MISE À JOUR -- Ce communiqué a été mis à jour le 29/8 suite au rajout des signatures de 5 ONG, puis le 8/9 suite au rajout de 5 nouvelles signatures, soit un nouveau total de 67 ONG signataires de la lettre.
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(Genève) – Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies devrait créer une commission d'enquête internationale et indépendante sur les abus commis par toutes les parties au conflit au Yémen, ont déclaré aujourd'hui Human Rights Watch et 66 autres organisations non gouvernementales nationales, régionales et internationales (ONG), dans une lettre adressée aux pays membres du Conseil.
Les parties au conflit continuent de commettre de graves violations du droit humanitaire international et des normes internationales en matière de droits humains, ont déclaré ces organisations. Le Yémen est actuellement le théâtre de la plus grave crise humanitaire dans le monde, avec au moins sept millions de personnes au bord de la famine et des centaines de milliers atteintes du choléra. Le gouvernement yéménite et la coalition qui le soutient, dirigée par l'Arabie saoudite, ont failli à leur responsabilité d'enquêter de manière impartiale et transparente sur les abus présumés commis par leurs forces.
« Le soutien à l'ouverture d'une enquête internationale sur les abus commis au Yémen, qui s'entendait un peu comme un battement régulier, est maintenant devenu un crescendo », a déclaré John Fisher, directeur du bureau de Genève de Human Rights Watch. « Les pays membres du Conseil des droits de l'homme devraient faire honneur à leur mandat, entendre ces appels et mettre en place un organe qui puisse commencer à remettre en cause petit à petit l'impunité, qui est actuellement l'un des aspects centraux de la guerre du Yémen. »
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, le directeur de l'OCHA, la principale agence humanitaire de l'ONU, ainsi que le Groupe d'experts du Conseil de sécurité sur le Yémen, ont également appelé à l'ouverture d'une enquête internationale sur les abus commis au Yémen. Ils ont été rejoints dans cet appel par des dizaines d'organisations yéménites basées dans des zones qui sont sous le contrôle soit des forces Houthi-Saleh, soit du gouvernement yéménite.
Le bureau du Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU a spécifiquement confirmé que depuis mars 2015, au moins 5 110 civils ont été tués et 8 719 blessés lors du conflit, mais a noté que « le nombre total est probablement bien plus élevé ».
Depuis mars 2015, la coalition dirigée par l'Arabie saoudite a effectué de nombreuses frappes aériennes illégales, dont certaines pourraient équivaloir à des crimes de guerre, et les forces Houthi-Saleh ont utilisé leurs armements sans discernement dans des zones résidentielles de villes comme Taizz et Aden, ce qui pourrait également être assimilé à des crimes de guerre. Les deux côtés ont harcelé, arrêté arbitrairement et fait disparaître de force des activistes yéménites et d'autres personnes, et le nombre des « disparus » est en hausse dans tout le pays. Les deux camps ont eu recours à des types d'armes généralement interdits qui peuvent poser un danger pour les civils longtemps après la fin d'un conflit et qui ont entravé la livraison d'aide humanitaire.
En 2015 et 2016, le Conseil des droits de l'homme s'est abstenu de créer un organe international d'enquête sur les abus commis au Yémen, adoptant à la place des processus qui – en l'espace de deux ans –n'ont pas abouti à des enquêtes impartiales, indépendantes et transparentes qui seraient nécessaires face à la gravité des violations commises au Yémen. Les 67 organisations signataires de la lettre ont exhorté le Conseil à mettre sur pied une commission d'enquête internationale et indépendante ayant pour mandat d'établir les faits et les circonstances, de recueillir et de conserver les éléments de preuve et de clarifier les responsabilités pour les violations et abus présumés, dans l'optique de faire rendre des comptes à long terme.
« Les pays membres du Conseil ont capitulé par deux fois sous les pressions de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite et ont failli à leur devoir de prendre une position basée sur les principes, alors qu'ils étaient confrontés à de multiples crimes de guerre et à la plus grave crise humanitaire dans le monde », a affirmé John Fisher. « En septembre, ces gouvernements ne doivent pas céder aux pressions politiques mais, au contraire, répondre de manière à mieux porter secours au peuple yéménite et à assurer que le Conseil s'acquitte de son mandat en favorisant transparence et responsabilité quelles que soient les parties impliquées. »
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À lire aussi : lettre aux pays membres du CDH – liste des ONG signataires
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