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Myanmar : Les abus de l’armée contre les civils s'intensifient

Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait imposer un embargo sur les ventes d’armes et des sanctions portant sur le carburant pour avions

Décombres d'une école à Namsham, dans l'État de Shan dans l’est du Myanmar, suite à des frappes aériennes menées par l’armée du Myanmar le 9 janvier 2024.   © 2024 Privé

(Bangkok, 31 janvier 2024) – La junte militaire du Myanmar mène de plus en plus de frappes aériennes illégales tuant ou blessant des civils dans le cadre de ses opérations militaires contre une coalition d’opposition et de groupes armés ethniques, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les gouvernements qui fournissent des transferts ou une assistance en armes ou en matériel aux forces de la junte risquent d’être complices de crimes de guerre.

Trois ans après le coup d’État du 1er février 2021, les abus généralisés et systématiques commis par la junte contre la population – notamment des arrestations arbitraires, des actes de torture, des exécutions extrajudiciaires et des attaques indiscriminées contre des zones civiles – constituent des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre. En 2023 par exemple, des enquêtes de Human Rights Watch ont révélé que les frappes aériennes illégales menées par l’armée dans la région de Sagaing et dans l’État de Kachin constituaient manifestement des crimes de guerre.

« Les gouvernements préoccupés devraient faire davantage pour limiter la capacité de la junte à commettre de graves violations des lois de la guerre », a déclaré Elaine Pearson, directrice de la division Asie à Human Rights Watch. « Les pays membres des Nations Unies devraient exhorter le Conseil de sécurité de l’ONU à imposer un embargo sur les ventes d’armes au Myanmar, ainsi que des sanctions portant sur le carburant pour avions, qui facilite les attaques aériennes illégales contre des civils. »

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a déclaré le 30 janvier que la détérioration de la situation des droits humains au Myanmar était désormais en « chute libre ».

Le Canada, l’Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis ont imposé et élargi leurs sanctions depuis le coup d’État, mais les sanctions portant sur le carburant pour avions ont été inégales.

Le Canada est le seul pays à avoir imposé une « interdiction d’exporter, de vendre, de fournir ou d’expédier du carburant d’aviation au Myanmar ». En 2023, l’UE, le Royaume-Uni et les États-Unis ont également adopté des sanctions visant les acteurs privés fournissant du carburant, des armes et des fonds au Myanmar. Toutefois, cinq compagnies d’assurance britanniques continuent de couvrir les livraisons de carburant d’aviation au Myanmar.

Les gouvernements de la région n’ont pas envoyé de message clair à la junte du Myanmar concernant les violations persistantes des droits, a déclaré Human Rights Watch. Le Laos, en tant que pays qui préside en 2024 l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), devrait inciter les autres pays membres de l’ASEAN à adopter une approche plus ferme qui fasse pression sur la junte pour qu’elle mette fin à ses abus, et supprime les restrictions sur l’aide humanitaire.

L'Union européenne, dont les ministres des Affaires étrangères rencontreront ceux de l'ASEAN le 2 février, devrait exhorter les pays membres de l'ASEAN, en particulier la Thaïlande et Singapour, à coopérer pour faire appliquer les sanctions dans leurs juridictions.

Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait donner suite de manière significative à sa résolution de décembre 2022 sur le Myanmar en imposant un embargo sur la vente d’armes, ainsi que de carburant pour avions, et renvoyer la situation de ce pays devant la Cour pénale internationale. La Russie et la Chine, qui se sont toutes deux abstenues lors du vote de la résolution de 2022, ne devraient pas bloquer des mesures plus strictes de la part du Conseil.

La Russie et la Chine ont continué de vendre des armes à la junte birmane depuis le coup d’État de 2021, selon le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme au Myanmar.

« Les habitants du Myanmar souffrent depuis des années sous la junte, qui ne se soucie guère d’eux », a observé Elaine Pearson. « Une réponse internationale plus forte demeure nécessaire pour faire pression sur l’armée, afin qu’elle mette fin aux abus. »

Texte complet en anglais : en ligne ici.

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