les crimes graves, conformément au droit international.
De beaux discours sur la fin de l’impunité pour les atrocités ont déjà été prononcés en RD Congo. Toutefois, la plupart du temps, ils avaient moins de valeur que le papier sur lequel ils étaient imprimés. Le gouvernement congolais a maintenant l’occasion de rétablir la justice pour certains des crimes les plus brutaux du monde. La grande question est de savoir s’il le fera.
......................