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(Bujumbura) - La Tanzanie devrait suspendre immédiatement son programme d’expulsion des personnes d’origine rwandaise et burundaise de Tanzanie, et mettre fin aux exactions perpétrées par ses forces de sécurité à l’encontre de ces personnes, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch dans une lettre adressée au Président tanzanien Jakaya Kikwete.

Depuis mai 2006, la Tanzanie a renvoyé quelque 15 000 personnes au Rwanda et plusieurs milliers d’autres au Burundi.

« La Tanzanie a le droit d’expulser les personnes qui se trouvent illégalement sur son territoire mais elle doit procéder à une évaluation au cas par cas », a expliqué Alison Des Forges, conseillère principale à la Division Afrique de Human Rights Watch. « L’expulsion arbitraire de personnes fondée sur leur origine nationale constitue une grave violation du droit international ».

Le gouvernement tanzanien fait valoir que l’opération vise à réduire le nombre d’immigrés en situation irrégulière dans le pays. Pourtant, les autorités tanzaniennes ont également expulsé des personnes naturalisées tanzaniennes, des réfugiés enregistrés qui vivent dans des camps de réfugiés, ainsi que des personnes qui semblent pouvoir prétendre valablement à l’asile mais résident en dehors des camps. Certains vivent en Tanzanie depuis des dizaines d’années ou y sont nés et n’ont jamais vécu ailleurs. Selon les responsables tanzaniens, l’opération vise un total de 60 000 personnes d’origine rwandaise et un nombre non encore précisé de Burundais de souche.

Selon les témoignages recueillis par Human Rights Watch, les soldats, les policiers et les milices ont battu et menacé des personnes qu’ils voulaient expulser et ils ont pillé et détruit leurs biens. Dans certains endroits, ces rafles ont eu pour résultat de séparer les parents de leurs enfants ; des nourrissons ont même été séparés de leurs mères. Qui plus est, la police a confisqué et détruit des documents prouvant que les personnes visées étaient naturalisées tanzaniennes.

Le gouvernement tanzanien a omis d’avertir opportunément ses homologues rwandais et burundais ou les agences humanitaires à propos des expulsions, empêchant ainsi de prodiguer rapidement une aide aux nouveaux arrivants. Beaucoup d’expulsés vivent aujourd’hui dans la misère, ils manquent de nourriture, de bois à brûler et ne disposent pas d’abri, tandis que les gouvernements et les agences se démènent pour répondre à leurs besoins.

Certaines personnes refoulées ont pu retourner dans leurs familles et dans des communautés qu’elles connaissent, mais des milliers d’autres au Rwanda, et quelque trois cents au Burundi, vivent encore dans des camps, dans des conditions précaires, car elles n’ont ni terres ni famille où retourner.

Human Rights Watch a exhorté le Président Kikwete à faire en sorte que le cas de toutes les personnes susceptibles d’être expulsées soit passé au crible méthodiquement, dans le respect du droit à des procédures équitables, et ce de préférence conjointement avec le personnel du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Ceux qui, suite à l’examen équitable de leur cas, seront identifiés comme ne résidant pas légalement en Tanzanie devraient être renvoyés vers leurs pays d’origine dans la dignité, sans être séparés de leurs proches ou privés de leurs biens.

« La Tanzanie est depuis longtemps admirée pour la générosité dont elle fait preuve en tant que pays d’accueil à l’égard des réfugiés de la région des Grands Lacs », a déclaré des Forges. « Ces expulsions et leur brutalité ternissent cette réputation et mettent en danger des personnes vulnérables ».

Afin de lire la lettre adressée par Human Rights Watch au Président tanzanien Jakaya Kikwete, veuillez consulter: https://www.hrw.org/french/docs/2007/05/07/tanzan15868.htm

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