Le matin du 15 avril 2023, les habitants de Khartoum, la capitale du Soudan, se sont réveillés avec le choc provoqué par l’éclatement des combats dans leur ville, qui se sont rapidement étendus à d'autres régions du pays.
Deux ans plus tard, la guerre au Soudan entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR) et une multitude de groupes armés et de milices alliés à ces forces a conduit à la plus grande crise humanitaire au monde.
Selon les estimations, 12,9 millions de personnes ont fui leur foyer, la moitié de la population du pays est confrontée à une famine aiguë qui continue de se propager.
D'innombrables exactions ont été commises par toutes les parties impliquées, brisant la vie de dizaines de millions de personnes, tandis que des dizaines de milliers de civils ont été tués.
Depuis le début du conflit au Soudan, nous avons tiré la sonnette d'alarme à propos de la crise, encore et encore, et souligné l'incapacité de la communauté internationale à y répondre.
Alors que la guerre fait rage et que certaines personnes déplacées retournent à Khartoum, des images confirment la destruction massive des infrastructures civiles : « Nous sommes revenus à Khartoum pour la trouver en ruines. Nous avons découvert que les gens utilisaient un terrain de jeu à proximité comme cimetière parce qu'ils ne pouvaient pas enterrer correctement leurs proches », a témoigné une femme auprès de HRW.
Pendant ce temps, les civils sont toujours la cible d’attaques. Cet anniversaire sinistre a lieu alors que des attaques horribles se déroulent à El Fasher et dans le camp de déplacés de Zamzam, où environ un demi-million de personnes sont hébergées et où la famine sévit depuis août.
Ce désastre avait été annoncé par de nombreuses personnes. Aujourd'hui, les dirigeants mondiaux se réunissent à Londres pour une conférence sur la situation catastrophique au Soudan, co-organisée par le Royaume-Uni, l'Union européenne, la France et l'Allemagne.
Ils devraient agir de toute urgence pour contenir les forces abusives qui attaquent les civils à El Fasher et dans les environs. Plus généralement, HRW a trois recommandations clés :
- Les dirigeants devraient agir pour protéger les civils, notamment en déployant une mission de protection des civils, et garantir l'acheminement de l'aide humanitaire en toute sécurité et sans entrave.
- L'embargo sur les armes actuellement en vigueur au Darfour doit être étendu au reste du Soudan. L'ONU devrait également demander des comptes aux auteurs de violations de cet embargo, puisque les parties belligérantes auraient apparemment acquis de nouveaux équipements de fabrication étrangère.
- L'impunité des crimes commis au Soudan a conduit les forces belligérantes à commettre des crimes encore plus graves. Les initiatives pour la justice déployées par le biais de diverses voies internationales et nationales devraient être encouragées par tous les pays concernés.
Étant donné l'ampleur des morts et des souffrances – illustrée par les événements de ce week-end à Zamzam – il faut agir.
Les gouvernements peuvent – et devraient – soulager une partie des souffrances du Soudan.