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Au Canada, un vote historique exhorte une province à cesser d’emprisonner des migrants

Le Conseil municipal de Vancouver demande à la Colombie-Britannique de rompre le contrat qui donne à une agence fédérale le droit d’incarcérer des personnes migrantes

Une grande ville canadienne a pris une mesure historique afin d’aider à protéger les droits des personnes migrantes et des demandeurs d’asile.

Le conseil municipal de Vancouver a voté à l’unanimité mercredi pour exhorter la province de la Colombie-Britannique à mettre fin au contrat qui autorise le gouvernement fédéral à y détenir des migrants par le biais de son Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). C’est la première fois qu’une ville canadienne adopte une telle résolution.

Lors de l’audience, les responsables municipaux se sont entretenus avec Human Rights Watch, Amnesty International, la British Columbia Civil Liberties Association et Rainbow Refugee.

Ils ont également entendu Abdelrahman Elmady et Sara Maria Gomez Lopez, qui ont été détenus après leur arrivée au Canada pour y demander l’asile.

Atteint de déficience auditive et père de deux garçons, Abdelrahman a raconté aux conseillers son emprisonnement en Colombie-Britannique sans inculpation : « J’ai été menotté et enchaîné. J’ai été dépouillé de mes possessions, y compris les piles rechargeables de mes appareils auditifs. […] Ma confiance dans le Canada s’est effondrée et j’étais seul, en prison et plongé dans le silence. »

Sara a également été arrêtée après avoir fait une demande d’asile en Colombie-Britannique. « Je n’ai jamais compris pourquoi l’ASFC m’a incarcérée dans une prison de province à sécurité maximale », a-t-elle témoigné. « Je suis devenue une détenue, un numéro, une personne sans visage. »

Aujourd’hui, Sara travaille comme superviseure des activités de sensibilisation et d’accueil au sein de l’Association de Vancouver pour les survivants de la torture (Vancouver Association for Survivors of Torture, VAST), où elle apporte soutien et réconfort aux demandeurs d’asile et aux nouveaux arrivants. « Je crois en un Canada meilleur », a-t-elle affirmé aux conseillers.

Ces derniers ont adopté la motion à l’unanimité. Jean Swanson, qui l’a présentée, a observé : « Ce sont probablement les 45 minutes les plus fortes que j’ai vécues ici au sein de ce Conseil. »

Illustration pour le rapport de Human Rights Watch

Campagne visant l'annulation des contrats qui autorisent la détention de personnes migrantes dans des prisons provinciales au Canada.

Site de la campagne

Au cours des cinq dernières années, strictement pour des raisons relatives à leur immigration, l’ASFC a incarcéré des centaines de personnes dans les prisons provinciales de la Colombie-Britannique, y compris dans des établissements à sécurité maximale. Elles sont le plus souvent détenues parce qu’un agent de l’ASFC estime qu’elles ne se présenteront peut-être pas dans le cadre de la procédure d’immigration ou de demande du statut de réfugié. En détention, elles sont régulièrement menottées, enchaînées et détenues avec peu ou pas de contact avec le monde extérieur. Les migrants détenus peuvent être détenus des mois ou des années durant, sans fin en vue.

Depuis le lancement de la campagne #BienvenueAuCanada en 2021, les autorités locales de la Colombie-Britannique ont entrepris de réexaminer leur contrat de détention des immigrants avec l’ASFC, une réévaluation qui devrait être finalisée ce mois-ci. En mai, une coalition d’organisations canadiennes en faveur de la justice sociale, formées d’activistes et de représentants du monde académique et des communautés concernées a lancé une campagne de 14 jours pour appeler la Colombie-Britannique à rompre son contrat.

Maintenant que cette motion a été votée par le conseil municipal de Vancouver, il est temps pour le gouvernement provincial d’annuler ce contrat.

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