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Israël veut m’expulser en raison de mon travail sur les droits humains

Il s'agit d'une mesure préoccupante à plusieurs niveaux, souligne Omar Shakir dans cette tribune.

Publié dans: Forward

Je couvre Israël et la Palestine pour Human Rights Watch. Il y a un an, le gouvernement israélien avait révoqué mon permis de travail (obtenu en tant que citoyen américain) et m'avait ordonné de quitter le pays dans un délai de deux semaines, affirmant que je soutenais des actions de boycott visant Israël. Nous avons contesté cette mesure et d’une manière plus générale, la loi sur laquelle elle reposait et qui interdit à tout partisan d’une action de boycott d’entrer dans le pays. Un tribunal israélien avait suspendu l'ordonnance d'expulsion me visant, pendant la durée de cette procédure.

La première page du dossier constitué par le ministre israélien des Affaires stratégiques et de la Diplomatie publique au sujet d'Omar Shakir, chercheur de Human Rights Watch, pour justifier son expulsion d'Israël en mai 2018.

Le mois dernier, le tribunal a toutefois validé l'ordonnance d’expulsion, et m'a donné deux semaines pour quitter le pays. Nous avons fait appel de ce jugement devant la Cour suprême israélienne, et attendons de savoir si je serai autorisé à continuer à résider et à travailler en Israël tant que notre appel est encore en cours d’examen.

Certains prétendent que des mesures comme mon expulsion sont nécessaires pour protéger Israël contre le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). Mais en fait, il s’agit moins de BDS que d’une tentative d’entraver certains plaidoyers en faveur des droits humains. Human Rights Watch surveille les violations des droits humains dans près de 100 pays à travers le monde, y compris au Moyen-Orient. L’organisation ne prend pas position sur le mouvement BDS, sauf pour défendre le droit de toute personne de s’exprimer pacifiquement en faveur d’un boycott

Nous avons simplement demandé aux entreprises présentes en Cisjordanie de ne pas contribuer aux violations des droits des résidents, et de respecter les responsabilités qui leur incombent en vertu des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme. Les recherches effectuées par Human Rights Watch durant plusieurs années se sont traduites par l’observation qu’en pratiquant leurs activités dans les colonies israéliennes en Cisjordanie, qui sont illégales au regard du droit international humanitaire, les entreprises se rendent complices de nombreuses violations.. Ces sociétés opèrent sur des terres illégalement confisquées à des Palestiniens, y exploitent des infrastructures et des ressources dont l’accès est refusé à des résidents locaux, et paient des impôts qui servent à soutenir ou financer ces colonies.

Une décision de la Cour suprême validant mon expulsion ne ferait que renforcer davantage la répression exercée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu à l’encontre des défenseurs des droits humains. Son gouvernement a refusé à d’autres représentants d’organisations l’entrée dans le pays , a entravé le travail d’associations israéliennes, a qualifié certains activistes israéliens de traîtres, a empêché des défenseurs des droits des Palestiniens de voyager, et dans certains cas ont détenu des activistes.

Toute personne soucieuse de l’état actuel de l’engagement d’Israël à respecter les valeurs démocratiques devrait être consternée par ces tentatives de museler la liberté d’expression et d’étouffer les voix critiques.

Human Rights Watch mène des recherches sur les violations des droits humains et du droit international humanitaire par tous les acteurs de la région, y compris par les autorités palestiniennes. Ainsi, j’ai travaillé sur un rapport de 149 pages concernant sur les arrestations arbitraires et tortures pratiquées par l'Autorité palestinienne et par le Hamas,

De nombreux observateurs se sont prononcés contre l’ordre d’expulsion me visant, y compris 27 États européens (tous les États de l'UE sauf la Hongrie), 17 députés américains, le Secrétaire général des Nations Unies, trois Rapporteurs spéciaux de l'ONU, les ONG israéliennes ACRI et B’Tselem, les ONG palestiniennes  Al-Haqet PCHR, et de nombreuses autres organisations, dont Amnesty International.

Tribune complète en anglais :

www.hrw.org/news/2019/05/07/israel-trying-deport-me-my-human-rights-work-heres-why-you-should-care

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Dans les médias

Times of Israel (FR)

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