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Myanmar : Aung San Suu Kyi condamnée à 4 ans de prison

Il s’agit du premier verdict rendu dans le cadre d’une longue liste d’accusations fabriquées de toutes pièces

Aung San Suu Kyi photographiée à Naypyidaw, au Myanmar le 19 septembre 2017. Trois ans et demi plus tard, en février 2021, elle a été arrêtée lors du coup d’État militaire perpétré dans ce pays. © 2017 Reuters

Mise à jour : Le 6 décembre 2021, la junte a annoncé qu'elle réduisait les peines d'Aung San Suu Kyi et de Win Myint de quatre à deux ans. Elle a également annoncé qu'ils seraient "détenus à l'endroit actuel pour les deux années d'emprisonnement restantes".

(Bangkok, le 6 décembre 2021) – La junte militaire qui gouverne le Myanmar devrait immédiatement annuler le verdict prononcé le 6 décembre à l’encontre d’Aung San Suu Kyi, condamnée à quatre ans de prison, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. La dirigeante de facto du Myanmar avant le coup d’État militaire de février, âgée de 76 ans, a été déclarée coupable d’incitation au désordre et de violation des restrictions imposées pour lutter contre le Covid-19. Elle est en outre sous le coup de 10 autres inculpations, toutes inspirées par des motifs politiques, notamment pour possession sans licence de walkie-talkies, corruption et fraude électorale, lesquelles la rendent passible d’un total de plus de 100 ans de prison. Le président déchu lors du coup d’État, Win Myint, a également été condamné à quatre ans de prison.

L’armée a arrêté Aung San Suu Kyi, présidente de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti alors au pouvoir, le 1er février, en même temps que d’autres responsables de haut rang, dans la capitale, Naypyidaw, tout en annulant les résultats des élections démocratiques qui s’étaient tenues en novembre 2020, et a installé une junte au pouvoir sous un régime d’« état d’urgence » proclamé pour les besoins de la cause. Aung San Suu Kyi n’a pas comparu en personne devant un tribunal avant le 24 mai. Son procès a commencé le 14 juin. Le tribunal spécial de Naypyidaw est resté interdit d’accès à tous les journalistes et observateurs et son équipe de défense s’est vu interdire de s’exprimer sur son dossier.

« Le verdict de culpabilité contre Aung San Suu Kyi était prévisible dès que l’armée du Myanmar l’a arrêtée le 1er février, et l’on peut s’attendre à l’avenir à une cascade de nouveaux verdicts dénués de tout fondement et assortis de nouvelles condamnations », a déclaré Brad Adams, directeur de la division Asie à Human Rights Watch. « La junte se sert de ces procédures judiciaires truquées pour anéantir toute opposition à la dictature des militaires. Et pourtant depuis le coup d’État et l’arrestation de Suu Kyi, des millions de citoyens sont descendus dans les rues pour manifester en faveur de la liberté et de la démocratie. »

Les forces de sécurité du Myanmar ont tué plus de 1 200 personnes depuis le coup d’État, en ont arrêté plus de 7 500 et ont torturé et violé des détenus. Les abus généralisés et systématiques commis par la junte équivalent aux crimes contre l’humanité de meurtre, de disparition forcée, de torture, de viol et autres violences sexuelles, de privation sévère de liberté et d’autres actes inhumains causant de grandes souffrances.

La junte a emprisonné des milliers de manifestants, d’activistes, de journalistes et d’autres personnes, sous des accusations qui sont aussi injustes que celles retenues contre Aung San Suu Kyi, a déclaré Human Rights Watch. Le verdict prononcé à son encontre devrait rappeler aux gouvernements étrangers la nécessité d’adopter d’urgence des mesures destinées à faire pression pour obtenir la remise en liberté de quiconque est arbitrairement détenu et pour traduire les chefs de la junte en justice.

« La junte devrait libérer sans conditions Aung San Suu Kyi et toutes les autres personnes contre lesquelles des chefs d’accusation basés sur des motifs politiques ont été retenus », a affirmé Brad Adams. « Le fait que les militaires ont tout d’abord fait disparaître Suu Kyi, la personne la plus célèbre du pays, en dit long sur la brutalité et l’injustice que doivent endurer les détenus qui ont peu ou pas du tout de notoriété. »

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