En cette année durant laquelle les atrocités commises par l'armée du Myanmar sont monnaie courante, des informations crédibles faisant état du massacre de 11 personnes, dont 5 enfants, ligotées, abattues puis brûlées, ont suscité horreur et indignation.
Des photos et des vidéos diffusées en ligne montrent les restes des victimes dans le village de Don Taw, dans la région de Sagaing, au nord-ouest du Myanmar. Des villageois revenant de leur cachette après avoir fui un raid militaire ont utilisé leurs téléphones portables pour filmer les restes calcinés, le 7 décembre 2021. Les médias locaux ont rapporté que les forces de sécurité gouvernementales ont commis ces meurtres en représailles à une attaque menée plus tôt dans la matinée par une milice anti-junte.
Les Nations unies ont publié une déclaration dans laquelle elles se disent "consternées et alarmées par l'escalade des graves violations des droits humains au Myanmar".
Mais les meurtres - et le fait de brûler les corps - portent toutes les marques de l'armée du Myanmar. Des décennies d'impunité pour les pires crimes ont créé les conditions permettant aux soldats de commettre effrontément de telles atrocités sans craindre d'être tenus pour responsables.
Human Rights Watch a précédemment documenté les campagnes de terre brûlée menées par l'armée du Myanmar dans les zones de minorités ethniques des États Kachin et Karen, et dans l'État Rakhine contre les populations ethniques Rohingya et Rakhine.
L'armée du Myanmar déploie à présent ces tactiques dans la région de Sagaing, commettant des atrocités contre les civils en réponse aux attaques des Forces de Défense Populaires (PDF) contre les forces de sécurité. De mai à août, des massacres ont été signalés dans des villages du canton de Kani, avec des dizaines de civils tués au cours d'une série d'incidents.
En septembre, l'armée a également été impliquée dans des massacres contre l'ethnie Yaw dans le canton de Gangaw et ailleurs dans la région de Magwe.
Les gouvernements concernés devraient imposer des gels d'avoirs afin de réduire les flux de revenus vers l'armée du Myanmar. Mais ils devraient également faire pression sur le Conseil de sécurité des Nations unies pour qu'il renvoie la situation au Myanmar devant la Cour pénale internationale. Les procureurs de nombreux pays peuvent également utiliser le principe juridique de la compétence universelle pour traduire en justice les commandants militaires impliqués dans des crimes de guerre et autres abus. C'est ce qui s'est passé récemment en Argentine, où un tribunal national va enquêter sur les crimes commis par l'armée contre les Rohingyas. C'est le premier tribunal à entendre directement les victimes rohingyas elles-mêmes.
Ce dernier massacre montre que l'armée du Myanmar intensifie sa campagne de terreur. En l'absence d'efforts internationaux urgents et coordonnés pour mettre un terme aux abus des militaires, de nouvelles atrocités sont à craindre dans l'année à venir.
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