(Beyrouth) – L’emplacement d’une fosse commune à Damas, en Syrie, et les déclarations des habitants de ce quartier suggèrent que cette zone est une scène de crimes de masse et qu’elle a peut-être été le théâtre d’autres exécutions sommaires, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Des chercheurs de Human Rights Watch se sont rendus sur le site dans le quartier de Tadamon, au sud de Damas, les 11 et 12 décembre, et ont découvert des dizaines de restes humains sur le lieu d’un massacre perpétré en avril 2013 et éparpillés aux alentours. Les autorités de transition syriennes devraient d’urgence prendre des mesures pour sécuriser et préserver les preuves matérielles des graves crimes internationaux commis par l’ancien gouvernement, sur ce site et ailleurs dans le pays.
« Sans efforts immédiats de la Syrie et de la communauté internationale pour sécuriser et préserver les sites probables de crimes de masse en vue d’exhumations et d’enquêtes médico-légales coordonnées, il existe un risque sérieux que des preuves requises pour la reddition de comptes soient perdues », a déclaré Hiba Zayadin, chercheuse senior auprès de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les proches des personnes si brutalement tuées ici méritent de savoir ce qui leur est arrivé. Les victimes méritent que des comptes soient rendus. »
Human Rights Watch a confirmé l’emplacement exact de la fosse commune après avoir vérifié et géolocalisé une vidéo précédemment divulguée, prise en avril 2013, montrant des exécutions sommaires par les forces gouvernementales syriennes et des milices affiliées. Après la chute du gouvernement Assad, les chercheurs de Human Rights Watch se sont rendus sur le site, afin de tenter de documenter cet incident.
Les chercheurs ont retracé les derniers instants des 11 victimes aux yeux bandés montrées dans la vidéo, qui ont toutes été abattues à bout portant et poussées dans la fosse creusée à la machine, aux côtés des corps de 13 autres personnes. Les chercheurs de Human Rights Watch ont également recueilli le témoignage d’un habitant du quartier qui a déclaré qu’un groupe paramilitaire pro-gouvernemental l’avait forcé, ainsi que d’autres habitants, à enterrer des corps dans des fosses creusées à l’avance et à creuser des tunnels dans cette zone, en 2015 et 2016.
Sur le site, les chercheurs ont trouvé des restes humains, notamment des dents et un crâne, une mâchoire, une main et des os du bassin, dans la terre et dans un sac récupéré par les habitants. Des restes humains étaient également éparpillés sur le sol des bâtiments à côté de la fosse commune, ce qui conduit les chercheurs à conclure que d’autres personnes ont très probablement été tuées ou enterrées au même endroit. Human Rights Watch n’a pas pu confirmer si les restes retrouvés sont ceux des victimes de la vidéo, ni si d’autres corps y sont enterrés. On ignore si des corps ont été emportés hors de la zone, ni dans quelle mesure.
Des habitants de Tadamon ont déclaré que les exécutions dans ce quartier étaient courantes. Lors d’entretiens en 2022, ils ont décrit au moins 10 autres cas d’exécutions sommaires entre août 2012 et janvier 2014 à Tadamon, Daraya, Moadamiya et dans les zones environnantes. Ces éléments suggèrent que d’autres corps ont été enterrés dans et autour de la zone. La région a également été le théâtre d’affrontements armés entre les forces gouvernementales syriennes et les combattants de l’opposition affiliés à l’Armée syrienne libre (ASL) à de nombreux moments entre 2012 et 2013.
Human Rights Watch a commencé à enquêter sur le massacre en octobre 2021, après avoir reçu une vidéo découverte par un membre d’une milice syrienne sur un ordinateur portable et remise à Annsar Shahhoud et Uğur Ümit Üngör, chercheurs à l’Université d’Amsterdam et à l’Institut NIOD pour les études sur la guerre, l’Holocauste et le génocide à Amsterdam, ainsi qu’à ARD, une chaîne de télévision publique allemande.
« Cette vidéo, filmée par les tueurs eux-mêmes qui riaient en abattant leurs victimes, montre le profond mépris qu’affichait le gouvernement syrien à l’égard de la vie des gens », a déclaré Hiba Zayadin. « Ce massacre n’est qu’un incident horrible dans une série de violences d’État et de crimes de guerre apparents. »
Suite du communiqué en anglais.
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